Chapitre 8 : Obsession

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Kael

Le grondement sourd des basses résonne dans le club, une pulsation régulière qui fait vibrer le sol sous mes pieds. Les lumières stroboscopiques déchirent l'obscurité, projetant des éclats violents de néons rouges et bleus. Autour de moi, des corps se pressent, se mêlent, dansent sous le rythme implacable de la musique électronique. Mais dans cet océan de mouvement et de chaleur, je reste immobile, les yeux légèrement plissés, observant la scène avec un détachement calculé.

Je suis dans le coin VIP, là où tout semble plus exclusif, protégé des regards indiscrets. Les fauteuils en cuir sombre, les tables basses couvertes de verres à moitié vides, et l'éclairage tamisé ajoutent une atmosphère presque intime à cet espace, malgré le chaos environnant. Mes amis sont là, comme toujours. Adrian, bruyant et désinvolte, plaisante avec deux filles assises à ses côtés, leurs rires se mêlant à la musique. Max, silencieux, les yeux rivés sur son verre, perdu dans ses pensées. Eva, elle, est assise non loin, son regard distant et froid.

Mais même dans cette bulle de distractions, mon esprit est ailleurs. Leya.

Elle occupe mes pensées depuis cette nuit. Ce n'est pas juste son allure ou son visage. Il y a quelque chose chez elle... une menace que je n'arrive pas encore à cerner. Elle dégage une force subtile, cachée derrière une apparente fragilité. Chaque geste, chaque regard est maîtrisé. Elle n'est pas comme les autres femmes que j'ai croisées dans ma vie. Elle cache quelque chose. J'en suis certain.

— Kael, tu es vraiment ailleurs ce soir, lance Adrian en se penchant vers moi, un sourire malicieux aux lèvres. Une femme, peut-être ?

Je laisse un sourire glacial étirer mes lèvres, mais je ne me presse pas pour répondre. Adrian est trop simple pour comprendre ce qui se passe réellement dans ma tête. Leya n'est pas une distraction. C'est un mystère à résoudre avant qu'elle ne devienne un problème pour Marcus, ou pour moi.

— Une femme ? C'est trop simpliste, dis-je finalement, avec une pointe de sarcasme dans la voix.

Adrian éclate de rire.

— Oh, allez, même toi, tu n'es pas insensible à un joli visage ! Mais en parlant d'affaires, comment ça se passe avec la famiglia Marconi ? J'ai entendu dire que tu as pris un contrat pour eux récemment.

Je me redresse légèrement à l'évocation de ce nom. La famiglia Marconi, l'une des plus influentes mafias italiennes. Ils m'ont engagé pour éliminer un rival politique trop ambitieux. Une affaire délicate, mais ordinaire pour moi.

— Rien de spécial. Un contrat, comme d'habitude, dis-je, jouant l'indifférence.

— "Rien de spécial" ? C'est pour ça que tu es une légende, Kael. On sait que lorsque tu acceptes un contrat, il est toujours exécuté à la perfection. Pas de questions, pas de détails inutiles. Juste le résultat. Et ce ne sont pas seulement les gars de Marcus qui te respectent. Les cartels, la mafia, même la Bratva te craignent. Tu réalises ce que ça signifie ?

Je l'observe, mes yeux froids, sans répondre immédiatement. Il n'a pas tort. Mais je n'ai jamais cherché cette réputation. Elle s'est forgée à travers mes actions. Chaque mission, chaque contrat exécuté avec une précision chirurgicale a renforcé ma position. Je travaille souvent avec mon quatuor, mais il m'arrive aussi d'agir seul. Ce monde d'ombres respecte la loyauté, et c'est ce qui m'a maintenu en vie.

— Ce n'est qu'un travail. Rien de plus, dis-je calmement, mes doigts jouant distraitement avec mon verre.

Adrian secoue la tête en riant.

— Toujours aussi modeste ! La plupart des types se seraient fait tuer après un seul contrat avec les cartels. Toi, tu es là, debout, et chaque jour un peu plus puissant. Même Marcus le sait. Il ne serait jamais assez fou pour t'empêcher de prendre d'autres contrats à côté.

Of Shadows and TearsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant