Chapitre 17

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Le lendemain matin, Jeanne se réveilla avec une boule au ventre, le poids des événements de la veille pesant lourdement sur elle. Allongée dans le lit, elle fixa le plafond, tentant de se remémorer chaque détail de sa soirée avec Marc. Les mots de Bastien, prononcés avec une intensité qui la troublait encore, résonnaient dans son esprit. *Pourquoi une fille aussi bien que toi se contente d'un mec comme lui ?* Cette phrase ne cessait de tourner dans sa tête, comme une vieille rengaine dont elle n'arrivait pas à se détacher.

Elle se redressa, se sentant plus vulnérable que jamais. Bastien avait-il raison ? Marc n'avait-il vraiment pas sa place dans sa vie ? Elle attrapa son téléphone posé sur la table de chevet et le déverrouilla rapidement. Aucun message. Rien de Marc, rien qui puisse la rassurer ou dissiper ses doutes. Le silence de son téléphone ne faisait qu'amplifier son inquiétude.

Elle se sentait prise au piège, tiraillée entre ses sentiments pour Marc et les avertissements de Bastien. Ce dernier, malgré ses mots durs, était toujours là, fidèle. Jeanne sentit le besoin de se confier davantage à lui, de chercher du réconfort là où elle le pouvait encore. Elle lui envoya un message, simple et direct, lui demandant s'il avait du temps pour discuter. Quelques minutes plus tard, Bastien répondit qu'il serait ravi de la voir et qu'il l'attendait dans un café non loin de son travail.

Lorsqu'elle le retrouva, l'atmosphère était étrange, teintée d'une tension qu'elle n'avait jamais ressentie avec lui auparavant. Ils s'installèrent à une table isolée, et après quelques échanges banals, Jeanne finit par lui ouvrir son cœur.

— « Bastien, je ne sais plus quoi penser de tout ça... De Marc, de moi, de ce qu'il m'arrive. »

Bastien l'écoutait attentivement, son regard ancré dans le sien, mais il semblait y avoir quelque chose de non-dit. La complicité qui avait toujours existé entre eux s'était transformée en une sorte de tension latente. Après un long silence, Bastien finit par avouer ce qui le rongeait depuis des années.

— « Jeanne, il y a quelque chose que je dois te dire... J'ai toujours été attiré par toi, depuis le début. Mais je n'ai jamais voulu franchir cette ligne. » Sa voix était douce, presque vulnérable, et Jeanne sentit une vague de malaise l'envahir.

Elle le regarda, déconcertée. Ce n'était pas ce à quoi elle s'attendait. L'amitié sincère et pure qu'elle croyait partagée venait de prendre une tournure plus complexe. Elle resta silencieuse, ne sachant comment répondre. Bastien, lui, sembla mal à l'aise de cette révélation, mais il continua :

— « Je ne te dis pas ça pour te compliquer la vie, mais je ne peux plus faire semblant. Je veux juste que tu saches que quoi qu'il arrive, je serai là pour toi. »

Les mots de Bastien la touchèrent profondément, mais au lieu de la réconforter, ils semèrent encore plus de confusion. Elle ne savait plus à qui se fier, et une sensation d'isolement grandissait en elle. Son esprit était embrouillé, et elle ne put s'empêcher de se demander : *À qui puis-je vraiment faire confiance ?*

Soudain, son téléphone vibra dans sa poche. Elle le sortit distraitement, et en lisant le message, une peur glaciale la traversa.

**« Et si on jouait à qui est le pire ami ? »**

Le message était signé de son harceleur. Jeanne sentit son cœur s'arrêter une fraction de seconde. Avant même qu'elle ne puisse réagir, un autre message arriva :

**« On commence par qui ? Le meilleur ami amoureux ? La copine qui prend ses distances pour son mec ? Ou de simples collègues de boulot en qui tu crois avoir confiance ? »**

Chaque mot était une lame, tranchante et précise. Ses mains tremblaient légèrement alors qu'elle lisait ces messages. Comment pouvait-il savoir pour Bastien ? Comment était-il au courant de tout ce qu'il se passait dans sa vie ? Le monde autour d'elle sembla vaciller, et une nouvelle vague de paranoïa la submergea.

— « Jeanne, ça va ? » demanda Bastien, remarquant son malaise.

Elle secoua la tête, incapable de parler. Une seule idée traversait son esprit : il fallait qu'elle affronte Marc. Si son harceleur connaissait tant de détails, c'était peut-être parce que Marc lui cachait quelque chose de grave.

Le soir même, elle se retrouva face à lui, le cœur lourd de questions et de doutes. Marc semblait distant, comme s'il portait un fardeau qu'il ne voulait pas partager. Lorsqu'elle tenta d'aborder la question de sa récente attitude, il la coupa rapidement.

— « Jeanne, je traverse des choses en ce moment... des problèmes personnels qui ne te concernent pas. »

Ces mots l'atteignirent comme une claque. *Ne la concernent pas ?* Comment pouvait-il dire ça alors qu'elle se sentait de plus en plus éloignée de lui, comme si elle n'était qu'une étrangère dans sa propre relation ? Le Marc qu'elle avait connu, celui qui lui avait offert un refuge, semblait avoir disparu.

La distance émotionnelle qu'il imposait entre eux était insupportable. Jeanne avait besoin de réponses, de comprendre pourquoi l'homme qui lui avait apporté tant de réconfort pouvait maintenant la laisser dans le doute. C'est alors qu'elle tomba, par hasard, sur un carnet enfoui dans les affaires de Marc.

Curieuse, et malgré sa réticence à fouiller, elle l'ouvrit. Ce qu'elle y découvrit la bouleversa. Les pages étaient remplies de notes détaillées sur elle, des détails trop personnels pour qu'ils soient anodins. Comment pouvait-il savoir tout ça ? Pourquoi Marc tenait-il un tel carnet à son sujet ?

Elle le confronta sans attendre, le cœur battant à tout rompre.

— « Pourquoi as-tu toutes ces informations sur moi ? » demanda-t-elle, les mains tremblantes, le carnet ouvert dans ses bras.

Marc, visiblement pris de court, tenta de s'expliquer.

— « Jeanne, tu te trompes. Ce carnet, ce sont juste des notes que j'ai prises sur celui que tu m'avais montré, celui de ton harceleur. Je voulais juste t'aider à comprendre... à te protéger. »

Mais Jeanne ne pouvait plus faire confiance à ses explications. Chaque mot qu'il prononçait résonnait en elle comme une nouvelle incertitude. Ses sentiments pour Marc étaient désormais brouillés par le doute et la méfiance. Elle voyait bien qu'il était sincèrement déconcerté, mais cela ne suffisait pas. Quelque chose clochait.

De retour chez elle, seule, elle se sentait de plus en plus isolée. L'étau de la paranoïa se refermait sur elle. Elle ne savait plus en qui elle pouvait vraiment avoir confiance. Bastien ? Marc ? Émilie ? Tout le monde lui semblait suspect. Elle se laissa tomber sur son lit, les yeux perdus dans le vide, alors que l'angoisse continuait de la ronger.

Obsession NoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant