Chapitre 4: L'Ombre Persistante

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Les jours qui suivirent leur retour du cauchemar furent étranges pour Clara et Maxime. Malgré leur survie et la destruction apparente du miroir, une sensation oppressante continuait de peser sur eux. Maxime, encore faible et troublé par les souvenirs flous de son emprisonnement, ne parlait que très peu. Il se réveillait souvent la nuit, en proie à des cauchemars terrifiants où des ombres le pourchassaient, essayant de le tirer à nouveau dans l'obscurité.

Clara aussi sentait que quelque chose n'allait pas. Elle avait réussi à sauver son frère, mais une partie d'elle ne pouvait se débarrasser de la sensation que tout n'était pas résolu. Ce soir-là, alors qu'ils s'installaient autour du dîner, une question brûlait sur ses lèvres.

« Maxime... », dit-elle doucement, brisant le silence pesant. « Que s'est-il vraiment passé là-bas ? Qu'est-ce que tu te souviens de la maison ? »

Maxime leva les yeux vers elle, les sourcils froncés. « Tout est flou, Clara... Je me souviens du miroir. Je me souviens d'une présence, une ombre qui m'enveloppait, mais... c'était comme si je n'étais plus moi. Comme si quelque chose me retenait, m'empêchait de revenir. »

Il se tut un instant, puis baissa la tête. « Mais j'ai l'impression que je ne suis pas vraiment revenu. Pas entièrement. »

Clara sentit un frisson la traverser. Ces derniers jours, elle avait remarqué des changements chez son frère. Des détails subtils. Il restait parfois immobile, fixant dans le vide, et elle avait remarqué des ombres étranges danser autour de lui, comme si la lumière ne se comportait plus de façon normale en sa présence.

Cette nuit-là, elle décida de surveiller son frère. Alors que tout était silencieux dans la maison, elle s'assit dans l'obscurité, écoutant le souffle régulier de Maxime depuis sa chambre. Vers minuit, une sensation étrange s'empara d'elle. L'air devint glacé, et une légère brume semblait flotter dans le couloir.

Elle se leva, son cœur battant la chamade. En s'approchant de la porte de Maxime, elle entendit des chuchotements faibles, comme si plusieurs voix parlaient à l'unisson. Elle poussa la porte lentement.

Maxime était debout devant sa fenêtre, immobile, les yeux grands ouverts mais vitreux, fixant l'obscurité dehors. Clara l'appela, mais il ne réagit pas. Elle s'approcha, hésitante. C'est alors qu'elle remarqua une chose terrifiante : son reflet dans la fenêtre. Ce n'était pas Maxime qui se reflétait dans la vitre, mais l'ombre aux yeux rouges qu'elle avait vue dans le miroir.

Elle recula, horrifiée. « Maxime ! »

Il se retourna enfin, mais son regard était vide. « Clara... », murmura-t-il, d'une voix étrange. « Elle est encore là... Elle ne me laisse pas partir. »

Soudain, Maxime tomba à genoux, ses mains crispées sur sa tête. Des murmures indistincts emplirent la pièce, et l'air sembla se resserrer autour d'eux. Clara se précipita vers lui, mais dès qu'elle le toucha, un choc électrique la traversa, la repoussant violemment contre le mur. Elle vit alors l'ombre se détacher de Maxime, flottant autour de lui, comme si elle cherchait à fusionner à nouveau avec son corps.

Clara comprit alors ce qui se passait : même si le miroir avait été brisé, une partie de l'entité était toujours liée à Maxime. L'ombre n'avait pas été totalement détruite. Elle cherchait à reprendre son emprise sur lui, à finir ce qu'elle avait commencé.

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Clara savait qu'elle devait agir rapidement. Le contre-rituel n'avait été que partiellement réussi, et l'ombre n'abandonnerait pas facilement. Elle se souvint des morceaux du miroir qu'elle avait laissés derrière dans la maison. Peut-être que ces fragments détenaient encore une connexion avec l'entité. Si elle les retrouvait et les détruisait complètement, cela pourrait briser le lien.

Elle attrapa son manteau et, sans réfléchir, se précipita vers la Maison des Ombres, laissant Maxime derrière elle. La nuit était froide, et le vent sifflait à travers les arbres, mais Clara n'avait pas le temps de se laisser effrayer. Chaque pas la rapprochait du lieu maudit, et son cœur battait de plus en plus vite.

La maison apparut devant elle, toujours aussi sinistre et imposante. Les fenêtres brisées semblaient la regarder, et l'air autour de la maison était plus lourd, presque palpable. Elle poussa la porte, et cette fois, le silence à l'intérieur était assourdissant. Il n'y avait plus de murmures, plus de craquements de plancher. Juste une attente oppressante.

Clara se précipita vers la pièce où le miroir avait été brisé. Les morceaux étaient toujours là, éparpillés sur le sol. Elle les rassembla rapidement dans une toile qu'elle avait apportée, mais dès qu'elle toucha le plus grand fragment, une vague d'obscurité la submergea. Les murmures revinrent, plus forts cette fois, et l'air se mit à vibrer.

Elle se redressa, le souffle coupé, et vit l'ombre apparaître dans le coin de la pièce, grandissant à mesure qu'elle absorbait l'obscurité environnante. Cette fois, elle était plus puissante, plus tangible, et ses yeux rouges brillaient d'une lueur terrifiante.

Clara, le cœur battant à tout rompre, brandit un morceau du miroir devant elle. « Je sais ce que tu veux ! » cria-t-elle. « Mais tu n'auras pas Maxime ! »

L'ombre se jeta sur elle, mais Clara, avec une force qu'elle ne se connaissait pas, lança le plus grand fragment du miroir contre le sol, le brisant en milliers de minuscules éclats. Un cri déchirant s'éleva alors que l'ombre vacillait, se disloquant en d'innombrables filaments avant de disparaître complètement.

Le silence retomba, lourd et épais. Clara, épuisée, se laissa tomber au sol, les yeux embués de larmes.

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De retour chez elle, Clara trouva Maxime endormi, paisible pour la première fois depuis des jours. Les ombres autour de lui avaient disparu. Elle savait que cette fois, c'était terminé.

Cependant, alors qu'elle éteignait la lumière pour se coucher, un faible reflet apparut sur le bord de sa fenêtre. Un petit éclat de miroir, oublié dans sa poche, semblait briller d'une lueur étrange.

Et quelque part, dans l'obscurité, un murmure ténu résonnait encore.

La maison n'avait peut-être pas dit son dernier mot.

La maison des ombres Où les histoires vivent. Découvrez maintenant