Chapitre 7: Souffle brulant

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Du plus loin que je me souvienne, ma relation avec ma mère n'a jamais été bonne. Au contraire.
Depuis petite, j'ai toujours cherché son attention par n'importe quel moyen, mais ses rejets étaient toujours plus violents les uns que les autres. Je n'ai jamais compris pourquoi elle me détestait, je ne le comprendrai jamais.

Il fut un temps où j'essayais d'être la fille parfaite à ses yeux. Mais elle ne m'a jamais donné un seul regard, si ce n'est ceux de dégoût.

Puis, petit à petit, j'ai compris qu'il y avait des personnes dans ce monde qui ne pouvaient pas aimer.

Et d'autres qui ne pouvaient pas être aimées.

Je faisais partie de la deuxième catégorie. Un jour, j'ai cru le contraire lorsque Diana est entrée dans ma vie, comme si elle était la lumière au bout du tunnel. Mais elle n'a fait que me rappeler plus brutalement qui j'étais.

Le monde a fini par perdre de l'importance à mes yeux, ma mère aussi.

Mais pourtant, je n'arrive pas à combler ce vide qu'elle a laissé en moi. À chaque fois que son nom me traverse l'esprit, un éclat brûlant me poignarde le cœur.

Et c'est actuellement le cas.

L'air n'arrive plus à atteindre mes poumons, et mes larmes me brûlent la peau. J'essaie de m'échapper de ce tunnel, mais il est toujours sans fin, m'entourant ainsi d'une obscurité des plus profondes.

N'arriverai-je jamais à me relever ?

Une main se resserre sur mon bras, comme pour me ramener à moi-même. Je n'arrive pas à voir la personne au-dessus de moi à cause de mes pleurs qui brouillent ma vision, si ce n'est ses yeux verts.

Mon cerveau n'arrive plus à encaisser d'informations. Tout autour de moi est comme brouillé.

Je sais que plus tard, je regretterai d'avoir laissé quelqu'un me voir dans un état pareil. Mais mon corps et mes émotions ne se plient pas à mes envies actuellement, comme je l'aurais souhaité.

— Respire, Jude. 




Je n'ai jamais trouvé les mots adéquats dans une situation. Encore moins dans une comme celle-ci. Je triture mes doigts anxieusement, tandis que mon regard se pose à peu près sur tout ce qui nous entoure, sauf sur lui et son regard insistant.

Il est clair que des mots lui démangent les lèvres. À vrai dire, il est logique qu'il se pose des questions après m'avoir vu pleurer ainsi, sans raison apparente.

Et je le remercie intérieurement de ne pas les poser. J'ai toujours détesté qu'on me voie pleurer. Maël est la pire personne qui aurait pu tomber sur une de mes crises.

Le fait qu'il sache désormais à quel point je suis misérable ne fait que m'apitoyer encore plus sur mon sort.

Comment pourrait-il me prendre au sérieux désormais ?

Comment pourrais-je accomplir mon but si je n'arrive même plus à le regarder dans les yeux ?

— Jude ?

— Hmm ?

— Attends-moi dans la voiture, je vais chercher mon sac.

— Je peux rentrer seule, tu n'as pas besoin de me raccompagner.

— Ah bon ? répond-il sarcastique. À ce que je sache, tu n'as ni chauffeur, ni voiture. Et le prochain bus n'arrive que dans quelques heures, et je doute vraiment que tu comptes rester encore plus longtemps dans ce lycée.

— Je peux prendre un taxi.

Pourquoi est-ce que je le rejette comme une imbécile, alors que la seule chose que je souhaite est de m'approcher de lui ?

— Tu préfères monter dans la voiture d'un inconnu que dans la mienne ?

— Ce n'est pas ce que je veux dire-

— Bien. Dans ce cas, attends-moi ici, j'arrive dans 5 minutes.



Je ne sais pas si je lui ai fait simplement pitié ou quoi que ce soit, mais son attitude a changé dans un sens complètement opposé. Il a toujours ce côté insupportable qu'il n'a jamais cherché à me cacher, mais disons qu'il est désormais plus... supportable ?

En tout cas, il me facilite nettement la tâche.

Je ne l'aurais jamais cru si compétent pour ça.

Je colle le côté de mon front sur la vitre, comme à mon habitude, et observe les immeubles défiler le long de la route, dans un silence réconfortant, jusqu'à ce qu'il le brise.

— Est-ce que je peux te poser une question ?

— Si tu veux me demander pourquoi j'ai pleuré, ne le fais pas.

— Pourquoi étais-tu à l'infirmerie ? Quand je suis arrivé, il n'y avait personne. Et je ne t'ai pas entendue arriver.

Oh. Merde.

Burning HeartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant