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La grande salle de Poudlard brillait de mille feux, illuminée par des chandeliers flottants qui dansaient au gré de la magie ambiante. Des guirlandes de feuilles d'automne ornaient les murs, ajoutant une touche chaleureuse à l'atmosphère déjà joyeuse. Les élèves, assis à leurs tables respectives, semblaient animés par des rires et des discussions passionnantes. Après la guerre, le château, autrefois marqué par la douleur, avait été soigneusement restauré. Les cicatrices du passé étaient encore visibles, mais un sentiment de renouveau flottait dans l'air, comme si chaque élève était prêt à embrasser une nouvelle année pleine de promesses et de possibilités.

Assis à la table des Gryffondor, Harry Potter regardait autour de lui, le cœur à la fois léger et lourd. Il se sentait heureux d'être en sécurité, entouré d'amis, mais des souvenirs lointains mais poignants l'effleuraient toujours. Les éclats de rire de ses camarades le réchauffaient, mais il ne pouvait s'empêcher de penser à ceux qui n'étaient plus là, à ceux qui avaient perdu la vie dans cette lutte contre le mal. Sa pensée se tourna vers ses amis, Hermione et Ron, qui discutaient d'un sujet qu'il ne pouvait pas entendre, trop perdu dans ses propres réflexions.

La voix autoritaire de McGonagall, résonnant dans la grande salle, tira Harry de sa contemplation.

— Chers élèves, je vous souhaite la bienvenue à cette nouvelle année scolaire. Je suis ravie de vous voir tous ici et je tiens à partager une initiative que nous avons mise en place.

Le ton de la directrice était sérieux, et une curiosité palpable parcourut l'assemblée. Harry, qui ne voulait pas se plonger dans des réflexions sur la guerre, tourna son regard vers Hermione. Elle avait l'air intensément intéressée, ses yeux brillants d'anticipation, et cela lui rappela à quel point elle avait toujours eu une passion pour les nouvelles idées et les initiatives innovantes.

Ron, assis à côté de lui, leva les yeux au ciel avec une moue exaspérée.

— Qu'est-ce qu'elle veut encore nous imposer ? Une nouvelle matière ?

L'ironie de sa déclaration fit sourire Harry, même s'il partageait un sentiment similaire d'appréhension. Il avait suffisamment de cours à gérer sans avoir à se soucier d'une nouvelle obligation.

McGonagall poursuivit, son ton sérieux captivant l'attention des élèves.

— Nous avons décidé de lancer un programme de correspondance anonyme. Cela permettra à chacun de partager ses pensées et ses expériences par écrit, sans avoir à révéler son identité.

Un murmure d'incrédulité parcourut la salle, et Harry se renfrogna. Écrire des lettres semblait être une invitation à se lamenter, à ressasser des souvenirs qu'il préférait oublier. Il se voyait déjà en train de coucher sur le papier ses angoisses et ses regrets, et cela ne l'enchantait guère.

Hermione, toujours attentive, lui lança un regard encourageant.

— Harry, tu devrais vraiment y réfléchir. Ça pourrait être une bonne manière de s'exprimer sans se sentir jugé.

Il secoua la tête, un soupçon de frustration dans la voix.

— Je ne vais pas me lamenter sur tout ça. Tout ce qui s'est passé, c'est de ma faute. Je n'ai pas choisi d'être le héros.

Ses mots résonnèrent avec une honnêteté crue, révélant un poids qu'il portait depuis trop longtemps.

Hermione l'observa avec une intensité réconfortante, ses yeux pleins de compassion.

— Écoute, Harry. Ce n'est pas juste ta faute. Tu n'as pas choisi d'être le héros, ni d'endosser ce fardeau. Tu as fait ce que tu pensais être juste, et parfois, la vie nous met dans des situations impossibles. Écrire peut t'aider à voir cela d'une autre manière.

Harry soupira, balançant sa tête d'un côté à l'autre, hésitant. Il voulait tourner la page, ne pas replonger dans les ténèbres de son passé. Sa vie avait été trop marquée par des événements tragiques, et il désirait simplement avancer.

Ron, toujours le farceur, intervint avec un sourire.

— Ça pourrait être marrant, tu sais. Si tu tombes sur quelqu'un d'intéressant, qui sait où ça peut mener.

Les mots de Ron, bien que légers, lui donnèrent à réfléchir. Peut-être que partager des anecdotes banales, des événements quotidiens, serait une façon d'échapper aux ombres du passé. Mais, malgré cela, il craignait de se retrouver à écrire sur ses peurs, ses erreurs, et il se sentait accablé à l'idée de revivre ces émotions.

McGonagall reprit la parole, sa voix empreinte de bienveillance.

— Écrire peut être une façon de se libérer des pensées négatives. Parfois, mettre des mots sur une page aide à mieux comprendre ce que l'on ressent. Je vous encourage à essayer.

Harry baissa les yeux, contemplant son assiette remplie de mets appétissants mais qu'il ne goûtait pas vraiment. Peut-être qu'écrire sur des choses simples, sur des moments du quotidien à Poudlard, pourrait être bénéfique. Il imagina un instant écrire sur les petits plaisirs de la vie, les défis humoristiques qu'il affrontait avec ses amis. Cependant, le poids de ses souvenirs l'écrasait encore.

Hermione, sentant son hésitation, lui lança un regard persistant.

— Regarde, si tu écris à quelqu'un et que ça ne te plaît pas, tu peux toujours arrêter. Mais au moins, essaie ! Ça ne te coûte rien. Tu n'es pas seul dans cette histoire, Harry.

Il leva les yeux vers Hermione, reconnaissant sa persistance. Peut-être que, au lieu de se concentrer sur le poids de son passé, il pourrait simplement partager des anecdotes légères. Les épreuves étaient une part de lui, mais cela ne définissait pas tout ce qu'il était.

— D'accord, je vais essayer. Mais je ne veux pas que ce soit trop sérieux. Je ne suis pas là pour faire le psy.

Sa voix était teintée de défi, mais une lueur d'espoir commençait à percer dans son esprit. Peut-être qu'écrire pourrait offrir une évasion, une porte ouverte sur un nouveau chapitre de sa vie.

Hermione, satisfaite, lui sourit.

— C'est tout ce que je demande. Juste un essai. Qui sait, tu pourrais même te surprendre.

Ron émit un petit rire, amusé par la situation.

— Et si tu reçois une lettre bizarre, tu auras de quoi raconter pendant des semaines !

Les rires fusèrent à la table, et Harry ne put s'empêcher de sourire, la tension se dissipant peu à peu. Alors que McGonagall finissait son discours avec un mot d'encouragement, il réalisa que cette initiative pourrait en effet être une manière de se connecter avec d'autres élèves, sans avoir à se plonger dans les douleurs du passé.

Alors qu'il réfléchissait à ce qu'il écrirait, une petite lueur d'espoir se forma en lui. Peut-être qu'en partageant des mots, il pourrait également commencer à construire de nouveaux souvenirs, des souvenirs qui le libéreraient des chaînes de ses angoisses. Les possibilités se déployaient devant lui, et peut-être que cette année scolaire, il pourrait trouver un équilibre entre le passé et l'avenir, entre le souvenir et l'espoir.

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anonymat (drarry )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant