Yes, Misses

Le calme avant la tempête. ( prologue )

" Le danger est plus proche que tu ne le crois..."

Encore ce genre de message, que je reçois par SMS, toujours d'un numéro different. 

Ma vie, jusqu'à récemment, ressemblait à un long fleuve tranquille. Rien d'extravagant, rien de compliqué. Juste une routine simple, douce, et surtout rassurante. Je vivais dans une grande maison confortable avec mes parents, une maison qui donnait l'impression d'être isolée du monde, entourée de jardins soignés et d'une tranquillité presque écrasante. L'endroit parfait pour se sentir en sécurité. Jusqu'à maintenant, en tout cas.

Mon père, Ethan, était un homme de principes, droit, toujours impeccable dans ses costumes sur mesure. Son travail dans la sécurité privée lui donnait un certain prestige, mais je n'avais jamais vraiment cherché à comprendre ce qu'il faisait concrètement. C'était toujours un sujet flou pour moi. Je savais qu'il travaillait avec des entreprises importantes, des contrats de protection, mais rien qui ne m'ait jamais inquiété. Jusqu'à récemment.

Ma mère, Sarah, était l'âme de la maison. Calme, toujours présente avec une parole douce ou un geste réconfortant, elle gérait tout d'une main de maître. Contrairement à mon père, elle ne cachait rien, mais c'était une maîtresse dans l'art de protéger ses proches du stress. Elle savait exactement comment créer une atmosphère sereine, mais maintenant, je me rendais compte qu'elle cachait sans doute des inquiétudes plus profondes qu'elle ne voulait me montrer. 

Puis il y avait mes amis. Nous étions un petit groupe assez soudé depuis le lycée : Claire, qui était ma meilleure amie depuis la maternelle, et Jake, notre ami commun un peu fou mais toujours là pour nous faire rire. Claire et moi, on se parlait de tout, vraiment de tout. Elle était toujours la première à savoir si quelque chose n'allait pas, et on avait passé des nuits entières à débriefer nos moindres problèmes. Enfin, avant que je commence à lui cacher des choses.

Et puis il y avait Mat. Mon Mat. Mon petit ami depuis deux ans, celui avec qui tout semblait si simple. On se connaissait depuis l'enfance, nos familles étaient proches, et tout le monde pensait que nous finirions ensemble un jour ou l'autre. Et ils avaient raison. Mat était ce genre de garçon gentil, fiable, presque trop parfait. Il me donnait toujours l'impression que tout allait bien, que rien ne pouvait nous atteindre. Je l'aimais, bien sûr, mais ces derniers temps, j'avais du mal à me sentir aussi connectée à lui qu'avant. Peut-être parce que j'avais commencé à avoir des secrets.

Parce que, voilà, il y avait ces messages.

Le premier est arrivé il y a environ trois mois. C'était un matin ordinaire, rien de spécial. Je me préparais pour aller en cours, j'avais vérifié mes mails, puis, sur mon téléphone, j'ai vu cette notification d'un numéro inconnu. Un simple message, mais il avait immédiatement déclenché un frisson. « Fais attention à toi. »

Pas de signature. Pas de contexte. Juste ces quatre mots inquiétants. J'avais d'abord cru à une erreur, ou à une mauvaise blague. Je l'avais ignoré, pensant que c'était probablement une plaisanterie stupide ou un spam.

Mais les messages ont continué. Ce n'était pas tous les jours, ni même toutes les semaines. Juste de temps en temps, un SMS venant d'un autre numéro inconnu. Ils n'étaient jamais très longs, mais toujours dans le même ton : mystérieux, inquiétants. « Tu n'es pas à l'abri. » « Tu ne sais pas à qui tu fais confiance. » « Ce n'est que le début. »

Au début, j'avais voulu en parler à Claire, ou peut-être même à Mat, mais je ne l'ai jamais fait. J'avais peur qu'ils me prennent pour une paranoïaque ou qu'ils pensent que je me faisais des idées. Et puis, il n'y avait aucune preuve concrète. Je ne savais même pas qui m'envoyait ces messages, ni ce qu'ils voulaient dire. Peut-être que ça n'avait aucun sens, après tout.

Alors j'avais choisi de les ignorer. Effacer les SMS à chaque fois, sans répondre. Sans en parler à qui que ce soit. C'était comme si j'espérais que, tant que je n'y prêtais pas attention, ils disparaîtraient d'eux-mêmes. Mais ils ne disparaissaient pas.

Au fond, je crois que j'avais peur d'admettre que quelque chose clochait. Que peut-être ma vie parfaite n'était pas si parfaite. Parce qu'il y avait aussi d'autres petits détails que je préférais ignorer. Comme cette voiture qui semblait toujours garée pas très loin de la maison ces dernières semaines. Ou cet homme que j'avais remarqué plusieurs fois en ville, toujours dans mon champ de vision, sans jamais m'approcher. J'avais mis tout ça sur le compte de mon imagination.

Mais, chaque fois que je recevais un nouveau message, mon estomac se nouait. « Reste sur tes gardes. »

Je me forçais à garder ça pour moi. Même avec Mat, je faisais semblant que tout allait bien. Après tout, comment pouvais-je lui parler de ça quand je ne comprenais même pas ce qui se passait ? Mat m'aimait, il voulait me protéger, je le savais. Mais j'avais peur qu'il ne prenne pas ça au sérieux, ou pire, qu'il en parle à mes parents, et que tout devienne incontrôlable.

Alors je continuais comme si de rien n'était. J'allais à mes cours, je voyais mes amis, je passais du temps avec Mat. Mais chaque message me rappelait que quelque chose de plus sombre se tramait, quelque chose que je ne pouvais pas ignorer éternellement.

Et maintenant, alors que j'étais assise dans la cuisine avec mes parents, je me demandais si tout cela n'était pas lié. Si ces messages anonymes n'étaient pas le signe que ma vie si bien réglée était sur le point de s'effondrer.

Parce qu'au fond de moi, une petite voix commençait à murmurer.

Et si j'avais raison d'avoir peur ? Et si ces messages étaient plus qu'un jeu ou une farce ?