Chapitre 5 : Jesse

88 29 28
                                    

Jesse Harinson. 

Je n'avais plus redouté ce nom depuis plusieurs années, jusqu'à ce message. Au son de cette notification, j'ai réalisé pour la deuxième fois que j'avais 17 ans, et non 22 ans.

Quand je venais à peine d'avoir 15 ans, je n'avait plus que mon désespoir entre mes mains. Ni amour ni joie. Je cherchait alors à tout prix une bouée de sauvetage à laquelle m'accrocher. 

C'est alors que Jesse est entré dans ma vie. J'ai cru voir en lui la lumière au bout du tunnel. J'ai pensé pendant trop longtemps qu'il était le seul capable de me donner une once d'amour.

Je savais très bien que ce n'était pas de l'amour entre nous, qu'il me manipulait plus qu'autre chose. Mais j'ai fermé les yeux, en me convainquant que ce n'était pas aussi grave que ça pouvait l'être.

Lorsque je l'ai rencontré pour la première fois, peu après mes quinze ans, il en avait dix-neuf.

Le début de notre relation était au dessus de mes espérances. Mais au fils des ans elle s'est vite détérioré, en quelque chose de malsain. 

J'étais persuadée qu'il était mon sauveur, mais il n'était rien d'autre que mon bourreau lui même. Celui qui me donnera le coup fatal après ces décennies de tortures.

Et je ne l'ai réalisé seulement des mois après qu'il m'ait jeter, au bout de quatre ans de relation de la pire des manières. 

J'étais  au plus mal, et Jesse n'a fait qu'empirer mes souffrances. En faite il l'étais l'une des principales causes de ma chute.

Je me suis vue mourir à petit feux dans ses bras. Mais même après tout ce qu'il m'a fait, je n'arrivais pas à me détacher de lui aussi facilement qu'on pouvait le penser. 

Lorsqu'il a décidé que je n'étais plus assez intéressante pour lui, j'ai cru voir mon monde s'écrouler à nouveau. 

Plus rien pour moi n'importait alors. J'ai passé des mois à penser que la mort serait le destin le plus clément qu'on pouvait m'offrir, mais la vérité était que j'étais bien trop lâche pour me la donner. 

Mais aujourd'hui? Aujourd'hui tout est diffèrent. 
Avant même que je ne le remarque, le poids d'une vie a alourdi mes épaules. La mise a changé. Mon but n'est plus seulement de réussir à allonger ma vie mais d'en sauver une autre. Sans lui, je n'ai plus de raison d'exister.

Et si je dois continuer à vivre, il est hors de question que Jesse fasse de nouveau partie de ma vie.
Il est comme une cicatrice à peine cicatrisé. Et je ne compte en aucun cas la rouvrir, tout en sachant l'issue de notre relation.

Mais même si je le hais plus que tout. Je n'arriverais sûrement pas à avoir le courage de lui faire face. Pas aujourd'hui. Ni demain. 

Je veux juste qu'il parte comme il est arrivé.

MOI: Je ne veux plus continuer cette relation. Mettons y un terme. 

Ca ne lui suffira sûrement jamais. Je le sais d'avance. Mais il devra se contenter de ce message. J'ai pris deux jours à essayer de chercher quoi lui répondre, et je suppose que ce message est la meilleure option qui s'offre à moi pour l'instant.

Il a sûrement pensé que je n'avais pas lu le message qu'il avait envoyé deux jours plus tôt car il ne m'en a pas envoyé plus et ne m'a pas appeler. Ou alors il a trouvé une nouvelle distraction.

Ca m'a arrangé plus qu'autre chose. En attendant qu'il ressurgisse, je dois affronter d'autres dangers

Et dans le présent immédiat, ce danger est cette chevelure rouge en face de moi, qui me toise comme un prédateur regarde la proie qu'il s'apprête à abattre.

Diana ne me fait pas peur, enfaite je la trouve plus ridicule qu'autre chose. Mais elle me gène à chaque fois que je passe dans l'un des couloirs de ce si grand lycée, qui est d'ailleurs celui de sa famille, soit le sien. Pourquoi est ce que je la croise autant, alors que les chances de la croiser sont si infime avec un labyrinthe aussi immense que celui ci?

— A quoi tu joues, Jude?

— Je ne vois pas de quoi tu parles, Diana. Va droit au but.

— Tu ne va plus en cours depuis la 4ème. Et comme par hasard tu reviens du jour au lendemain. Et ne me fais surtout pas croire que tu as subitement découvert une nouvelle passion pour le lycée.

— Quel est le rapport avec toi, Diana? Pourquoi ça t'intéresse au juste? 

Elle semble légèrement déstabilisé par ma réponse, avant de se racler la gorge pour répondre.

— Si tu es venus pour te venger de moi, sache tout de suite que je-

Je ricane nerveusement. C'est vraiment tout ce qu'elle a à me dire?

— Tu es toujours égocentrique finalement. soupiré-je. Tu sais quoi?! Fais comme si je n'existais pas, et je ferais de même.

Avant qu'elle ne réplique, je la dépasse et m'éloigner au plus vite. Ce n'est que lorsque je suis assez loin d'elle, que l'air arrive à pénétrer mes poumons, avec difficulté mais sûrement.

Plusieurs années se sont écoulés, comment n'a t'elle pas pu prendre en maturité?

Plusieurs années se sont écoulés, alors pourquoi mon cœur n'arrive t'il pas à s'en remettre?

Un tourbillon de pensées s'abat sur moi. J'essaye de le dissiper en entrant dans la salle de cours que la secrétaire m'avait indiqué plus tôt. Mais une dizaine de paire d'œil se posent sur moi, empirant alors mon anxiété.

Bien évidement, l'héritière Hart n'est pas passée inaperçue, lorsqu'elle a décidé de revenir en cours en plein milieu de l'année, après plusieurs années sans donner le moindre signe de vie.

J'essaye de les ignorer et m'assois au fond près de la fenêtre, toujours sur le regard indiscret des autres élèves. J'aimerais que ce cours se finisse le plus rapidement. Tout de suite si possible, mais il reste encore 2 heures. Et en attendant je dois absolument trouver un moyen de me rapprocher de Maël, pendant la pause, ou plus tôt. 

Je m'assoupis sur la table, plaçant ma tête sur mon bras, les yeux rivés sur la fenêtre, en tournant le dos au reste de la classe. 

Certains ont essayé d'engager la discussion avec moi, mais à chaque fois je foire.  Et ce n'est même pas une surprise. Je n'arriverais sûrement pas à échanger plus de deux phrase avant qu'un malaise s'installe.

Lorsque mes yeux se baladent sur l'arrière cour du lycée, je scrute les élèves partir chacun de leur côté en cours. L'un d'eux attire rapidement mon attention. 

J'entrouvre mes lèvres lorsque je l'aperçois se diriger vers l'infirmerie. Le destin est assez louche en ce moment, pour jouer autant en ma faveur. 

Je me lève, ramasse mes affaires sans un mot, et quitte la salle avant que le cours ne commence à mon plus grand bonheur. Ca aurait été trop gênant de le quitter en plein milieu d'une leçon.

Et les cours ne sont pas ma priorité. Ils n'ont jamais été ma priorité. Mais désormais Maël Hernandez l'est. 

Burning HeartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant