Chapitre 2

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Le lendemain matin, le réveil fut particulièrement difficile pour Félix. Il avait beau avoir demandé à ses domestiques de le laisser dormir plus longtemps que d’ordinaire, à partir d’une certaine heure, les activités de chacun devait bien commencer et le château devenait trop bruyant pour espérer profiter du pays des rêves jusqu’au zénith. Il grommela en se retournant dans son immense lit. Après sa petite escapade avec Chan, le marquis n’avait rien trouvé de mieux à faire que de noyer sa frustration dans le champagne, tant et si bien qu’il avait désormais l’impression qu’un charpentier s’affairait tel un forcené dans son crâne. 

Il grommela en enfonçant la tête dans l’épais oreiller de satin et termina sur le ventre, enroulé dans les draps. Personne n’était encore venu le déranger, et il avait certainement encore le temps de s’adonner à un petit plaisir en solitaire avant d’avoir à se lever. Il en avait grand besoin, d’abord pour évacuer toute la pression accumulée depuis son entrevue avec le duc, et ensuite pour espérer qu’un orgasme soulagerait en partie son mal de tête.

Félix leva le bassin et ondula une première fois contre le matelas. Un soupir de plaisir fut immédiatement étouffé dans son oreiller. Son érection matinale avait patiemment attendu qu’on s’occupe d’elle et il ne fallut pas longtemps au marquis pour accélérer le rythme. Sa migraine s’était faite oublier et désormais, il n’avait plus en tête que l’image de Chan et de son visage déformé par la jouissance. Il l’imaginait jouir dans d’autres circonstances, par exemple s’il avait un jour l’occasion de lui faire l’amour. Félix se figurait à quatre pattes, où allongé sur le ventre comme il l’était actuellement, Chan derrière lui, le pénétrant avec fermeté et envie, ses larges mains veineuses agrippant ses fesses pour le maintenir en place pendant qu’il allait et venait en lui à un rythme langoureux…

La voix du marquis s’élevait de plus en plus dans la chambre, heureusement atténuée par les plumes d’oie de son oreiller. Son bassin remuait de manière anarchique, sa verge était si dure qu’elle en était devenue douloureuse mais il savait que l’orgasme viendrait vite le soulager. Il le sentait grandir, chauffer, prendre peu à peu de l’ampleur dans son bassin.

— Ah… Chan…

— Monsieur, il est tard !

Félix n’eut pas le temps de profiter de la vague de plaisir. L’orgasme l’avait à peine frappé que son valet s’était manifesté à la porte.

— Putain…

Il avait le souffle court et l'état des draps ne laissait que peu de doutes sur ce qui venait de se passer. Le marquis grommela et se redressa tant bien que mal. Après lui avoir laissé un délai raisonnable, le valet entra. 

— Avez-vous bien dormi monsieur ? dit-il en se dirigeant vers les épais rideaux qui plongeaient encore la chambre dans l’obscurité.

— Pas assez, marmonna Félix de sa voix rauque, je pensais avoir demandé à ce qu’on me laisse dormir.

— Mais il est presque midi monsieur, se justifia l’une des domestiques. Et vous avez des rendez-vous cet après-midi que nous ne pouvons pas reporter.

Assis sur le bord du lit, Félix se massait les tempes, la soudaine luminosité de la pièce avait ravivé son mal de tête qui avait pourtant été provisoirement calmé par son orgasme. On lui apporta son peignoir.

— Merci Jisung, dit le marquis en se laissant habiller.

— Désirez-vous prendre un bain tout de suite ou préférez-vous déjeuner avant ?

— Un bain me fera le plus grand bien, mais par pitié apportez-moi quelque chose pour faire passer cette horrible migraine.

Le dénommé Jisung fit signe à Sana, l’une des domestiques présentes, de s’en occuper. Il jeta ensuite un coup d'œil au lit et s’adressa à une autre personne.

— Les draps ont besoin d’être changés. Et qu’on fasse couler le bain de monsieur.

— Tout de suite.

Personne ne fit la moindre remarque sur quoi que ce soit, personne n’avait à le faire de toute façon, et personne n’oserait jamais.

— Vous avez eu la main lourde avec le champagne… marmonna Jisung pour lui-même.

Il aidait Félix à avancer jusqu’à la salle de bain, il était à son service depuis des années et le marquis n’avait que peu de secrets pour lui. Et tout ce qu’il ne souhaitait pas partager avec lui, son valet le devinait facilement, mais si son maître ne lui en faisait pas part, il se doutait qu’il ne serait pas bien vu de sa part que d’aborder de tels sujets.

— Il me fallait bien ça pour m’occuper, cette soirée était d’un ennui mortel.

— N’y avez-vous pas retrouvé des amis ?

— Quelques-uns, mentit Félix, mais le comte de Chanin a cherché à impressionner tout ce petit monde, pourtant c’était d’un barbant…

Il se laissa tomber sur le siège face à la coiffeuse, ses doigts pianotaient nerveusement sur le dessus du meuble en bois laqué.

— Ça vient ce thé ?

— Voilà, voilà, haleta Sana en revenant avec une tasse fumante, cela devrait faire l’affaire.

— J’espère bien, j’ai l’impression qu’on cogne avec un marteau là-dedans.

Il s’empressa d’avaler la mixture et fit la grimace en sentant le goût amer se répandre dans sa bouche. L’eau du bain était en train d’être versée et on la parfumait de diverses fleurs et huiles.

— Dois-je faire préparer votre déjeuner ?

— Oui, je le prendrai après mon bain.

— Bien monsieur.

Félix se laissa déshabiller et s’installa ensuite dans l’eau trouble. Il vida tout l’air de ses poumons et ferma les yeux.

— C’est quoi ces rendez-vous déjà ?

Jisung s’approcha pour mieux se faire entendre. Pendant ce temps, Sana attrapa l’éponge et le savon et commença à s’occuper des cheveux et du dos de son maître.

— Madame Lafleur, la couturière, pour vos nouveaux costumes. Et il y a aussi le peintre, vous savez pour ce tableau que vous avez réclamé ?

— C’est aujourd'hui ? râla Félix.

— Oui, cela fait déjà deux fois que le rendez-vous est décalé à cause d’affaires plus urgentes. Il est très demandé vous savez, alors j’ai peur que si vous ne faites pas d’efforts, il sera difficile de le voir avant plusieurs mois.

— Bien, bien…

Au moins, il s’agissait de rendez-vous durant lesquels le marquis n’aurait pas grand-chose à faire. Perdu dans ses pensées, il profitait du massage que lui offrait sa domestique, il repensait à Chan, il avait très envie de le revoir. Cependant il n’avait aucune excuse pour le faire venir, ni pour se rendre au duché. Il allait devoir prendre son mal en patience et attendre le prochain bal ou la prochaine invitation mondaine. Quoi que… Peut-être que s’il se montrait patient, le duc se manifesterait de lui-même ? Félix savait s’occuper de lui comme il se devait, il était certain que son ami ne tiendrait pas longtemps sans ses petites faveurs et autres gâteries buccales… Il n’avait pas de soucis à se faire, il était persuadé que Chan serait le premier à craquer.

Un sourire satisfait étira ses lèvres.

— Le thé vous a fait du bien ? demanda Jisung.

Félix entrouvrit un œil, tiens ? Sa migraine semblait avoir disparu.





***


Voilà pour le chapitre 2 !
Vous avez un peu découvert le caractère de Félix 🤣
J'espère qu'il vous a plu, à la semaine prochaine 😉

La vengeance du marquis ~ [EN COURS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant