Du rêve à la réalité ?

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Immobile, allongé sur mon lit, je n'en crois pas mes oreilles. Se pourrait-il ? Non, c'est impossible ! Nous ne connaissons même pas nos noms respectifs, encore moins nos adresses. Ou alors, m'aurait-il suivi ? Non, c'est absurde. J'ai pris le bus, idiot ! Mais, plongé dans mes pensées durant le trajet, aurais-je remarqué sa présence ? Pas sûr.

- Tu fous quoi là ? Tu te magnes, les gens ont pas que ça à foutre hein !

Je sursaute à nouveau et, cette fois, je bondis vers la porte, puis dévale les escaliers quatre à quatre. Et, comme si c'était devenu une habitude dont je n'arrive pas à me défaire, à trois marches du rez-de-chaussée, je m'arrête à nouveau dans mon élan. Il est là, dans l'encadrement de la porte, tout sourire. Son regard n'est plus celui, dominateur, qui suffisait à me plier à n'importe laquelle de ses volontés. On dirait un bon ami de la famille, bien sous tout rapport. Il pourrait presque être mon oncle. Je sens que ma mère est prête à éructer une nouvelle fois dans ce charmant français des zones défavorisées qu'elle manie si bien. Et là, je comprends. Je tâte mes poches comme si je n'étais pas encore certain de ce que je voyais dans la main de ma daronne. 

Mon porte-feuille !

- Bonjour ! Noah, c'est bien ça ? Je ne sais pas si vous vous souvenez de moi mais je suis entré dans le vestiaire de la salle au moment où vous partiez. J'ai essayé de vous rattraper quand j'ai vu votre porte-feuille mais bon, pas facile quand on est déjà déshabillé et, de toute manière, vous étiez parti. J'espère que vous ne m'en voudrez pas de l'avoir ouvert. Mais, votre carte d'étudiant mentionne votre adresse alors, je me suis dis que vous seriez rassuré de le retrouver.

Je ne sais pas s'il est acteur de théâtre à ses heures perdues, mais il joue sacrément bien la comédie. Essayons d'en faire autant :

– Je ne vous aurais pas reconnu, toutes mes excuses. Mais vous me sauvez, là. Et je ne m'en étais même pas rendu compte.

Pour le coup, c'est vrai.

– Merci maman, je m'en occupe.

Ce qui est bien avec ma mère, c'est qu'elle est plutôt prévisible. Une fois ces quelques mots prononcés avec ma plus belle voix de fils aimant (et je dois bien l'avouer, surtout destinés à la montagne de muscles que je dévisage encore), j'ai droit à son traditionnel grommellement qui lui donne ce petit air mignon dont je raffole. Surtout quand j'ai envie qu'elle disparaisse de ma vue.

– Je suis trop content de te voir déjà ici.

– Chuuuut, ta mère pourrait nous entendre.

– Aucun risque, une fois la porte de son séjour refermée, c'est comme si elle basculait dans une autre dimension. Plus aucun son de notre monde ne peut l'atteindre. Si de la fumée devait passer sous cette fameuse porte, je devrais traverser la frontière entre nos deux univers pour qu'elle pense à se sauver en me suivant. Sinon, à part l'alcool, les cigarettes et son téléphone pourri...

– Eh bien, ta mère a l'air d'être un cadeau.

- Parfois, c'en est un. Surtout quand je me branle un peu trop bruyamment.

- Tu veux dire, quand tu gémis comme tu l'as fait tout à l'heure ?

Pour seule réponse, je lui offre mon plus grand sourire à la fois naïf et gêné. Le pourpre de mes joues et mon regard rêveur achèvent de lui faire comprendre l'extase que l'évocation de notre baise de tout à l'heure a provoquée en moi.

- D'ailleurs, tu parlais de me montrer ce que ta queue pouvait faire comme ravage là où tes doigts m'ont fait grimper aux rideaux...

- Ah ah, tu ne perds pas de temps. Tu sais, j'ai bien 15 ans de plus que toi alors, j'ai besoin de 3 semaines pour me remettre moi.

Le vestiaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant