anonymat (drarry )

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Cela ne faisait que deux jours qu'Harry avait déposé sa première lettre dans la boîte de correspondance anonyme, et bien qu'il n'ait jamais voulu l'admettre, il se surprenait à espérer une réponse. À Poudlard, la routine reprenait doucement son cours, mais pour lui, chaque jour était encore marqué par les séquelles de la guerre. Le château se reconstruisait lentement, tout comme les élèves.

Après le déjeuner, il décida de se rendre à la volière, poussé par une curiosité qu'il n'osait pas analyser. S'attendant à y trouver le vide, il fut agréablement surpris de découvrir une lettre déjà déposée dans la boîte.

D'un geste pressé, Harry la saisit et s'installa sur un banc en pierre, un peu à l'écart. Son cœur s'accéléra alors qu'il déchirait l'enveloppe et dépliait le parchemin, légèrement nerveux.

Salut,

Je ne pensais pas répondre, mais finalement, je l'ai fait. Honnêtement, je ne suis pas du genre à partager mes pensées, surtout avec un inconnu. Mais voilà, je t'écris cette lettre.

Tu te sens seul ? Tu n'es pas le seul. Après tout ce qui s'est passé, il est difficile de prétendre que tout va bien. Les gens poursuivent leur vie comme si rien n'avait changé. Ils ne comprennent pas, ou peut-être ne veulent-ils pas comprendre. Pour ma part, j'ai vu trop de choses pour passer à autre chose. Je suppose que tu ressens la même chose.

Quant à moi... disons que j'ai pris un chemin différent de ceux qui m'entourent. J'en avais assez de tout cela, et j'ai dû faire un choix. Ce n'était pas facile, mais c'était nécessaire. Maintenant, je vis avec. Cela ne change pas grand-chose.

Voilà donc ma réponse. Peut-être que ça ne signifie rien, mais c'est tout ce que j'ai pour le moment.

Un inconnu à un autre inconnu.

Harry relut la lettre plusieurs fois. Ce ton direct et un peu brusque laissait entrevoir que son correspondant avait également traversé des épreuves difficiles. Les mots semblaient chargés de regrets et de choix complexes.

Sans trop savoir pourquoi, il ressentit une connexion étrange avec cette personne. Il replia la lettre et la glissa dans sa poche. Peut-être était-ce l'échange qu'il avait espéré, un moyen d'exprimer ses propres pensées sombres sans les partager avec ceux qu'il connaissait trop bien.

Les événements prenaient un tournant inattendu, et il n'avait pas encore conscience de la direction que cela allait prendre.

◇◇◇◇◇◇

De son côté, Hermione Granger commençait à ressentir une forte envie d'écrire une lettre dans le cadre de cette initiative de correspondance anonyme. La guerre avait laissé des marques indélébiles sur chacun d'eux, et même si Harry semblait aller mieux, elle savait que beaucoup de sentiments demeuraient inavoués. Elle avait besoin d'un moyen d'expression, d'un espace où elle pourrait libérer ses pensées sans crainte de jugement.

Assise à une table isolée dans la salle commune de Gryffondor, Hermione observait ses camarades rire et plaisanter. Pourtant, elle se sentait comme si elle vivait dans une bulle à part. Un frisson d'angoisse la traversa alors qu'elle sortait un morceau de parchemin. Elle devait coucher ses pensées sur le papier, mais que dire ? L'hésitation l'envahissait.

Bonsoir,

Je ne sais pas vraiment par où commencer. Écrire à un inconnu peut sembler étrange, mais peut-être que c'est ce dont j'ai besoin. Tout le monde fait comme si rien n'avait changé, mais pour moi, c'est loin d'être le cas. La guerre a laissé une empreinte sur moi que je ne peux pas effacer.

Il y a des moments où je me sens entourée de gens, mais à l'intérieur, c'est le vide. J'ai peur de partager mes sentiments. Je sais que mes amis se soucient de moi, mais je ne veux pas leur imposer mon fardeau. Peut-être est-il plus facile d'écrire à un inconnu ?

Je me demande si tu ressens la même chose. As-tu aussi des moments de solitude ? T'inquiètes-tu pour l'avenir ?

Je porte des cicatrices invisibles, et je suppose qu'il existe des âmes brisées cachées derrière des sourires. Si tu es d'accord, j'aimerais savoir ce que tu ressens vraiment.

Une âme brisée à un autre inconnu.

Hermione relut sa lettre, trouvant ses mots à la fois trop personnels et pourtant nécessaires. Elle plia le parchemin et le serra dans sa main. Une boule au ventre lui rappelait combien il était difficile de s'ouvrir, même de manière anonyme. Elle savait que c'était un processus essentiel, mais la nervosité demeurait.

Après une profonde inspiration, elle se leva et se dirigea vers la volière, le cœur battant. En entrant, le bruit des hiboux et des chouettes l'enveloppa. Elle trouva la boîte de correspondance, son esprit tourbillonnant d'anticipation. Les mots qu'elle avait écrits prenaient tout à coup une dimension plus réelle, une façon de partager un peu de son fardeau.

Elle glissa la lettre dans la boîte et, en se retournant, une vague de soulagement la submergea. Étrangement, elle se sentit un peu plus légère. Peut-être que ce processus l'aiderait à comprendre non seulement les autres, mais aussi elle-même.

En quittant la volière, elle jeta un regard à son poignet. La cicatrice qu'elle y voyait, témoin d'un moment douloureux, lui rappela combien elle avait souffert, mais aussi combien elle était résiliente. Une larme glissa le long de sa joue et se mêla à la cicatrice, symbole de la douleur et de la force qui l'habitaient.

Elle essuya rapidement sa larme, déterminée à avancer. Alors qu'elle marchait, elle ignorait encore qu'Harry recevait en ce moment même une lettre de Drago, réponse à ses propres inquiétudes. Comme tous les autres, elle espérait que cet échange de mots apporterait un peu de lumière durant cette période de reconstruction.

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