Chapitre 3

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Le nouvel appartement de Jeanne était spacieux, baigné de lumière, avec une vue dégagée sur le parc. Les murs fraîchement peints et l'odeur du bois neuf des meubles lui donnaient l'impression d'un nouveau départ, loin de ses souvenirs troublants. Chaque matin, elle ouvrait grand les fenêtres pour laisser entrer l'air frais, se réjouissant de ce sentiment de renouveau. Elle s'était même surprise à recommencer à chanter sous la douche, à danser dans son salon, sentant ses anciennes angoisses s'évaporer peu à peu.

Depuis quelques semaines, Jeanne avait réussi à retrouver une certaine paix intérieure. Les messages anonymes semblaient s'être calmés, et elle commençait à croire à nouveau qu'une vie sans méfiance constante était possible. Le calme et la sérénité avaient finalement trouvé leur place dans son quotidien. Elle avait recommencé à mettre de la musique et à chanter sous la douche, à dormir en culotte, se sentant libre et sans entrave. Dans son salon, elle dansait comme une folle, retrouvant un sentiment de chez-soi et de sécurité qu'elle croyait avoir perdu.

il ne lui fallut pas longtemps pour rencontrer Jacqueline, sa nouvelle voisine. C'était une femme d'un certain âge, avec des cheveux gris soigneusement coiffés et un sourire chaleureux.

« Bienvenue dans l'immeuble, ma chère », dit Jacqueline en tendant un gâteau fait maison. « Je suis votre voisine de l'étage supérieur. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas à frapper à ma porte.»

Jeanne, touchée par cette gentille attention, remercia Jacqueline. Les jours passèrent, et Jeanne et Jacqueline devinrent amies. Jacqueline l'aidait régulièrement, que ce soit en lui offrant des conseils sur la vie dans le quartier ou en l'aidant à porter ses courses. Et Jeanne lui portait compagnie dès qu'elle le pouvait.

Ce soir-là, alors que la pluie martelait les fenêtres de son appartement, un élément étrange vint perturber la tranquillité précaire de Jeanne. Une enveloppe, déposée avec soin sous sa porte, contenait un message anonyme :

« Votre fenêtre est ouverte depuis hier et il pleut. Je tenais donc à vous avertir.

Signé, un voisin bienveillant. »

La simplicité du message contrastait avec l'inquiétude grandissante de Jeanne. Comment ce voisin savait-il que sa fenêtre était ouverte depuis hier ? Et pourquoi n'avait-il pas simplement frappé à sa porte pour la prévenir ?

Elle tenta de se convaincre qu'il s'agissait simplement d'une attention bienveillante. « Ne panique pas, Jeanne, » murmura-t-elle pour elle-même. « C'est juste un voisin qui s'inquiète. » Mais cette rationalisation ne dissipa pas entièrement le malaise qui l'envahissait.

La découverte de cette note éveilla en Jeanne un sentiment de paranoïa latent. Les souvenirs d'autres incidents étranges refaisaient surface : des photos d'elle-même à des moments privés, un bouquet de fleurs fanées déposé devant sa porte avec une note énigmatique : « Les souvenirs ne meurent jamais. »

Elle devait se calmer se disait-elle à elle-même, il s'agit simplement d'une gentille attention de la part d'un de ses voisins, cherchait-elle à se rassurer.

Et les jours suivants, les appels avaient repris de plus belle, les messages menaçants :  « Tu croyais vraiment que je n'allais pas te retrouver ? »

Jeanne essayait de se rassurer par tous les moyens, se disant qu'il ne connaissait pas sa nouvelle adresse et ne pourrait donc pas revenir sur son lieu de vie.

En tout cas, c'est ce qu'elle pensait, car ce soir-là, alors qu'elle préparait le dîner dans sa cuisine sombre et silencieuse, elle entendit un bruit. Son cœur s'emballa dans sa poitrine, et elle retint son souffle quelques instants avant d'aller vérifier, essayant de faire le moins de bruit possible. À travers la porte entrouverte, elle aperçut l'ombre d'une personne. Son pouls s'accéléra, et elle s'approcha lentement, la gorge nouée par l'appréhension. Mais lorsqu'elle ouvrit brusquement la porte, la pièce était vide, à l'exception d'un silence oppressant. Elle se précipita alors vers le balcon, scrutant chaque recoin dans l'obscurité, mais il n'y avait personne.  Elle ferma toutes les portes et les fenêtres de son appartement, le cœur battant la chamade.

Jeanne sentit la panique monter en elle, mais elle savait qu'elle devait rester calme, qu'elle devait trouver un moyen de se protéger. Elle prit une profonde inspiration, s'efforçant de rassembler ses pensées dispersées. Elle devait réagir, comprendre qui se cachait derrière ces messages, avant qu'il ne soit trop tard.

Déterminée, elle se promit de ne pas se laisser intimider. Elle allait commencer à poser des questions, à ses voisins d'abord, cherchant à savoir si quelqu'un avait vu quelque chose. Chaque visage dans son immeuble devenait suspect, chaque interaction une piste possible. Elle savait qu'elle ne pouvait faire confiance à personne tant que la menace ne serait pas neutralisée.

Obsession NoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant