Chapitre 11 : Insaisissable

5 1 2
                                    

Kael

Je pousse la porte du bureau de Marcus, le poids des ombres déjà bien installé sur mes épaules. Comme à son habitude, l'obscurité règne ici, une pénombre calculée qui semble absorber chaque trace de lumière. Marcus est assis derrière son immense bureau de bois sombre, le visage crispé. Il essaie de masquer son agitation, mais je connais trop bien ses tics pour être dupe.

— On a un problème, commence-t-il, la voix plus tranchante que d'habitude. Deux hommes de la Bratva ont été retrouvés morts cette nuit.

Je croise les bras, le regard froid. Les affaires de la Bratva ne me concernent pas directement, mais je sais que c'est une épine dans le pied de Marcus. Une menace à son autorité.

— Ils ont été tués dans un bar que nous contrôlons. Un endroit où personne d'autre n'a accès. Personne n'aurait dû savoir qu'ils étaient là, ajoute-t-il, la mâchoire serrée.

Je sens son regard me peser dessus, comme s'il espérait une réaction, mais je reste impassible. Ce n'est pas la première fois qu'il me confie ce genre de mission, mais cette fois, il semble vraiment inquiet.

— Et ? dis-je, ma voix aussi glaciale que mon expression.

— Et je veux que tu enquêtes, Kael. C'était censé être un territoire sécurisé. Si quelqu'un a pu y entrer et en sortir, nous avons un problème bien plus grave que deux cadavres.

Je serre la mâchoire, frustré. Encore une mission où il m'utilise comme une arme. Chaque fois que quelque chose tourne mal, il se tourne vers moi. Comme s'il n'avait jamais assez d'hommes ou de contrôle pour gérer ses affaires lui-même.

— Peut-être que tes hommes ont simplement merdé, je réplique, incapable de contenir mon agacement.

Il se redresse, la peur qui brille dans ses yeux ne me surprend pas. Il me craint, même s'il essaie de jouer au chef. Il sait que je pourrais le briser si je le voulais, mais il sait aussi que je n'ai pas vraiment le choix. Pas après tout ce qu'il m'a pris et m'a fait devenir.

— Ce n'est pas une question de compétence, Kael. Je te demande de régler ça parce que toi, tu peux. Ne me fais pas regretter de t'avoir fait confiance. C'est une question de principe. Si quelqu'un pense qu'il peut venir chez nous et éliminer nos alliés, c'est nous tous qui sommes en danger.

Je le fixe un instant, puis je me détourne sans un mot. Je n'ai pas besoin de répondre. Il sait que je vais obéir. Après tout, je ne fais que ça.

***

Le loft que nous utilisons comme QG est exactement ce dont j'ai besoin après une conversation avec Marcus. C'est un grand espace ouvert où vivent Max et Adrian, mes frères d'armes, même si je préfère vivre seul. Cet endroit est notre refuge, loin du contrôle oppressant de Marcus. Un foyer, à notre manière.

Lorsque j'entre, Max est assis sur le canapé, plongé dans un livre. Adrian, lui, s'agite dans tous les sens, sa bonne humeur naturelle contrastant toujours avec l'ambiance pesante qui m'habite.

— Ah, Kael ! Tu es de retour de ta petite réunion avec le grand manitou ? ironise Adrian, en levant à peine les yeux de son téléphone. J'imagine qu'il t'a encore balancé une nouvelle mission super excitante ? Genre... laver ses chaussettes ?

Je soupire et me laisse tomber dans un fauteuil, une tension encore palpable dans mes muscles.

— Encore une merde avec la Bratva, grogné-je. Il veut que je m'occupe d'un meurtre dans un de ses foutus bars.

Max referme doucement son livre, son regard calme mais perçant posé sur moi. Toujours réfléchi, toujours à analyser, il ne parle que lorsqu'il a quelque chose de pertinent à dire.

Of Shadows and TearsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant