Chapitre 4: Les choses se compliquent

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La cloche retentit. Le professeur effaça le tableau et les élèves s'empressèrent de ranger leurs affaires, attendant impatiemment l'autorisation de quitter la salle. Victor Stabil se retourna, sourit et les invita à rentrer chez eux. Âgé d'une cinquantaine d'années, les cheveux mi-longs, la barbe naissante, de grands yeux noirs qui lui conféraient à tord un air sévère, Victor Stabil était l'enseignant le plus apprécié du lycée et ses cours de sciences passionnaient les élèves. Il faut dire qu'il ne lésinait pas sur les moyens et n'hésitait pas les expériences les plus spectaculaires, comme les récits les plus incroyables pour corroborer les lois physiques. Sa devise,« Ne croyez pas ce que l'on vous dit ou ce que l'on vous montre, croyez ce que vous pouvez vérifier par vous-même », était sur toutes les lèvres des étudiants, qui trouvaient dans ces propos matière à contester les dires du corps professoral...
L'un des élèves de terminal, frappa à la porte. Il souhaitait lui faire part de son travail, concernant une nouvelle combinaison moléculaire, qu'il aurait découverte.
Guyane se passionnait uniquement pour les sciences, au grand désespoir de sa mère, professeur de Français dans ce même établissement. Il vouait une grande admiration à son professeur de physique et prenait un plaisir fou à l'écouter, lorsque sa mère l'invitait pour dîner en compagnie d'autres enseignants, même quand ce dernier se lançait dans des critiques acerbes contre le gouvernement et en particulier sur sa politique écologique...
- Elle sert principalement à cacher les innombrables irrégularités du parti en place, comme ces centrales atomiques, installées par les dirigeants de certaines nations puissantes, sur le sol des Etats tiers... Ils se moquent des conséquences pour l'environnement, du moment qu'elles ne touchent pas leur terre... L'écologie doit se traiter au niveau mondial. Malheureusement, les gouvernements des principales puissances, ne se soucient visiblement que de leurs « Petits jardins »...
Au cours de repas, où il buvait un peu plus que raisonnable, le professeur Stabil parlait de complot.
- Derrière les fausses promesses d'une association concernant l'aide humanitaire, se cache des intentions beaucoup moins nobles, avec entre autres, le projet de redistribuer les richesses de la planète à leur bon vouloir...
Il annonçait même le lancement d'une véritable conquête spatiale, orchestré par l'armée privée de cette organisation.
- L'Alliance n'hésite pas à ordonner l'extermination de peuplades extra-terrestres dont le commun des mortels d'ailleurs, ignore l'existence, pour réaliser d'énorme profit et asseoir définitivement sa position sur la Terre...
Les convives rigolaient de ces histoires rocambolesques, pas le lycéen. Au cours du repas qui épongeait progressivement le trop-plein d'alcool et devant le scepticisme des convives, il se reprenait en assurant qu'il s'agissait d'une farce. Son dégoût pour les chefs d'État lui faisait dire n'importe quoi... Pourtant Guyane voyait dans son regard qu'il ne plaisantait pas...
Le professeur donna un bout de craie à Guyane et l'écouta démontrer sa formule. Une fois celle-ci terminée, il lui expliqua l'impossibilité d'associer telles et telles molécules. Guyane quelque peu déçu, promit de travailler sur une autre combinaison dès qu'il aurait un peu de temps libre. Les examens de fin d'année approchaient et il devait réviser. Les maths et la physique ne lui posaient aucune difficulté. Il attendait d'ailleurs avec une certaine impatience les épreuves. Malheureusement, la philosophie et les langues l'angoissaient. Guyane plaisanta en proposant la création d'un diplôme uniquement scientifique, cela résoudrait tous ses problèmes et il serait à coup sûr diplômé et pourrait réaliser son rêve, à savoir travailler à l'étude de l'univers. Victor Stabil le regarda avec des yeux remplis de tendresse, il voulut lui parler, puis se ravisa et se contenta de sourire. Ils en restèrent là, le professeur raccompagna son élève jusqu'à la porte, en lui souhaitant une bonne fin d'après-midi. Guyane le remercia et prit congé. L'enseignant effaça le tableau, rangea ses affaires, ouvrit l'armoire métallique, dans laquelle se trouvaient ses effets personnels, saisit son blouson et sa sacoche, puis quitta la salle. Il descendit les escaliers menant dans le grand hall du rez-de-chaussée et sortit de l'établissement. Une fois sur le parking, il appuya sur le digicode de l'antivol de sa moto , récupéra son casque encastré sous la selle, s'installa sur son véhicule et démarra. Après être sorti de la zone universitaire, il abandonna la route qui déclinait de la petite colline, pour retrouver la voie rapide, longeant le bord de mer. Son téléphone sonna, grâce à la fonction Bluetooth de son casque, il répondit immédiatement. La communication était codée. Son correspondant,Troussier l'attendait au Mégacafé du centre de la cité secondaire trente-trois.
L'appel ne dura que neuf secondes, temps insuffisant pour être localisé... Victor Stabil semblait soucieux et se demandait la raison de cette visite. Habituellement il se voyait la nuit et dans des endroits isolés... Il fit demi-tour, vérifia dans ses rétroviseurs, que personne ne le suivait et prit la direction de la station balnéaire. Vingt minutes plus tard, le professeur garait sa moto dans le parking sous terrain d'un centre commercial. Il sortit par l'escalier menant derrière la petite place, observa les alentours, puis se dirigea vers la rue piétonne. Troussier patientait au fond de la salle, tout proche de la cuisine. Sans doute pour s'enfuir par l'issue de secours au cas où il serait obligé de quitter précipitamment l'établissement. Grand et maigre, Troussier avait le visage ridé. Son chapeau à fine lanière en cuir lui donnaient l'aspect d'un de ces célèbres aventuriers, dont on relatait les exploits dans les livres. Victor Stabil s'installa en face de lui, le serveur s'approcha pour prendre la commande, ne lui laissant pas le loisir d'entamer la conversation. Le professeur grimaça, il n'était pas venu pour déguster l'une des trente-six marques de bière proposées par l'établissement et commanda simplement un demi pression ordinaire, au grand désarroi de l'employé, pensant avoir à faire à un amateur, impatient de savourer l'une des bouteilles des plus rares brasseurs...
Aussitôt débarrassé du gêneur, Troussier commença ses explications
- Nous avons des informations sur leur prochain départ. Six vaisseaux partiront demain soir et nous devons les en empêcher !
Victor Stabil comprenait mieux à présent l'urgence de la situation et l'absence de précaution, concernant l'entrevue. Il chercha à connaître l'endroit où décollerait les navires, mais son interlocuteur abrégea la conversation.
- Nous passerons te chercher dans six heures avec le stincor. Tiens-toi prêt !
Troussier avait pour habitude de ne jamais dévoiler le lieu où se rendait leur groupe. Cela faisait partie des mesures de sécurité nécessaires au bon déroulement des opérations. Victor Stabil se demanda soudainement comment il justifierait une fois de plus son absence. Ce serait la troisième fois ce trimestre et contenu de l'approche des examens de fin d'année, cela risquait de poser des problèmes. Cependant, il n'avait pas le choix, si cela permettait d'aider ses amis Nicoriens, il se débrouillerait... Les études entreprises, il y a de cela plusieurs mois par les brigades de la nuit, leur apprirent le nom de la planète sur laquelle l'Alliance sévissait. Il s'agissait de Narcor... Victor Stabil prit machinalement l'émetteur dans sa main et se souvint des nombreuses conversations avec Liernos. Il avait fait sa connaissance le vingt juillet 2432, en surfant sur le réseau internet Atlas. Cet individu prétendait faire parti d'un groupe d'habitant d'une planète lointaine, en voyage dans leur univers... Au fil de la discussion, Victor Stabil se laissa convaincre de les rencontrer. Il appris des choses incroyables et retrouva le goût à la vie... Après cette entrevue, il ne voulait plus se cacher et souhaitait prendre un nouveau départ... Il y a quelques semaines, le changement de nuance de l'émetteur confié par Liernos, l'incita à croire à un retour imminent des Nicoriens. Depuis, le boîtier restait désespérément de la même teinte... Mais, ce matin, sa couleur venait de changer, pour se rapprocher d'un rouge plus franc... L'enseignant but d'un trait son verre et quitta le café. Troussier attendit quelques minutes, mit son chapeau et sortit à son tour. Il remarqua, à l'angle de la rue Pirouette, deux hommes arrêtés devant l'entrée d'un Megastore Vétimode. II bifurqua pour prendre le petit passage situé à gauche du Mégacafé, puis récupéra un deuxième, quelques mètres plus loin. Il avait reconnu ce chemin en début d'après-midi, car il soupçonnait la présence d'un un espion dans leur groupe et se sentait menacé... Au bout de quinze minutes et après s'être faufilé par d'innombrables ruelles, il retrouva sa moto, tapa son digicode, ne s'attarda pas à mettre son casque et démarra. Le chef des brigades de be nuit rallia rapidement la voie rapide, mais en regardant dans son rétroviseur, il aperçut deux grosses jeeps noires à phares triangulaires qu'il connaissait trop bien !
Les 4x4 gagnaient du terrain et bien qu'il actionnât le turbo, grâce au bouton, situé à gauche de la manette des gaz, il ne les distança qu'une poignée de secondes, car les jeeps se rapprochèrent de nouveau dangereusement à la faveur de leurs puissants moteurs. Troussier quitta alors la route cimentée pour rouler sur la plage de galets, bordant la mer. Il freina brusquement, partit en dérapage contrôlé, lâcha d'un seul coup la moto, qui termina son trajet contre un gros rocher, puis courut se jeter à l'eau. Un petit submar apparu, le toit s'entrouvrit et une personne l'aida à monter à bord. Quelques secondes plus tard, le submersible disparut sous l'eau. Les 4X4 eurent beau accélérer sur les galets, après avoir défoncé les rambardes de sécurités, elles arrivèrent trop tard pour intercepter Troussier. Six hommes vêtus d'uniformes, au blason de l'armée de terre de l'État dix-sept, sortirent du premier véhicule. L'un deux frappa violemment avec son pied dans les cailloux, remonta dans la jeep et arracha l'écusson scratché sur sa chemise. Le chauffeur s'adressa alors à ses compagnons.
- Ce sera pour bientôt ! On l'aura, lui et tous les autres

*
Victor Stabil n'avait pas été suivi. Il rejoignit la route de Seran et s'arrêta dans une pharmacie. Les voyages en stincor le rendaient malade à chaque fois.
Seuls les cachets d'Unepsor lui permettaient de supporter son mal des transports...
Une fois chez lui, il prépara son sac. Comme d'habitude, il n'emportait que le strict minimum. Cela se résumait à une combinaison en « Plaire », matériel résistant aux températures extrêmes, à une paire de gants haute tension et à un masque à gaz. Il rangea succinctement le salon, puis sa chambre, abandonnant l'idée de nettoyer la cuisine, en apercevant le nombre important d'assiettes, de verres et de couverts traînant dans l'évier. Il s'installa sur un fauteuil à bascule et donna quelques coups de téléphone afin de prévenir ses collègues de travail et ses voisins de son énième opération, le contraignant à s'absenter pour trois jours. Le directeur du lycée fut la dernière personne contacté. Il redoutait sa réaction et constata soulagé, une certaine compassion de la part de cet homme habituellement si froid. À la nuit tombante, Victor Stabil quitta sa maison. II traversa le lotissement en se retournant de temps à autre, pour s'assurer que personne ne le suivait. Comme chaque fois qu'il partait en pleine nuit, il ne pouvait écarter l'idée qu'il ne reviendrait peut-être pas. Cela faisait huit ans qu'il vivait dans ce minuscule village et si au début cela se révéla difficile, il s'y habitua, trouvant même un certain charme à ce hameau, retiré dans les hauteurs.
Victor Stabil restait inquiet. Il n'aimait pas marcher à découvert, d'autant plus que le ciel dégagé de tous nuages, permettait à la lune d'éclairer parfaitement les prés. Ce n'est qu'en arrivant à l'entrée du champ de maïs qu'il se sentit en sécurité. Les immenses épis couvraient sa progression... Une fois parcouru la moitié du champ, il s'arrêta et regarda sa montre. Cinq minutes plus tard, un bruit terrible retentit, la pointe du stincor déchira le sol. Quelques secondes suffirent au vaisseau, pour sortir complètement des entrailles de la Terre. Le véhicule mesurait douze mètres de long sur trois mètres, de large et ressemblait vaguement à un énorme verre de terre. Son extrémité comportait deux turbines servant à perforer n'importe quelles roches. On comprenait mieux, en regardant les parois, rafistolées de toutes parts, l'aversion de Stabil pour ce type d'engin. Les bosses et les imperfections de la carrosserie en faisaient un vaisseau vétuste et peu rassurant. Cet appareil se révélait de plus inconfortable et ressemblait beaucoup plus à un manège de foire, destiné à procurer des sensations fortes, qu'à un moyen fiable de transport... le concepteur de ce véhicule souterrain était un ami de Victor Stabil, surnommé Goldfish. L'un des inconvénients majeurs de cet engin restait le bruit émis par les turbines, mais cela ferait l'objet, selon son créateur, de l'une des prochaines modifications. La mise en place d'un double silencieux, devait résoudre ce désagrément sonore. Ce moyen de locomotion se révélait le plus sûr, pour les membres des Brigades de la nuit, du moins jusqu'aux deux dernières sorties. Il ne s'en était fallu d'un rien pour qu'on les intercepte. Ils ne devaient leur fuite qu'à la présence d'énormes taupes. Ces derniers avaient endommagé sérieusement le puissant bominger lancé à leur poursuite et contraint les agents de l'Alliance à abandonner la poursuite. Depuis, selon les informations de leurs espions, les ingénieurs de l'Alliance venait d'apporter des modifications capitales, en dotant leurs véhicules de lances torpilles perforantes, répondant aux sources de chaleur. Autrement dit, les animaux ou les stincor risquaient gros en cas de rencontre avec ces engins ! Il fallait donc rapidement prévoir un autre moyen de s'enfuir, car les profondeurs de la terre n'était plus une assurance tour risques ! Goldfish, surnommé le savant fou peaufinait les derniers ajustements d'un stincor de poche : Le rapido. Après des essais qualifiés de concluants par son concepteur, le petit bolide répondait à toutes les attentes. Il pouvait circuler aussi bien sous terre, que sur route, cela ferait selon l'inventeur toute la différence ! Il bénéficiait de plus d'une nouvelle motorisation permettant à la turbine de creuser beaucoup plus vite et d'être ainsi plus rapide. Sur le bitume, sa vitesse de pointe avoisinait les 150 km/h, cela semblait irréel lorsque l'on voyait son allure, car le rapido ressemblait davantage à une tondeuse à gazon qu'à une moto de course.
