Les Héritiers Des Ténèbres

46- La Terreur des Ombres

L'air frais de la ruelle s'était infiltré dans la peau d'Isabella, la laissant frissonnante alors qu'elle restait appuyée contre le mur de briques, seule.
Elle tentait désespérément de reprendre son souffle, ses pensées tourbillonnant entre la peur et l'incertitude. Antonio lui avait dit de rester là, de ne pas bouger, mais chaque seconde qui passait sans son retour lui semblait interminable.
Ses jambes tremblaient, et son cœur battait toujours à un rythme effréné, l'écho des coups de feu résonnant encore dans ses oreilles.

Pourquoi ne revient-il pas ? pensa-t-elle, son instinct lui criant que quelque chose ne tournait pas rond. Le chaos à l'intérieur du café avait semblé s'éloigner, mais l'atmosphère restait oppressante, chargée d'une tension qu'elle ne pouvait ignorer.

Elle posa sa main sur son ventre, caressant doucement ses bébés à travers le tissu de sa robe. Ils doivent être en sécurité. Tout ira bien, se disait-elle, tentant de se rassurer malgré l'angoisse qui l'envahissait. Mais un autre côté de son esprit lui hurlait qu'elle devait se méfier, que ce silence soudain n'était pas bon signe.

Alors qu'elle jetait des regards nerveux autour de la ruelle, Isabella entendit des bruits de pas résonner à l'autre bout, là où Antonio avait disparu. Son cœur s'emballa encore plus. C'est lui, pensa-t-elle d'abord, espérant que le garde soit revenu. Mais quelque chose dans ces pas lui paraissait différent, plus lourd, plus nombreux.

Puis elle vit les silhouettes apparaître. Deux hommes, grands, costauds, avançant dans sa direction avec une lenteur menaçante. L'air autour d'eux semblait se durcir à mesure qu'ils se rapprochaient, et Isabella sentit son sang se glacer. Ce n'était pas Antonio. Ce n'étaient pas des alliés.

Elle se redressa brusquement, son corps criant de fuir, mais ses jambes étaient encore faibles, et avant qu'elle n'ait eu le temps de réagir, les deux hommes étaient déjà sur elle. Ils la saisirent brutalement, l'un d'eux attrapant son bras tandis que l'autre s'emparait de son autre main pour l'immobiliser. Elle poussa un cri de panique, mais personne ne viendrait l'aider dans cette ruelle déserte.

- "Ça faisait longtemps qu'on attendait de lui faire payer."

Isabella sentit son cœur se serrer à ces mots. Ces hommes étaient là pour se venger, pour lui faire du mal à elle, en représailles contre Alessandro.
Chaque mot résonnait avec la terreur qu'elle tentait de contenir. Elle savait qu'elle ne pourrait pas leur échapper. Leur force brute la clouait sur place, ses tentatives de lutte semblant dérisoires face à leur emprise.

- "Vous n'avez pas besoin de faire ça," supplia-t-elle, ses mots entrecoupés de sanglots. "Je... je ne suis qu'une femme enceinte. C'est avec Alessandro que vous avez un problème, pas avec moi."

- "Justement" répondit l'un des hommes avec un sourire cruel. "On sait très bien que le seul moyen de vraiment le toucher, c'est à travers toi."

Le temps sembla ralentir alors qu'lsabella comprenait la gravité de la situation. Elle essaya de se protéger, plaçant instinctivement ses bras autour de son ventre, priant pour que les bébés soient épargnés. Mais avant même qu'elle puisse tenter de se défendre, l'un des hommes leva le poing et l'abattit violemment sur elle.

La douleur explosa dans le ventre d'Isabella, si intense qu'elle eut l'impression qu'elle se déchirait de l'intérieur. Elle cria, son corps se pliant instinctivement pour protéger ses bébés, mais les assaillants n'en avaient pas fini. Le premier coup avait été un avertissement. Les suivants, une punition cruelle et méthodique.

Un des hommes, le plus massif des deux, la souleva brutalement par les cheveux, la forçant à se redresser, ses pieds à peine en contact avec le sol. Ses mains agrippées désespérément à son ventre, Isabella suffoquait, chaque respiration un combat contre la douleur lancinante qui traversait son corps. Elle entendait à peine leurs rires cruels, leurs murmures de vengeance, mais elle comprenait qu'elle était devenue un pion dans un jeu de représailles qu'elle n'avait jamais voulu.