Partie 12 - Le week-end.

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« Alors Gringo ? Tu l'as réussi ce concours ?

— Eh oui, enfin. Ça m'a paru interminable. Mais voilà, à la rentrée je vais enfin pouvoir faire le boulot que je rêve de faire depuis si longtemps. »

Il se tourna vers Guillaume quand celui-ci répondit ça à la question de Claude, sachant via Julien mais surtout via lui en ayant discuté plusieurs fois déjà que ça faisait plusieurs années qu'il hésitait à passer le concours pour devenir policier. Et la veille quand il était venu dormir chez lui pour pouvoir partir tôt ensemble au week-end, Guillaume lui avait annoncé la bonne nouvelle : il avait réussi le concours. Et dès la rentrée il commencerait son nouveau boulot. Encore aujourd'hui, il ne comprenait pas pourquoi Julien lui avait dit que le fait qu'il devienne flic ferait qu'il aurait encore plus de mal à lui pardonner son passé. Hormis le fait que ça prouvait encore une fois que son copain était quelqu'un de droit et d'intègre. Dans tous les cas, il ne voulait pas penser aux possibles répercussions : il était fier de lui d'avoir réussi.

« Je suis trop content pour toi, dit-il d'ailleurs en resserrant ses doigts autour de ceux du plus grand qui tenait sa main dans la sienne sous la petite table autour de laquelle ils étaient tous assis, Claude étant le seul debout afin de préparer le barbecue. Vraiment. »

Guillaume se tourna à son tour vers lui en l'entendant lui dire ça et il le vit lui sourire d'un air attendri qui le fit fondre intérieurement. Puis soudain il sentit son copain l'attirer à lui afin de déposer un petit baiser sur son cuir chevelu et il ferma les yeux en venant se blottir contre lui, un grand sourire sur les lèvres. Qu'est-ce qu'il était heureux aujourd'hui. Et il y avait de quoi en même temps. Guillaume avait réalisé un rêve, il était avec lui et ses amis dans un grand chalet en plein milieu de la forêt, loin de la ville et de la pollution, et surtout, surtout, Julien n'était pas là. Ce week-end s'annonçait parfait.

« Vous êtes trop mignons tous les deux, entendit-il alors Claude dire en parlant de Guillaume et lui, le faisant rouvrir les yeux de surprise.

— Grave. » se contenta de renchérir Ablaye et en se tournant vers lui à son tour, il vit le petit sourire qu'affichait Matthieu assis à ses côtés.

C'était un sourire bienveillant et il se souvint alors de ce que ce dernier lui avait dit une des dernières fois où ils s'étaient parlés tous les deux : Je suis content. Tu as vraiment l'air d'être quelqu'un de bien, Aurél. Oui, lui aussi était content, se dit-il alors en refermant les yeux, un petit sourire sur les lèvres et les joues légèrement écarlate à ce compliment. Tous les amis de Guillaume qu'il appréciait étaient là et le seul qu'il redoutait était absent. Si seulement ça pouvait continuer ainsi...

***

« Aurélien. »

Il faillit lâcher la carafe de citronnade qu'il était allée chercher dans le frigo quand il entendit une voix qu'il ne connaissait malheureusement que trop bien l'appeler dans son dos. Julien. Lorsqu'Ablaye avait proposé qu'ils se boivent un grand verre de citronnade en rentrant de leur balade dans la forêt, celui-ci semblant complètement assoiffé, il s'était tout de suite proposé pour aller chercher la carafe qui attendait au frais. Tu es sûr mon chat ? lui avait demandé Guillaume, déjà prêt à y aller lui serviable comme il était, et il l'avait rapidement embrassé avant d'y aller sans un mot de plus. Il voulait qu'il profite de son week-end avec ses amis aussi.

« Ju-Julien ?? bégaya-t-il en se retournant dans un sursaut lorsqu'il entendit des pas s'approcher de lui et il tomba effectivement sur ce dernier, un sourire mauvais sur les lèvres. Mais... qu'est-ce que tu fais là...? Tu n'étais pas censé venir...

— Ah t'aurais bien aimé, hein ? répondit aussitôt l'autre garçon et il sentit les larmes lui monter aux yeux alors qu'il se sentait commencer à trembler doucement, la carafe toujours dans ses mains. J'ai appris que tu serais là y'a quelques jours au détour d'une conversation avec les gars alors j'ai fait en sorte de pouvoir venir. J'aurais raté un week-end entier avec toi pour rien au monde, crois-moi. »

Il sentit son cœur rater un battement en l'entendant dire ça et soudain, il eut envie de vomir. Julien était un psychopathe. Ça ne lui suffisait pas de l'avoir envoyé à l'hôpital dix ans plus tôt, il voulait continuer de jouer avec lui. Et de toute évidence, ça le faisait marrer.

« Alors...? Tu as réfléchi à ma proposition de la dernière fois ? continua ce dernier en s'approchant encore un peu plus de lui et il recula, les mains crispées sur la carafe et son dos venant rencontrer le plan de travail derrière lui.

— Ne m'approche pas !

— Ah, je comprends. Tu as besoin d'être dans le même état qu'avant, c'est ça ? Attend, je dois avoir ce qu'il faut...

— Mais qu'est-ce que... Comment tu oses... dit-il en le voyant sortir un joint de la poche de sa veste, complètement choqué. Éloigne ça de moi, Julien ! C'est à cause de cette merde que j'ai fini dans le coma, je te rappelle ! »

Julien lui offrit un sourire mauvais quand il dit ça et il eut envie de pleurer là, tout de suite, en voyant ce sourire.

« Tu préfères peut-être que j'explique tout à Guillaume ? Que je lui raconte quel genre de drogué tu étais ? Le genre qui n'est jamais satisfait, tu sais ? lui dit Julien et il sentit les larmes se mettre à couler sur ses joues à ça, les mots choisis par l'autre garçon lui broyant le cœur.

— Arrête... murmura-t-il en baissant la tête, se sentant prêt à défaillir tandis que des images du passé dansaient dans son esprit à ces mots, mais Julien ne semblait pas vouloir s'arrêter.

— Le genre de dégénéré qui même après avoir pris sa dose...

— Arrête, je t'en supplie...

— ...veut toujours plus. Encore et toujours, jusqu'à mettre sa vie en danger et me faire passer, moi, pour le méchant ? Tu sais de combien d'années de prison j'aurais pu écoper si je m'étais fait prendre par ta faute ?! »

Il était à présent en larmes, refusant d'écouter plus ce que Julien lui disait mais ne pouvant faire autrement, ce dernier l'empêchant littéralement de son corps de s'enfuir. Il eut alors l'impression de déconnecter, les propos de Julien étant insupportables à ses oreilles, et c'est seulement quand il entendit la voix de Guillaume lui parvenir qu'il revint à lui. Et quand il releva la tête pour le chercher des yeux, il s'aperçut que Julien avait disparu :

« Ah, Aurél... T'es là ? Je me demandais pourquoi t'étais aussi long... Mais... tu pleures ? Attends, qu'est-ce qu'il s'est passé ? Pourquoi t'es en larmes ?! »

Guillaume fut près de lui en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, puis il le sentit lui prendre la carafe de citronnade des mains pour la poser sur le plan de travail derrière lui avant de le sentir prendre son visage entre ses mains :

« Mon chat, qu'est-ce qu'il t'arrive ? Eh, tu sais que tu peux tout me dire... »

Il secoua la tête, se remettant à pleurer à l'idée même que Guillaume apprenne tout ce qu'il lui avait caché jusque là, et il se sentit même défaillir sous la pression. Guillaume le rattrapa aussitôt, mais sa voix se fit de plus en plus faible à ses oreilles et il comprit alors qu'il s'était évanoui. Il avait perdu connaissance. Et merde.

Fiction OrelxGringe - J'ai trop peur de te perdre. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant