7.

252 15 4
                                    

Alors que les pas de Jordan s'estompent dans le couloir, Gabriel sent une vague de frustration l'envahir. Il est perdu, en proie à une confusion qu'il ne peut ignorer. Pourquoi cette tension, cette proximité qu'il refuse de nommer mais qu'il ressent de plus en plus intensément ? Ce jeu, qu'il pense politique, devient de plus en plus personnel, et Gabriel ne sait plus s'il veut le fuir ou s'y plonger complètement.

Il passe une main tremblante sur son visage, comme pour se ressaisir. Il sait qu'il ne peut pas rester là indéfiniment, mais l'envie de comprendre le hante. Une partie de lui veut courir après Jordan, exiger des réponses claires, mais l'autre, plus rationnelle, lui ordonne de reprendre le contrôle de la situation, de ne pas se laisser emporter par ces sentiments nouveaux et déstabilisants.

Gabriel rentre finalement chez lui, le visage impassible, mais son esprit en ébullition. Les mots de Jordan résonnent encore dans sa tête, mais c'est surtout son regard, ce mélange de défi et de curiosité, qui le hante. Il n'arrive pas à comprendre pourquoi cet homme, presque un inconnu, a déjà un tel impact sur lui.

Il se laisse tomber dans son fauteuil, laissant échapper un soupir. Ce n'est pas la première fois qu'il affronte quelqu'un dans une situation tendue, mais jamais il n'a ressenti cette espèce d'électricité, cette tension qui rend chaque échange plus lourd de sens qu'il n'y paraît. Jordan a un pouvoir perturbant sur lui, et il ne sait pas encore s'il s'agit d'une simple provocation ou de quelque chose de plus complexe.

Il passe la main sur son visage, essayant de retrouver un semblant de calme. Mais plus il y pense, plus il réalise que cette situation ne ressemble à aucune autre. Le contrôle lui échappe, et cela le dérange profondément. Pourtant, il ne peut s'empêcher de vouloir comprendre. Jordan semble avoir un plan, une stratégie qui va bien au-delà des discussions ou des confrontations de façade. Gabriel est habitué aux jeux politiques, mais celui-ci lui semble bien plus subtil, presque intime.

Se levant, il fait les cent pas dans son salon, ses pensées se bousculant. Il tente de se rappeler les détails de leur rencontre, de comprendre ce qui l'a déstabilisé. Était-ce la manière dont Jordan le fixait, ce regard qui semblait vouloir percer à jour ses moindres pensées ? Ou bien cette sensation étrange qu'il avait de ne pas maîtriser la situation ?

" Peut-être que c'est toi que je cherche." Gabriel ne cesse de repenser à ces mots encore et encore. Qu'a-t-il bien voulu dire par là ? Peu importe ce que c'était, il sent que quelque chose va changer, et cette incertitude lui pèse. Pourtant, malgré cette confusion, une part de lui est étrangement attirée par ce mystère. Il aurait pu passer à autre chose, ignorer ces pensées troublantes et se concentrer sur les défis plus immédiats qui l'attendent. Mais ce n'est pas aussi simple.

***

Gabriel se réveille tôt ce matin-là, bien avant que son réveil ne se déclenche. Il est 5h30, et la lumière pâle de l'aube commence à s'infiltrer à travers les rideaux de sa chambre. Il n'a que quelques heures de sommeil derrière lui, mais il se sent étrangement éveillé, comme si quelque chose en lui refusait de céder à la fatigue.

En silence, il quitte son lit, enfile un pull en laine par-dessus son t-shirt et se dirige vers la cuisine. Le bruit du café qui coule dans la cafetière rompt le silence de l'appartement, offrant une pause bienvenue dans le tourbillon de ses pensées. Il savoure ces moments matinaux, quand la ville est encore endormie et que le monde semble suspendu dans une parenthèse de tranquillité.

Ce matin-là, il décide de sortir avant même que la ville ne s'éveille complètement. Une promenade dans les rues vides de Paris accompagnée de Volta lui fait du bien. Il aime ces instants où la capitale n'est pas encore envahie par le bruit et la foule, où il peut observer le lever du jour en paix.

Par-delà les discoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant