Chapitre 6

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TW : Si vous êtes sensible ne lisez pas cet épisode !
Les yeux bouffis, je relève la tête de l'épaule de mon ami sans pour autant le regarder en face. Je me rappelle encore de ces doigts se glissant sur mon corps, trop paralysé pour se défendre. De ma chair salie par son toucher et de mes oreilles par ses pensées perverses. Pourquoi n'ai-je pas pu me défaire de son étreinte empoisonnante ? Est-ce que je parviendrai à tirer un trait sur cet événement plus que traumatique ? Ou suis-je condamnée à vivre avec ses pensées tourbillonnantes dans ma tête ? Alex me regarde longuement en silence. Je me lève lentement et pars en direction de ma chambre. Il ne me retient pas. Je tombe sur le lit et essaie de m'endormir mais impossible. Ma tête est pleine à craquer de pensées qui ne me quitteront jamais. Une énième question vient s'ajouter aux autres. Que vais-je faire pour mon travail ? Il est bien rémunéré et je ne pourrais pas en retrouver un aussi facilement.

A force de questionnement tournant en boucle, je m'endors, épuisée de ces derniers temps. Mais même dans mon sommeil, je ne suis pas laissée tranquille, les cauchemars revenant inlassablement me hanter. Ils s'infiltrent en moi et me dévorent comme un poison inarrêtable et irrémédiable. Ils me font tourner en rond et me rongent, me réveillent puis s'arrêtent pour mieux revenir lorsque je trouve ne serait-ce qu'un peu de sommeil. Je finis par me réveiller complétement aux alentours de 2h du matin et je suis dans l'incapacité de supporter une fois de plus ces mauvais rêves. J'imagine que, quitte à être réveillée, autant être productive. J'attrape mon ordinateur au pied de mon lit et l'allume. J'ai la ferme intention de trouver un nouveau travail, je ne souhaite pas rester une seconde de plus face à mon agresseur.

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Je n'arrive pas à me concentrer sur ma recherche, mes pensées noires me rattrapent. Et si c'était de ma faute ? Je l'ai sans doute provoqué. J'aurais dû faire plus attention ou ne pas aller chez lui. Je le méritais peut-être, après tout, le devoir d'une femme du point de vue de la société n'est-il pas de servir l'homme sans broncher ? Non, évidemment mais quand plus d'un tier des hommes pensent de cette façon, il est difficile de ne pas s'interroger. Je ne sais pas si j'irai porter plainte, puisque j'ai pour seule preuve la drogue de mon verre et que les autorités et la justice sont souvent inefficaces dans ce genre d'affaire, préférant condamner les petits délits d'une quelconque importance afin d'éviter de se pencher sur des sujets trop houleux.

Enfin bref, si je commence à trop penser, ça ne m'apaisera pas plus. Je range mon ordinateur et sors de mon lit, un plaid enroulé autour de moi. Je me dirige vers le salon puis vers le canapé, où je m'étend de tout mon long, avant de saisir la télécommande à bout de bras pour allumer la télévision. La boîte à images s'illumine, me brûle les yeux après être restée trop longtemps dans le noir mais je n'y prête pas vraiment attention. Je met le son au minimum pour ne pas réveiller Alex et je fixe l'écran dans le vague. A vrai dire, j'apprécie ce moment, mon cerveau se déconnecte et la télévision est là pour m'empêcher de penser. Je me laisse juste porter par les bribes de bruits s'échappant de l'appareil situé en face de moi et plonge peu à peu dans un demi sommeil...

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C'est Alex qui me sert de réveil à 6h du matin. La télé est éteinte et le soleil commence à illuminer les perles de rosé délicatement posées sur la flore de l'autre côté de la baie vitrée. Mon ami prépare du café en chantant une petite berceuse russe. Etrangement, ça me rassure de le savoir près de moi dans cette période compliquée.
Il n'empêche pas mes pensées de me nuire mais apporte un soutien émotionnel plus que stable.
Alex m'apporte mon café fumant sur un plateau. Il ne reparle pas de l'incident de la veille et je lui en suis reconnaissante. Je ne peux pas me laisser abattre par ce mauvais moment. Plus facile à dire qu'à faire. Après mon déjeuner pour le moins difficile à avaler, je décide d'aller prendre une douche, j'ai bien trop transpiré cette nuit. Mais en arrivant devant le miroir, c'est là que je le vois...

Maybe she can make me forgetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant