Of Shadows and Tears

Prologue

Leya, 10 ans

La vallée des Larmes. Ce nom, je ne l'ai jamais compris. Pour moi, elle était un paradis caché, une oasis où la nature s'épanouissait en silence. Le soleil brillait haut dans le ciel ce jour-là, enveloppant tout d'une lumière dorée, comme si rien ne pouvait troubler la paix de ce lieu. Pourtant, un malaise s'insinuait doucement, imperceptible.

Je jouais dans la colline derrière chez moi avec Elias, mon meilleur ami. Comme tous les jours. Sa peau mate, ses cheveux bruns en bataille et ses yeux en amande, pétillants de malice, faisaient de lui un compagnon idéal. Il était le fils du médecin de la vallée, un homme apprécié pour sa bienveillance.

Les fleurs sauvages dansaient sous la brise, et les feuilles des arbres chuchotaient des secrets que nous seuls pouvions comprendre. Les rivières étincelaient comme des perles, serpentant à travers notre royaume vert. Elias et moi nous glissions à travers les rayons de soleil, les évitant comme si notre vie en dépendait. C'était notre jeu. "Si tu es touché, tu meurs", proclamait-il, un sourire aux lèvres. Nous combattions la mort avec l'insouciance de l'enfance.

Mais même alors, il y avait des murmures d'un monde plus vaste, des récits qui résonnaient dans ma tête. Mon grand-père m'avait parlé de ces lieux lointains, des grandes étendues d'eau salée, des montagnes crachant du feu. Ces contes étaient pour moi plus que des histoires — ils étaient une promesse d'évasion, de liberté. Elias croyait aussi à ces légendes. Ensemble, nous rêvions d'explorer ces horizons, loin des chaînes invisibles qui retenaient notre vallée.

Alors que je me perdais dans ces pensées, un frisson me parcourut. Les rires se turent autour de moi, et quelque chose changea. Je levai les yeux. Au loin, une silhouette furtive se glissait dans la direction de ma maison. Mon cœur se serra. Un pressentiment sombre naquit en moi, comme une ombre insidieuse.

Soudain, un cri perça l'air, brisant le calme idyllique.

- Leya, attends ! Elias me criait, mais sa voix n'était plus qu'un écho lointain.

Mon cœur battait à tout rompre alors que mes jambes me portaient plus vite que jamais. En arrivant, une horreur indicible m'attendait.

La porte de la maison était grande ouverte. À l'intérieur, des silhouettes se mouvaient, leurs gestes fluides et menaçants. Je me faufilai sous l'escalier, mon refuge habituel, espérant que le bois me cache. Mais la scène qui se déroulait devant moi me paralysa. Ma mère, entourée de ces ombres sombres, son visage figé entre la peur et la détermination, faisait face à l'impensable.

— Leya, cours ! hurla-t-elle, désespérée. Mais c'était trop tard.

Un hurlement silencieux monta en moi. Je voulais courir vers elle, mais mes pieds restaient figés au sol. Je voulais la sauver, mais j'étais impuissante. La scène se déroulait comme un cauchemar éveillé. Mon monde s'effondra en une explosion de violence et de désespoir.

Ce jour-là, ma mère disparut pour toujours, et avec elle, une part de moi. La vallée des Larmes n'était plus qu'un piège, une prison où j'avais perdu mon enfance. Mais une promesse s'éveilla dans mes ténèbres : je découvrirai la vérité, je vengerai ma mère, et j'irai au-delà des frontières invisibles de cette vallée.

Aujourd'hui, l'enfant que j'étais est morte, et je jure de ne plus jamais ressentir cette douleur. Désormais, il n'y a plus de place pour l'innocence en moi.