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Cinq jours s'étaient écoulés depuis ce moment étrange avec Jordan. Depuis, Gabriel ne l'avait pas revu lors de ses brèves apparitions à l'Assemblée. Pourtant, sans vraiment comprendre pourquoi, il se surprenait à le chercher instinctivement, comme si quelque chose en lui attendait de le revoir.

Aujourd'hui , Gabriel avait un débat prévu avec cet homme qui hantait son esprit ces derniers jours. Déterminé à l'emporter, il s'entraîne encore et encore avec ses assistants, relisant sans cesse les sujets susceptibles d'être abordés, ainsi que les réponses qu'il peut anticiper face au plus jeune.

« Santé publique, éducation, économie post-COVID... » marmonne Gabriel en relisant les feuilles dans ses mains sur son bureau.

Il était si absorbé qu'il ne remarqua pas Lila qui était entrée dans son bureau. Ce n'est que lorsqu'il leva enfin les yeux qu'il s'aperçut qu'elle était assise devant lui, le fixant intensément.

« Tu ne me remarques que maintenant ? » plaisante Lila.

« Désolé, je ne t'avais pas vue entrer, » réplique Gabriel.

« Je vois ça. Tu as l'air totalement absorbé par ce débat, alors que tu n'as même pas besoin de ces fiches pour réussir haut la main, » dit-elle, un sourire d'encouragement aux lèvres.

« La dernière fois, j'avais sous-estimé mon adversaire. Il est plus futé qu'il n'en a l'air... Cette fois-ci, ce sera différent, »

« Je crois en toi ! Je te laisse travailler. Dès que tu as fini, rejoins-moi à la cafétéria ! » dit Lila en se levant pour quitter la pièce, lançant à Gabriel un dernier petit sourire. Il hocha la tête et lui rendit immédiatement son sourire.

Gabriel était ambitieux. Sans vraiment comprendre pourquoi, il se sentait moins stressé ces derniers temps ; il dormait mieux et voyait moins de cauchemars.

Gabriel, d'un air pensif, se demande si cela pourrait être à cause de Jordan... « Reprends-toi, » se murmure-t-il dans la barbe, avant de se donner de légères gifles sur le visage, constatant que ses joues commençaient à rougir.

Il ne pouvait pas l'apprécier aussi rapidement. Non, il ne pouvait pas l'apprécier tout court. Ils étaient ennemis.

Bien qu'il fût reconnaissant envers Jordan pour cette soirée, cela ne devrait pas entraver leur relation, marquée par une profonde haine politique.

« Allez, j'ai du boulot. Il faut que j'arrête de perdre mon temps à réfléchir à des futilités, » se murmure-t-il.

***

Le grand soir est enfin là. Les deux hommes se trouvent dans leurs loges respectives, chacun se préparant pour ce moment décisif.
Gabriel, face au miroir, vérifie une dernière fois son costume. Chaque geste du maquilleur, chaque ajustement de sa cravate ne fait qu'accentuer la tension qui s'empare de lui. Il se sent envahi par l'anxiété. Pourtant, il essaie de se concentrer, de répéter mentalement les arguments qu'il a soigneusement préparés.

Les minutes s'égrènent lentement. Une voix résonne dans le couloir, annonçant qu'ils doivent se rendre sur le plateau. Gabriel prend une profonde inspiration, sa main tremblante ajustant le col de sa veste. Mais derrière cette façade, il ne peut s'empêcher de penser à Jordan, à cette présence qui le trouble plus qu'il ne voudrait l'admettre.

Dans le couloir, leurs chemins se croisent. Une tension palpable s'installe aussitôt. Jordan lui adresse un sourire confiant, presque malicieux. Gabriel tente de rester impassible, mais son cœur s'emballe. Il sait qu'il doit se concentrer, que ce soir est crucial.

Une fois sur scène, les projecteurs illuminent leurs visages. Le débat commence et, très vite, les échanges se font vifs, acérés. Les mots fusent, portés par la passion et l'émotion. Gabriel essaie de garder le contrôle, mais quelque chose dans l'attitude de Jordan le déstabilise. Ses sourires en coin, son regard perçant... Chaque échange semble être un défi, un jeu qui dépasse la simple confrontation politique.

Par-delà les discoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant