Chapitre 16

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Alors que la nuit enveloppait la ville de son manteau sombre, Jeanne, Émilie, Bastien et Laurine papotaient autour d'une table. Les éclats de rire et les conversations animées remplissaient l'air d'une chaleur familière. Leurs retrouvailles avaient été marquées par une belle complicité, mais une tension s'était insidieusement installée lorsque le sujet de Marc avait surgi. Jeanne se sentait à la fois heureuse et nerveuse, partageant son rapprochement avec lui, mais les mots de Bastien l'avaient prise au dépourvu.

— « Je ne comprends pas pourquoi une fille aussi bien que toi se contente d'un mec comme lui, » avait-il lancé, son regard scrutant Jeanne avec une intensité qui la déstabilisait.

Cette remarque l'avait piquée au vif. **Les éclats de rires s'étaient soudainement assourdis, laissant place à une atmosphère plus pesante.** Elle savait que Bastien était un ami fidèle, mais entendre des doutes sur Marc, surtout venant de lui, lui serra le cœur. Elle déglutit, cherchant les mots pour défendre l'homme qui l'avait aidée à se sentir en sécurité, alors qu'elle avait traversé tant d'épreuves.

— « Ce n'est pas juste, Bastien. Tu ne le connais pas vraiment. Il... il m'a fait me sentir protégée, » répliqua-t-elle, la voix tremblante, cherchant à dissimuler son agitation.

Bastien, bien qu'il ait exprimé son inquiétude avec des intentions amicales, ne comprenait pas à quel point Marc représentait un refuge pour elle. La douleur de cette situation l'enflammait. Elle avait besoin de se sentir soutenue, mais cette conversation la plongeait dans un tourbillon d'incertitudes.

Laurine, bien consciente de la tension, s'efforça d'apaiser les esprits.

— « Écoutez, les gars. Ce qui compte, c'est ce que Jeanne ressent vraiment. Écoute ton cœur, Jeanne. Profite de ces moments, même s'ils sont courts. Ils peuvent être intenses et précieux. »

Ses mots avaient un effet calmant. **Jeanne ferma les yeux un instant, prenant une profonde inspiration pour évacuer la tension.** Les rires reprirent lentement, les anecdotes du quotidien inondant la table, la camaraderie reprenant le dessus sur l'inquiétude. Les heures passèrent en un clin d'œil, et la soirée toucha à sa fin bien trop tôt pour Jeanne.

**En rentrant chez elle, la douce chaleur des souvenirs partagés se mêlait à une ombre persistante.** Jeanne sentit un frisson d'angoisse la parcourir. L'appartement était vide, et l'absence de Marc pesait sur elle. Elle scruta la pièce, le cœur battant, puis se dirigea instinctivement vers son téléphone. Rien. Pas de message, pas d'appel. L'inquiétude se transforma en anxiété. Elle se remémora le message troublant qu'elle avait reçu : elle était attendue chez elle.

Soudain, une vague de panique l'envahit. *Et si quelque chose était arrivé ?* Elle réalisa qu'elle n'avait pas fait le tour de l'appartement et se dépêcha de le faire, comme si sa vie en dépendait. **Chaque pièce, une galerie de souvenirs heureux, lui semblait maintenant froide et menaçante.** Elle inspecta les placards, jeta un coup d'œil derrière les rideaux, mais tout semblait normal, presque trop normal.

Concernant Marc, elle tenta de se rassurer. *Peut-être était-il sorti ? Peut-être rentrerait-il bientôt ?* Elle se dirigea vers la salle de bain, se disant qu'une douche chaude l'aiderait à se détendre et à rassembler ses pensées. L'eau coulait sur sa peau, mais elle ne parvint pas à chasser l'inquiétude qui la rongeait. **Les gouttes d'eau se mêlaient à ses larmes, une catharsis silencieuse qui ne faisait qu'accentuer son malaise.**

Elle se vêtit rapidement et commença à préparer un repas, mais les minutes s'égrenaient, et l'angoisse se muait en frustration. Les murs de l'appartement, autrefois familiers, lui paraissaient maintenant oppressants. Elle s'efforçait de rationaliser la situation. Peut-être Marc avait-il eu un empêchement imprévu.

Mais lorsque l'horloge indiqua 22h, l'anxiété devint insupportable. Elle essaya de l'appeler plusieurs fois, sans réponse. Elle enfila une veste et se dirigea vers l'appartement de Marc, mais il n'y avait pas de réponse à ses coups frappés sur la porte. L'angoisse la submergea alors qu'elle réalisait la froideur de sa solitude. Elle se retourna, le cœur lourd, prête à rentrer chez elle, mais quelque chose en elle se brisa.

Se retrouvant seule, le désespoir s'installant comme un nuage noir dans son esprit, elle s'effondra au sol, adossée au canapé. Les larmes lui montèrent aux yeux, et elle se laissa aller, pleurant à chaudes larmes. La réalité, implacable, venait de la rattraper. Elle se sentait seule, terriblement seule.

Chaque bruit dans l'immeuble la faisait sursauter. Chaque vibration du téléphone, chaque grincement de la maison lui rappelait l'absence de Marc. Elle avait cru que leur moment ensemble était un pas vers la sécurité, mais maintenant, cette certitude s'effondrait. Le vide autour d'elle résonnait avec ses craintes les plus profondes.

Alors qu'elle pleurait, son esprit s'embrumait de pensées sombres. *Où était-il vraiment ?* Et la peur, lancinante, de voir ses problèmes refaire surface lui nouait l'estomac. Elle ne pouvait s'empêcher de penser que tout ce qu'elle avait construit en si peu de temps pouvait s'effondrer aussi vite qu'il était apparu.

Elle prit une profonde inspiration, essuya ses larmes, et se leva lentement. Son téléphone était là, inerte sur la table, mais elle ne pouvait pas se résoudre à l'ignorer. Peut-être que Marc finirait par l'appeler. Peut-être qu'il était en route.

Avec un mélange de détermination et de désespoir, elle se mit à marcher dans l'appartement, attrapa le téléphone et s'endormit en attendant l'appel de Marc qui n'arriva jamais.

Obsession NoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant