Chapitre 1 : Un nouveau départ (POV Aya)

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Le vrombissement du moteur s'estompe enfin alors que la vieille Citroën de ma grand-mère s'immobilise devant une maison modeste aux volets bleu ciel. Je reste assise un moment, les yeux rivés sur cette façade inconnue qui sera désormais mon foyer. Le silence qui règne dans l'habitacle est presque assourdissant après des heures de route.

"On y est, ma chérie," dit doucement ma grand-mère en posant sa main ridée sur la mienne. "Je sais que ce n'est pas facile, mais on va s'en sortir ensemble."

Je hoche la tête, incapable de prononcer un mot. Un nœud se forme dans ma gorge alors que la réalité de la situation me frappe de plein fouet. Nous sommes vraiment parties. Nous avons vraiment tout laissé derrière nous.

Avec un soupir, j'ouvre la portière et sors de la voiture. L'air frais de septembre me caresse le visage, portant avec lui l'odeur des feuilles mortes et la promesse d'un automne imminent. Je ferme les yeux un instant, essayant de puiser du courage dans cette brise légère.

"Aya," appelle ma grand-mère depuis le coffre ouvert. "Tu peux prendre ton sac ? Je m'occupe des cartons."

Je m'exécute machinalement, attrapant mon sac à dos usé et le hissant sur mon épaule. Le poids familier me réconforte un peu, comme si une partie de mon ancienne vie était encore accrochée à moi.

Tandis que nous déchargeons la voiture, je ne peux m'empêcher de jeter des coups d'œil furtifs aux alentours. La rue est calme, bordée de petites maisons aux jardins bien entretenus. Rien à voir avec le brouhaha constant de notre ancien quartier à Paris. Ici, à Millau, tout semble figé dans une tranquillité presque irréelle.

Une fois à l'intérieur, je laisse tomber mon sac dans l'entrée et observe notre nouveau chez-nous. Les murs blancs, vierges de toute décoration, semblent me narguer. Pas de photos de famille accrochées, pas de marques sur le mur indiquant ma croissance au fil des années. Juste du vide, à l'image du trou béant dans ma poitrine.

"Aya," la voix de ma grand-mère me tire de mes pensées. "Ta chambre est à l'étage, première porte à droite. Va t'installer pendant que je prépare quelque chose à manger."

J'acquiesce silencieusement et monte les escaliers, traînant mon sac derrière moi. La chambre est petite mais lumineuse, avec une fenêtre donnant sur le jardin arrière. Un lit simple, une armoire et un bureau constituent tout le mobilier. C'est spartiate, mais ça fera l'affaire.

Je m'assois sur le lit, les ressorts grinçant légèrement sous mon poids. Mes doigts caressent distraitement la couverture râpeuse alors que mon regard se perd dans le vague. Les souvenirs affluent, inévitables et douloureux.

Le visage souriant de ma mère, ses yeux pétillants de malice alors qu'elle me chatouillait. La voix grave de mon père, rassurante, me lisant une histoire avant de dormir. Le son de leurs rires mêlés, emplissant notre appartement parisien de joie et d'amour.

Et puis, le silence. L'horrible silence qui a suivi l'accident. Les visages graves des policiers à notre porte. Les pleurs déchirants de ma grand-mère. Mon monde qui s'écroulait en l'espace d'une phrase : "Il y a eu un accident..."

Je secoue la tête, chassant ces images douloureuses. Ça ne sert à rien de ressasser. Ils sont partis, et rien ne les ramènera. Je dois aller de l'avant, pour eux, pour ma grand-mère, pour moi.

Me levant du lit, je commence à déballer mes affaires. Chaque objet que je sors de mon sac est comme un petit morceau de mon ancienne vie que j'essaie de faire rentrer dans ce nouvel espace. Mes livres préférés trouvent leur place sur l'étagère au-dessus du bureau. Mes vêtements remplissent l'armoire, apportant un peu de couleur dans cette pièce trop blanche.

Sous le casqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant