Chapitre 4

23 1 0
                                    

TW : si vous êtes sensibles, ne lisez pas cet épisode !
Mon patron m'attend dans le hall. Il est magnifiquement habillé et à l'air de très bonne humeur.
"-Bonsoir Sara, comment vas-tu ? Je suis ravi de te revoir."
"- Bonsoir monsieur, je vais bien. Ravie de vous revoir également."
"-Je t'en prie, appelles moi Éric. Tu peux aussi me tutoyer, ne faisons pas de mondanités même si nous sommes dans un endroit qui est adapté pour."
Il écarte grand les bras pour mettre en valeur la décoration digne des plus grandes célébrités : moulures au plafond, lustre en cristal taillé, canapés en velours rouge etc..

Je contemple, ébahie, la splendeur du restaurant. Le patron m'invite à monter le grand escalier en marbre pour atteindre la partie salle a manger. Lorsque nous entrons, je m'arrête un instant pour admirer le plafond voûté et ouvert vers la nuit. Je suis le directeur jusqu'à notre table, située à une extrémité de la salle, près d'un grande baie vitrée dirigeant la lune sur nous.
Je m'asseois sur un fauteuil en velours rouge caché par une nappe nacrée, arrivant au bas de la table. Une fois le directeur assis à son tour, il interpelle un serveur d'une vingtaine d'année à peu près, et lui demande le menu.
Plus je consulte les diverses pages du livret, plus je me rend compte que les plats sont hors de prix. Je commande le menu le moins cher, ça me gêne de devoir manger quelque chose d'aussi honéreux.

Nos plats arrivent après un long silence agrémenté de questions banales. Nous commençons à manger et mon chef prend enfin la parole.
"-Alors Sara, tu m'as dit que ce travail en tant que serveuse était ta première expérience professionnelle. Que faisais-tu avant ?"
"-Et bien, ce n'est pas vraiment ma première expérience professionnelle mais je n'ai fait que du baby-sitting et du dogsitting. J'ai fait des études d'art et de design. Ce travail me sert à vivre seulement."
"-Oh oui il est vrai que ce n'est pas la carrière rêvée pour une jeune fille tout juste sortie d'école avec de grandes ambitions."
"-Non en effet.."
Nous continuons à manger en silence puis nous commandons le dessert et une bouteille de vin à emporter. Nous discutons un peu jusqu'à la fin du repas puis le directeur part payer l'addition. Je retourne dans l'entrance. Le patron revient quelques minutes plus tard, sans nul doute avec un porte-monnaie bien allégé.
"-J'ai passé une bonne soirée en ta compagnie Sara mais que dirais-tu de venir boire un verre chez moi afin de trouver une utilité à cette bouteille."
"-Je n'y vois pas d'inconvénient."
J'imagine que l'on doit bien finir cette bouteille et ce n'est pas de refus. Je l'accompagne jusqu'à sa voiture et m'installe du côté passager. Je ne suis pas vraiment surprise qu'il soit au volant d'une berline.
Sur le chemin, une discussion un peu plus animée qu'au début de la soirée naît sur divers sujets. Au bout d'une dizaine de minutes, on arrive devant un somptueux immeuble à vingt étages, ce qui rend le bâtiment vertigineux. M. Eric m'ouvre la porte pour se montrer galant. Je rentre dans le hall, devant trois ascenseurs. Perdue, j'en appelle un et me tourne vers mon patron.
"-Tu peux entrer et appuyer sur le dernier étage."
Le dernier étage, sans doute le plus cher, devait offrir une vue imprenable sur la ville. Et je ne me trompe pas puisqu'en arrivant en haut du bâtiment, à peine ai-je passé les portes que je me retrouve face à une baie vitrée d'environ deux mètres de large et sur toute la hauteur du mur, montrant toute l'activité nocturne de la partie sud de la ville. Les gens sont minuscules, presque invisibles et les voitures ne sont que des points lumineux bougeant au rythme de la nuit. Je reste quelques minutes à contempler le paysage, puis, me rappelant que je ne suis pas chez moi, me retourne pour complimenter le directeur du restaurant. Il m'attend, assis avec deux coupes de vin sur la table basse. Je viens m'asseoir sur le canapé avec lui et il lève son verre de vin et déclare :"-Je lève mon verre à toi Sara pour avoir rejoint le restaurant. Je te souhaite un long moment parmis nous."
Je lève également mon verre et nous trinquons. Je goûte le vin et le trouve très sucré en bouche. Je le bois d'un trait et me ressers. Le directeur ne fait pas de commentaire mais ne se ressers pas. Je constate aussi qu'il n'a quasiment pas touché à son verre. La soirée a été longue, j'imagine qu'il a assez bu et est peut-être fatigué. Je finis mon verre et me lève.
"-Je vais vous laisser Monsieur. Il se fait tard et vous avez l'air fatigué."
"-Oh, mais vous êtes à vingt minutes d'ici, autant que vous dormiez chez moi."
"-C'est très gentil mais je ne veux pas insister."
"-Mais non ! C'est moi qui insiste. Et puis je ne suis pas fatigué, je n'ai juste pas soif. Revient, je ne te laisse partir dans cette état."
Quand il le dit, je remarque seulement que j'ai sans doute trop bu. Pourtant ce n'était que quatre verres. Un voile commence à couvrir mes yeux et je vois trouble. J'entends à peine le patron me demander si ça va et je le voit vaguement s'approcher. Et puis trou noir. Je me réveille, comme si j'émergeais d'un long sommeil. J'entends des mots. Des mots doux mais que je n'arrive pas à distinguer correctement. J'ai l'impression que ma tête va exploser et je me rends compte que je suis quasiment nue. Ma robe n'est plus sur moi et je la voie sur le sol, comme si elle avait été jetée. Quelqu'un est penché sur moi. J'ouvre lentement les yeux pour essayer d'y voir plus clair dans la pénombre et entend à nouveau des mots doux. Et cette fois une main sur ma cuisse. J'ouvre les yeux en grand  et tourne la tête. Mon patron, à quelques centimètres de moi, me parle. Où sont passées sa veste et sa chemise. Pourquoi je me sens si mal.
Il y avait quelque chose. Quelque chose dans le champagne. Je ne me rappelle plus du nom. Je suis droguée n'est-ce pas ?...

Maybe she can make me forgetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant