Les Héritiers Des Ténèbres

54- La trahison Révélée

La nuit s'était abattue sur le manoir d'Alessandro, enveloppant chaque recoin dans une obscurité pesante. Le silence, habituellement paisible, résonnait ce soir comme une menace. Les murs eux-mêmes semblaient capter la tension qui montait dans l'air. Alessandro se tenait immobile, derrière son large bureau, les mains crispées sur le bois massif, son esprit occupé par la traque qui allait commencer.

Riccardo. Ce nom résonnait comme un venin dans sa tête. Un homme qu'il avait jadis considéré comme un frère, qui avait partagé avec lui les batailles les plus violentes, les réussites les plus éclatantes. Et pourtant, cet homme s'était retourné contre lui. Pire encore, il avait osé s'en prendre à ce qu'Alessandro avait de plus précieux : Isabella et Sofia.

Ses yeux glacés parcouraient le décor sombre de son bureau, mais ses pensées étaient concentrées sur une seule chose : traquer et éliminer ceux qui avaient trahi sa confiance. Ce soir, tous allaient être testés. Personne ne serait épargné. Enzo, Vito, Salvatore, tous leurs hommes présents ce soir passeraient sous leur regard scrutateur. Le complice de Riccardo se trouvait quelque part parmi eux, et il comptait bien découvrir qui avait osé le trahir.

La porte du bureau s'ouvrit doucement, Enzo entra sans un bruit. Ses yeux cernés témoignaient des nuits blanches passées à fouiller les pistes de Riccardo, et pourtant, il restait impassible.

— « Ils sont prêts, » murmura-t-il simplement.

Alessandro hocha la tête sans un mot. Il attendit un instant, comme pour savourer ce moment de calme avant la tempête, puis se redressa, son expression aussi froide que son intention.

— « Bien. Rassemblons-les. »

Ils quittèrent ensemble le bureau, traversant les longs couloirs du manoir. Les chandeliers projetaient des ombres mouvantes sur les murs, comme des présages d'une nuit qui promettait d'être sanglante. Chaque pas résonnait dans le silence tendu, et Alessandro sentait que la tension était palpable même parmi ses gardes.

La grande salle où se tenaient les réunions stratégiques était déjà pleine. Tous les hommes importants de l'organisation étaient présents, alignés en silence, certains murmurant à voix basse, d'autres échangeant des regards inquiets. L'atmosphère était lourde, chaque homme sentait que quelque chose de grave se préparait.

Luca, fidèle à ses habitudes, se tenait en avant, près d'Enzo. Il échangea quelques plaisanteries avec un autre homme, son attitude décontractée dénotant avec l'ambiance lourde de la salle. Pourtant, quand Alessandro fit son entrée, un silence de plomb s'abattit. Tous les regards se tournèrent vers lui.

Alessandro se plaça au centre de la pièce, dominant l'assemblée de sa présence imposante. Enzo, comme une ombre fidèle, se tenait à ses côtés. Il croisa brièvement le regard de Luca, et quelque chose dans l'attitude de ce dernier lui sembla... différent. Trop calme. Trop serein. Mais cette petite ombre dans son regard, cette infime tension qu'il n'avait jamais remarquée auparavant, suffit à éveiller un doute.

Sans préambule, il s'adressa à ses hommes d'une voix basse, contrôlée, mais lourde de sens.

— « Mes frères, » commença Alessandro, ses mots résonnant dans le silence. « Vous êtes ici ce soir parce qu'une trahison s'est insinuée dans nos rangs. »

Un frisson parcourut la salle. Certains hommes échangèrent des regards nerveux, d'autres restèrent figés, comme s'ils s'attendaient à ce qui allait suivre.

— « Riccardo... » continua Alessandro, le nom craché comme une insulte. « Riccardo nous a trahis. Il a vendu nos secrets, financé nos ennemis, et orchestré une attaque contre ceux que je protège. Contre ma famille. »