Le véhicule pouvait embarquer une à deux personnes et possédait une carrosserie en kevlar, protégeant le pilote et le passager éventuel ,des projections de roche ou de terre. Sa maniabilité et sa taille en faisaient un engin facile à piloter et adapté pour semer à coup sûr les bomingers beaucoup trop lourds pour rivaliser...
Stabil monta à bord du stincor. Onze membres des Brigades de la nuit s'y trouvaient. Tous des compagnons de longue date excepté Amatine, qui participait à sa première mission.
Celle-ci s'avérait l'une des plus délicates depuis bien longtemps, car ils se rendaient sur un terrain militaire de l'Alliance, truffé de systèmes de sécurité derniers cris... Le professeur jeta furtivement un regard sur les rapidos situés à l'arrière du vaisseau, puis sur les portes coulissantes récemment aménagées sur chaque côté du stincor, afin de permettre l'évacuation rapide des petits bolides... Victor Stabil s'installa à côté de Troussier et le stincor démarra. Un bruit digne des tracteurs d'antan accompagna la descente et il fallut attendre plus de cinq minutes, pour que le son des moteurs ne soit plus audible à la surface. Le véhicule se trouvait alors à quinze mètres sous terre... Victor Stabil commençait à être pris de nausées, les violentes secousses dues à la perforation de la roche, secouaient énormément l'appareil. Nadal, le médecin de l'expédition connaissait l'aversion de Victor Stabil pour ces voyages, il lui tendit un bonbon d'Almas, contenant du sucre mentholé, pour soulager ses maux. Le pilote, dénommé Louvier, informa ses camarades, qu'ils creusaient à présent, une roche plus tendre. Le véhicule s'apprêtait à passer en vitesse maximum. Les passagers vérifièrent leurs ceintures et s'agrippèrent aux barres horizontales situées devant eux. Pendant plus d'une heure quinze, il fut impossible à quiconque de parler, le bruit insoutenable associé aux secousses, ne le permettait pas.
Lorsque Louvier annonça à l'aide du haut-parleur qu'ils entamaient la remontée, Victor Stabil poussa un ouf de soulagement. Goldfish profita de la vitesse réduite et du semblant de calme, pour expliquer succinctement la façon dont se pilotait un rapido.
- Le bouton rouge situé sur la gauche du petit tableau de bord actionne le perçage de la roche, le levier juste à sa droite commande la puissance. Pour le reste, le guidon répond comme celui d'une moto.
Il demanda à chacun des passagers de passer la main sous le fauteuil sur lequel il se trouvait assis, pour se saisir du casque leur étant destiné.
- J'y ai intégré un système radiophonique permettant aux pilotes de communiquer entre eux, sur une fréquence protégée et sans avoir à décrocher.
Goldfish afficha un grand sourire laissant apparaître ses dents jaunies par l'absorption exagérée de nicotine. Tous les membres du commando applaudirent. Goldfish les remercia, ravi de faire une fois de plus l'unanimité. Comme beaucoup d'inventeurs, Il était
un tantinet cabotin...
L'affichage digital situé au-dessus de la porte d'accès à la cabine de pilotage n'indiquait plus la durée du voyage, mais la distance les séparant de la surface. Les visages s'assombrirent. Dans quelques secondes, les choses sérieuses commenceraient...
Le stincor pointa son nez, en dehors de la terre, les passagers quittèrent le véhicule et se dirigèrent par groupes vers les cibles. Victor Stabil et Troussier devaient s'occuper du vaisseau numéro trois, stationné à plus de cinq cents mètres du stincor. Ils accélèrent le pas, tous deux vêtus, comme les autres participants à l'opération, d'une combinaison les protégeant de la chaleur et d'une paire de gants. Les masques gaz restaient pour le moment, soigneusement rangés dans les poches. L'absence de soldats de l'alliance aux abords des navires, surprit la majorité d'entre eux. L'heure tardive de leur arrivée expliquait peut-être cette situation. Les militaires prenaient certainement une pause pour se réchauffer, car même au début du mois de juin, la nuit restait fraîche. Sous les vaisseaux par contre, la chaleur régnait, les moteurs venaient sans doute d'être arrêtés il y a peu de temps, juste après les derniers essais obligatoires avant chaque départ.
Lorsque les charges furent posées, les différentes équipes entreprirent de regagner le stincor, le chef de l'opération ne paraissait pas serein et demanda à ses compagnons de presser le pas. Au même moment, les spots entourant le terrain s'allumèrent. Des soldats de l'Alliance sortirent des trappes judicieusement disposées autour des vaisseaux et les rebelles furent encerclés en un rien de temps. Quatre d'entre eux, dont Victor Stabil et Troussier réussirent à rallier le stincor, les autres durent se rendre sous la menace des armes. Sans perdre de temps chacun des fuyards enfourcha un rapido, Matis appuya sur le bouton permettant aux parois de coulisser et les petits bolides partirent dans des directions opposées. Le colonel Damien, responsable de ce coup de filet envoya immédiatement des bomingers à la poursuite des fugitifs, puis s'approcha des huit prisonniers. Il s'arrêta devant le rebelle Boulanger, qui détenait le détonateur. Goldfish lui cria de déclencher les explosions. L'officier fixa le détenu, puis sourit en tendant la main. Ce dernier lui remit l'appareil.
- Bon travail lieutenant, douze mois d'infiltrations pour ce coup fumant !
Boulanger semblait plus sceptique et mit au courant son supérieur concernant les nouveaux véhicules dont disposaient les fuyards.
- Je vous assure qu'il ne faut pas s'inquiéter. Si on ne peut les rattraper cette fois si, nous les cueillerons lors de la prochaine réunion ou lorsqu'ils tenteront de rentrer chez eux. Les dossiers grâce aux dossiers que vous nous avez fournis, ils ne pourront nous échapper. Tous les domiciles et les planques éventuelles des rebelles sont à présent sous surveillance...
Les prisonniers écoutaient ce dialogue quelque peu surnaturel à leurs yeux. Comment avaient-ils pu être abusés par Boulanger? Il paraissait si impliqué dans leur cause ! Aucun d'entre eux n'aurait pu soupçonner qu'il puisse être un agent de l'Alliance... Une dizaine de soldats s'empressa de récupérer les explosifs, sous le regard impuissant des sept détenus. Goldfish tourna la tête à droite, puis à gauche, pour s'assurer que personne ne l'observe et bien qu'ayant les mains attachées à celles de Louvier, réussit à appuyer sur la poche de sa combinaison, située sur sa jambe gauche. Une épaisse fumée noire jaillit le long, de son uniforme. En quelques secondes, elle recouvra une bonne partie du terrain. Les militaires ne discernèrent plus rien. Goldfish sourit, ses lunettes conçut par ses soins, permettaient une vision infrarouge, lorsque les conditions l'exigeaient. En compagnie de Louvier, auquel il demeurait attaché, ils se faufilèrent entre les soldats, en faisant bien attention de ne pas effleurer l'un d'eux. Ils pénétrèrent dans le stincor au nez et à la barbe des gardes. Ils prirent place tous deux sur un même rapido, Louvier posa ses deux mains tant bien que mal sur le guidon et démarra. Le bruit de l'engin s'éloignant sous la terre résonna en surface. Lorsque quelques secondes plus tard, le brouillard se dissipa, le colonel grimaça. La prise ne s'avérait plus aussi remarquable. Goldfish, Troussier, Louvier, Stabil, Matis et à un degré moindre Amatine, faisaient partie des plus actifs rebelles du réseau de l'État dix-sept. Il fallait rapidement les retrouver avant qu'ils ne préviennent leurs complices. Les cinq prisonniers furent emmenés vers le hangar, situé de l'autre côté du terrain et le chargement des trois vaisseaux put reprendre.

LA TRILOGIE NARCOR :  Tome II: Ultime Chance Where stories live. Discover now