Chapitre 5

126 32 10
                                    

Avec les préparatifs du mariage, Chan avait été très pris pendant de longues semaines. Bien que d’ordinaire très peu patient, Félix avait réussi à prendre sur lui, l’entrevue qu’il avait eu chez le duc lorsqu’il avait appris cette union surprise l’avait rassurée. Chan allait épouser Mina pour des raisons purement financières et politiques, il n’avait donc pas de soucis à se faire, leur relation pourrait rester la même. Ça n’était pas parce que le duc prenait une femme qu’il allait en oublier son ami et amant. Sans oublier que, après avoir passer un peu de temps avec la jeune femme, Félix avait rapidement pu constater qu’elle ne risquait pas de convenir à son ami. Elle avait l’air bien trop sage et prude pour réussir un jour à le satisfaire sexuellement. Le marquis était bien placé pour le savoir et là dessus, il n’avait aucun doute. Chan attendait probablement que la cérémonie soit passée pour rendre visite à Félix ou pour l’inviter. À bien y réfléchir, ce serait plus simple si c’était le duc qui faisait le déplacement, il se sentirait certainement bien plus à l’aise pour laisser son ami prendre soin de lui comme ils avaient l’habitude de le faire jusque là. Rien que le fait de penser à cette éventualité faisait sourire Félix et lui permettait de prendre son mal en patience.

En attendant, le marquis se concentrait sur les responsabilités que son titre lui incombaient. Le travail ne manquait pas et ses domestiques étaient impressionnés par la diligence avec laquelle leur maître s’affairait à gérer les affaires du marquisat. Certains se demandaient même si le mariage du duc n’allait pas encourager le marquis à suivre son exemple, il était lui aussi en âge de se trouver une épouse et de travailler à procurer une descendance à sa famille.

La date fatidique du mariage du duc de Basir finit par arriver. Félix s’était fait faire un magnifique costume dans un tissu d’un beau violet brodé de nombreuses fleurs dorées. Les imposants boutons de sa veste portaient ses armoiries et il avait fait lustrer ses bottes de cuir. Jisung lui avait conseillé de faire couper ses cheveux afin de rendre sa coiffure plus conformiste mais Félix avait refusé. Il avait fait plaquer ses longues mèches blondes vers l’arrière et tresser celles qui le gênaient sur les côtés et derrière ses oreilles. Il y avait fait insérer quelques chaînettes en or assorties aux broderies de sa tenue et en contemplant son reflet dans le miroir de sa chambre, il sourit. Il se trouvait particulièrement séduisant et il était persuadé que Chan n’aurait d’yeux que pour lui. Sa future et insipide épouse ne ferait pas le poids face à sa beauté, son charme et son charisme naturels.

Lorsqu’il arriva sur les lieux de la cérémonie, Félix fut impressionné par le nombre de personnes qui y avaient été invités. Le mariage du duc de Basir était visiblement un événement attendu de tous et personne n’aurait raté l’occasion de s’y montrer. Félix salua poliment les différents convives qu’il connaissait avant d’accepter une coupe de champagne et de se poster un peu à l’écart. Il n’y avait pas à dire, les décorations, la musique, les compositions florales, rien n’avait été laissé de côté. Si le marquis n’avait pas eu connaissance de l’identité des mariés, il aurait presque pu croire s’être rendu à un mariage princier.

Un prêtre avait fait le déplacement afin de célébrer l’union des mariés dans une partie de l’immense jardin et lorsque Félix aperçut Chan dans sa tenue de cérémonie, son cœur manqua un battement. S’il l’avait toujours trouvé particulièrement séduisant, il devait avouer qu’il l’était encore plus que d’ordinaire. Mis en beauté comme il l’était, vêtu d’un costume blanc, brodé de perles de culture et de pierres bleutées, il était le plus bel homme qu’il avait été donné de voir à Félix.

Il avala difficilement sa salive, il aurait aimé pouvoir traverser la foule et courir se jeter dans ses bras, l’embrasser à pleine bouche comme si le monde autour d’eux n’existait pas. Mais le marquis dut se faire une raison et se contenter de regarder son amant de loin. Après quelques minutes, il réussit à capter son regard dans la foule. Félix lui offrit son sourire le plus charmeur et, vu l'attitude de Chan à cet instant, il se douta qu’il avait fait mouche. Il passa lascivement la langue sur ses lèvres et le duc détourna immédiatement les yeux, il vérifia les plis de sa veste et s’éclaircit la gorge. Félix émit un petit rire, il était satisfait de lui, il avait désormais la conviction que Chan ne pourrait jamais lui refuser quoi que ce soit, marié ou pas.

La vengeance du marquis ~ [EN COURS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant