Yes, Misses

L'ombre d'un changement

La soirée s'installait lentement alors que Mat me raccompagnait chez moi. Nous avions passé une belle journée, mais la tension persistait, comme une ombre silencieuse derrière nos rires. Je lui tenais la main, mais mon esprit était ailleurs, tourné vers le message mystérieux qu'il avait découvert. En pénétrant dans ma maison, je me sentis un peu plus en sécurité, mais je savais que cela n'allait pas durer.

Mat me serra une dernière fois dans ses bras avant de s'éloigner, son regard inquiet me suivant alors que je fermais la porte. Je pris une profonde inspiration, tentant de laisser derrière moi les pensées sombres qui m'assaillaient.

Dès que je fus à l'intérieur, je remarquai mes parents, assis dans le salon, leurs expressions sérieuses contrastant avec le reste de la maison qui semblait si accueillant. L'atmosphère était tendue, et je sentis un frisson parcourir mon dos. Qu'est-ce qui se passait ?

- Harper, viens t'asseoir un moment, dit ma mère, sa voix douce mais ferme.

J'obéis, me dirigeant vers eux, mon cœur battant la chamade. Je savais qu'ils avaient quelque chose d'important à me dire.

- Comment s'est passée ta journée ? demanda mon père, essayant d'adoucir l'atmosphère. Mais je pouvais voir la gravité de son regard.

-C'était bien, on a été au café et on a marché au parc, répondis-je, cherchant à éviter les détails. Je ne voulais pas qu'ils s'inquiètent plus que nécessaire.

- Écoute, Harper, il faut qu'on parle de quelque chose de sérieux, commença ma mère, son visage marqué par une inquiétude que je n'avais jamais vue auparavant.

-Nous avons discuté avec quelques amis, et nous pensons qu'il serait peut-être sage d'engager un garde du corps pour toi, au moins pour un temps, poursuivi mon père.

Un silence pesant s'installa alors que leurs paroles s'imprégnaient en moi. Engager un garde du corps ? Cela semblait complètement excessif.

- Maman, papa, je vous promets que tout va bien, dis-je, essayant de minimiser leur inquiétude.

- Harper, poursuit mon père, ce n'est pas une punition, nous avons des raison d'être inquiets. ces messages anonyme...

Un frisson d'angoisse parcouru mon corps. Comment étaient-ils au courant ?

- Comment savez vous pour les messages ? dis-je en l'interrompant.

-Comment ça ?

- Tu en reçois toi aussi ? demanda ma mère.

J'avoue que là je ne comprends pas trop ce qu'il se passe alors je laisse ma mère continuer.

- ça fais plusieurs jours qu'on reçois des messages anonymes et nous avons pris peur avec ton père. Mais nous savions pas que tu en recevait aussi, pourquoi ne pas nous l'avoir dis ?
 
- Je ne voulais pas vous inquiéter je pensais que c'était des spam ou une mauvaise blague. Mais un garde du corps ? C'est trop, je ne veux pas être traitée comme une prisonnière ! m'exclamai-je, presque désespérée.

- Nous avons pris cette décision pour te protéger Harper, ce n'est pas une punition. 

Je croise les bras,  je trouve que ce n'est pas la meilleure décision. Je n'ai pas envie d'être suivi, observer ou même protéger par quelqu'un. 

- Et qui est ce ? 

- Il s'appel Isaac, il commencera demain, m'annonça mon père. 

Ce nom résonna dans ma tête, Issac. Mais je suis assez grande pour me protéger toute seule. Ils m'ont toujours vue comme une enfant, mais j'ai dix-neuf ans je n'en suis plus une. Je me lève, pour mettre un terme à cette conversation, en disant. 

- Je n'ai pas besoin de lui.

Une fois dans ma chambre, j'étais allonger sur mon lit, je fixais le plafond, essayant de mettre de l'ordre dans mes pensées. Isaac. Un garde du corps. Pour moi. L'idée me paraissait à la fois ridicule et terrifiante. Comment en était-on arrivé là ? En quelques jours, ma vie semblait avoir pris une tournure que je n'avais jamais imaginée. 

Mes parents étaient inquiets, je le comprenais bien, mais cette décision... Elle me pesait. J'essayais de ne pas leurs en vouloir, mais c'était difficile de ne pas me sentir en colère. Colère qu'ils ne m'aient pas fait confiance pour gérer la situation.Engager un garde du corps, c'était comme admettre que je n'avais aucun contrôle sur ma vie. Que j'étais trop fragile pour me défendre seule. Mais ce n'était pas vrai, n'est-ce pas ? Je pouvais gérer tout ça. Les messages, l'inquiétude... J'avais tout enfoui, tout gardé pour moi, pensant que ça finirait par disparaître. Mais maintenant, c'était comme si tout ça me revenait en pleine figure, et je devais faire face.

Je me retournai sur le côté, serrant l'oreiller contre moi. Isaac... Ce type était un parfait inconnu, et maintenant il allait être avec moi tout le temps. À l'école, après les cours, même quand j'irais simplement prendre un café avec Mat ou voir mes amis. Je n'arrivais pas à me faire à cette idée. Avoir quelqu'un constamment dans mon ombre, me suivant, m'observant.

C'était peut être la bonne décision pour ma sécurité .Mais au fond de moi, je savais que les choses ne seraient plus jamais les mêmes.