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Je suis debout, terrifié, dans cette cour des plus immenses, entouré de ces personnes qui me haïssent tant. Cette scène se rejoue sans cesse, encore et encore, et je revois tous ces yeux qui me fixent. Ils se moquent de moi, me jugent et me dévisagent de travers. Je me sens mal à l'aise à être constamment raillé et montrer du doigt. J'ai besoin d'aide... J'ai besoin que quelqu'un m'aide et me sorte de cet enfer...

« Tafiole ! » crie un garçon, debout dans la foule, un rictus moqueur au coin des lèvres.

La foule se met à rire aux éclats, me regardant de manière dédaigneuse.

« Il est gay, eurk ! » s'exclame un de ses camarades.

« Attention, il va nous contaminer, courez !! » ajoute un autre garçon avant qu'ils ne se mettent tous à s'esclaffer, et à courir tout en me regardant comme si j'étais un monstre, une créature répugnante.

« Je n'ai rien fait ! Arrêtez ! Pourquoi vous me faites ça ? » crié-je, désespéré.

J'étouffe, je dois savoir : pourquoi moi ? La gorge nouée, les larmes menaçant de couler, je me demande ce que j'ai fait pour mériter ça. Pourquoi moi ?

« Car les homos, c'est dégoûtant ! » répond la foule à l'unisson.

Je me fige à cette réponse, qui est d'une cruauté sans nom. Certes, je suis homosexuel, mais cela ne justifie pas toute cette haine ?

Méritais je toutes ces moqueries ? Toutes ces injures ?

Je décide d'avancer vers cette foule qui me méprise du regard, me toisant comme si je n'étais pas humain, mais plutôt comme si j'étais un alien venu d'une autre dimension.

« FUYEZ, IL VA NOUS TOUCHER !! » braille une fille avant que la foule ne se disperse à nouveau sous un brouhaha de rires.

« Quoi ? Mais pourquoi ! »

Gabriel se redresse brusquement, encore tourmenté par ce vieux souvenir qui le hante et le poursuit chaque nuit.

Ce n'est qu'un cauchemar.

Il s'assied sur son lit, prend le temps de respirer profondément et de rassembler ses esprits pour retrouver son calme. Se levant pour aller chercher un verre d'eau, il se sent oppressé, comme si ce souvenir l'étouffait.

Gabriel est habitué à ce cauchemar. Ce n'est pas un simple mauvais rêve, mais bien la répétition incessante des traumatismes qu'il a vécus durant ses difficiles années d'adolescence.

Issu d'une famille aisée, Gabriel avait toujours fréquenté des écoles privées prestigieuses. Son père, un homme à la carrière professionnelle admirable, offrait à son fils une éducation privilégiée. Dès son plus jeune âge, Gabriel se distinguait par son intelligence et ses talents. Il avait fait sa première apparition publique lors d'une interview où, plein d'enthousiasme, il parlait de son rêve de devenir célèbre, inspiré par son père, producteur de cinéma. Fière de suivre les traces de son père, il s'était lancé dans le théâtre, et ses talents avaient rapidement été reconnus. Gabriel savait comment attirer les éloges et les regards positifs sur lui.

Mais en grandissant, Gabriel réalise quelque chose qui changera tout. Il éprouve une attirance pour les hommes. Cette découverte le terrifia. Que diraient ses proches ? Ses amis ? Pour la première fois, il avait peur de ses choix.

Au collège, il tente de dissimuler sa sexualité, se fondant dans la masse pour éviter tout soupçon. Jusqu'au jour où il tombe amoureux d'un garçon de sa classe. Ce garçon, adorable et attentionné, lui donnait l'impression de le comprendre d'une manière unique. Gabriel découvre alors son premier amour, mais la peur le paralyse. Comment réagirait son ami s'il apprenait la vérité ?

Sous les encouragements de sa meilleure amie, Gabriel prend son courage à deux mains et avoue ses sentiments. Mais ce fut une erreur terrible...

« T'ES SÉRIEUX ? TU ME DÉGOÛTES, DÉGAGE ! »

Ces mots résonneraient pour toujours dans l'esprit de Gabriel, marquant le début d'un harcèlement incessant qui dura toute l'année.

En classe de 4e, incapable de supporter davantage la haine et la persécution, il changea de collège, jurant de ne plus jamais révéler sa sexualité à quiconque. Mais une fois encore, les choses ne se déroulèrent pas comme prévu...

Gabriel se rinça le visage et leva les yeux vers le miroir. Ce qu'il vit fut un homme épuisé, rongé par le stress et écrasé par le poids de son quotidien. Il était fatigué. Épuisé de tout. Le bonheur semblait lui échapper, comme s'il était devenu une machine dénuée de vie. Il se sentait seul. Si seul.

Aujourd'hui, Gabriel était ministre délégué chargé des comptes publics et député du parti macroniste. Sa carrière politique, bien que brillante, ne l'avait pas délivré de ses démons intérieurs. Les élections législatives approchaient et, après la réélection d'Emmanuel Macron, la pression sur ses épaules ne faisait que croître.

Sa dernière relation avec le député européens Stéphane Séjourné, terminée dans de mauvaises circonstances , l'avait plongé au cœur des critiques publiques. Les jugements ne venaient pas seulement du peuple, mais aussi de ses collègues députés, chaque jour devenant un nouveau combat contre le regard des autres.

Il n'en pouvait plus. Le poids de son passé, ajouté à la pression de son quotidien, devenait insupportable. Gabriel étouffait. Il avait besoin d'aide, mais ne savait plus où la trouver.

Mais il devait avancer, il devait se battre ! Demain, Gabriel devait se préparer, il devait gagner les élections législatives et, pour cela, battre ses adversaires. Gabriel devait assister à de nombreux débats face à différents partis, alors pas le temps de se morfondre sur son sort !

A suivre.

Par-delà les discoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant