26- L'Épreuve de la Faiblesse

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Les jours qui suivirent furent marqués par un silence étrange dans le manoir. Alessandro restait enfermé dans son bureau, travaillant sans relâche pour découvrir qui avait osé s'en prendre à lui et à ses hommes. Ses ordres étaient clairs : retrouver les responsables et les anéantir. Peu de progrès avaient été faits, et cela ne faisait qu'attiser sa colère.

Isabella, quant à elle, continuait à mener sa vie dans l'ombre de cet empire de violence. Malgré la distance qu'Alessandro maintenait entre eux, elle ne pouvait pas s'empêcher de ressentir une tension sous-jacente. Lors de leur dernière conversation, elle avait perçu une once d'humanité dans ses paroles, bien que dissimulée sous des couches de froideur et de contrôle. C'était peut-être insignifiant, mais elle s'y accrochait malgré tout.

Un matin, alors qu'elle descendait dans la cuisine pour préparer son café, elle remarqua un changement subtil dans l'atmosphère du manoir. Les gardes, habituellement calmes et en retrait, semblaient nerveux, échangeant des regards furtifs. Quelque chose se passait, mais personne ne lui disait rien.

Alors qu'elle s'asseyait à la table pour boire son café, Enzo entra dans la pièce, boitant encore légèrement à cause de sa blessure. Il attrapa une tasse et s'assit en face d'elle, son regard sombre plongé dans sa boisson.

— "Quelque chose ne va pas ?" déclara Isabella d'un ton bas, incapable de contenir son inquiétude.

Enzo leva les yeux vers elle, ses traits marqués par la fatigue. Il soupira légèrement avant de répondre.

— "Alessandro monte une riposte" dit-il enfin. "Il ne parle pas beaucoup, mais il prépare quelque chose de gros. Il ne laissera pas cette embuscade impunie."

Isabella serra la tasse entre ses mains, sentant un frisson parcourir son échine. Elle avait vu la colère d'Alessandro auparavant, mais jamais aussi palpable. Cette fois, il semblait prêt à tout pour se venger.

— "Et que va-t-il faire ?" demanda-t-elle, inquiète.

Enzo haussa les épaules, buvant une gorgée de son café.

— "Il est en train d'interroger ceux qu'on a capturés. Ça a commencé cette nuit."

Un silence lourd s'installa. Isabella n'avait aucune illusion sur ce que signifiait "interroger" dans ce monde. Alessandro n'était pas du genre à poser des questions poliment. Il obtenait des réponses par la douleur, par la peur, et il ne s'arrêtait que lorsqu'il avait ce qu'il voulait.

— "Il est déjà en train de les interroger ?" demanda-t-elle, la gorge nouée.

Enzo hocha la tête.

— "Oui. Ne t'inquiète pas pour lui. Il sait ce qu'il fait."

Isabella acquiesça, mais au fond d'elle, l'inquiétude grandissait. Elle savait à quel point Alessandro pouvait être implacable, et elle craignait que cette violence n'aille trop loin.

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Plus tard dans la journée, alors qu'Isabella traversait le couloir pour retourner dans sa chambre, elle entendit des voix venant du sous-sol du manoir. Le cœur battant, elle s'arrêta près de la porte fermée, tendant l'oreille. Les voix étaient basses, mais elle pouvait distinguer celle d'Alessandro, froide et tranchante.

Elle savait qu'elle n'aurait pas dû écouter, mais la curiosité l'emporta. Elle se rapprocha encore, essayant de capter quelques mots.

— "Je veux des noms. MAINTENANT !" tonna Alessandro, sa voix pleine de menace.

Un murmure lui répondit, suivi d'un cri étouffé qui déchira l'air. Le bruit était glaçant, et Isabella recula d'un pas, le souffle court. La réalité de ce monde la frappait encore une fois de plein fouet. Elle savait qu'Alessandro n'était pas seulement dangereux, il était un homme qui ne laissait aucune place à l'erreur, à la faiblesse.

Les Héritiers Des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant