Un (nouveau) départ

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Nous traversons deux pièces qui ressemblent à des salons et, dans la troisième, trône une immense bibliothèque dont je me demande si tous les livres sont bien réels ou, comme dans un magasin d'ameublement, uniquement là pour décorer. Au centre de la pièce, un canapé confident allongé présage de longues heures de lecture, à deux. C'est à la fois design et romantique à souhait.

Matthieu remarque à mon expression tout l'étonnement que me procure la découverte de cette pièce. De son côté, je devine de la fierté. 

- Je dois avouer que c'est ma pièce préférée. Gab et moi adorons lire. On achète nos livres en double et on les lit en même temps. On a un petit rituel qui consiste à ne pas passer au chapitre suivant avant l'autre. Souvent, on partage notre sentiment sur ce qu'on vient de lire. Et je peux t'assurer que ce canapé en a déjà vu de belles lorsque nous parcourons les pages torrides d'un roman érotique. Ce n'est pas pour rien qu'on a choisi un modèle déhoussable.

Il ponctue ces paroles d'un sourire narquois et appuie son propos d'un éclat de rire, moitié-gêné, moitié-fier d'avoir partagé ce détail croustillant. Si cet imbécile de Gabriel n'était pas venu me menacer, peut-être aurais-je été émoustillé par cette anecdote mais, ma haine à son égard ne fait qu'enfler et ce ne sont pas les détails de leur vie sexuelle qui vont m'aider à me détendre à son sujet.

- Quoi ? Ça ne t'excite pas un peu... je veux dire, notre petit rituel ?

- Je pense que j'ai un peu le trac par rapport à ce qui m'attend réellement. C'est ici que tu tournes tes vidéos ?

- Ben non, je t'ai dit que mon studio avait le lit le plus confortable. J'aime beaucoup cette sorte de méridienne et même si Gab et moi y avons pris notre pied plus d'une fois, ce n'est pas là que je réalise mes productions les plus rémunératrices. Viens.

Je lui emboite le pas en espérant qu'il arrêtera de me parler de son mec.

Matthieu s'approche d'une des nombreuses étagères murales en bois précieux, pose la main sur la tranche d'un livre à la couverture en cuir et le penche légèrement vers lui. Comme dans un film à la Harry Potter, l'armoire se détache du mur dans un cliquetis léger et Il finit de l'ouvrir à l'aide de la main droite.

- Ça fait son effet hein ! Rien de sorcier ici, juste un bouton poussoir dans le fond qui, une fois relâché, actionne une serrure connecté. De bonnes charnières et, ce qui n'était qu'une simple porte autrefois, me donne l'accès à mon antre du plaisir. Quand je refermerais tout à l'heure, quand on aura fini, tu prendras un peu de recul pour observer et tu verras que cette étagère est un peu plus large que les autres et, si tu fais bien attention, tu pourras même constater que l'interstice avec ses voisines est un peu plus large qu'entre toutes les autres. C'est un bon menuisier qui a réalisé tout ça mais, il aurait pu s'appliquer encore plus. 

- Ca donne déjà très bien. Franchement, c'est bluffant.

- Merci. Je ne dis pas le contraire hein et, ça contribue à l'ambiance mystérieuse de ce qui va se passer ensuite.

Nous pénétrons à présent dans une pièce qui a tout pour ressembler à une chambre. Et si la bibliothèque avait ce côté vintage des salles de lecture anciennes avec son parquet en bois, ses étagères de la même matière, le tapis épais et sombre surmonté du fameux canapé double en tissu précieux, le studio de Matthieu est immaculé de blanc et décoré de manière très moderne. Le cuir blanc, le métal chromé, l'endroit laisserait presque à penser qu'il a une vocation médicale si le sol n'était pas réouvert d'un tapi à grosse floches. Blanches, naturellement.

Matthieu enlève déjà les claquettes qu'il portait nu jusqu'à présent. N'ayant rien au pied, je fais, moi-aussi un pas en avant pour tester la sensation de ce tapi.

Le vestiaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant