Sous l'œil de verre

Chapitre 5

Le silence qui s'installe après chaque moment de tension devient presque insupportable. Ici, dans ce lieu inconnu, l'air semble s'alourdir, s'accrochant aux murs de pierre et rendant chaque respiration plus difficile. Maia et moi suivons l'homme, nos pas résonnant faiblement sur le sol inégal. Nous avançons dans un labyrinthe de couloirs qui semblent s'étendre sans fin, chaque tournant nous éloignant un peu plus du monde que nous connaissons.

L'homme qui nous guide reste aussi silencieux que ces murs, ne nous offrant ni explication, ni même un regard. Nous ne savons rien de lui, ni de son rôle au sein de cette organisation secrète. Mais une chose est claire : il sait exactement où il va et n'a pas l'air d'avoir peur. Ses pas sont calmes, assurés, un contraste frappant avec l'angoisse qui bouillonne en moi à chaque instant.

Je jette un coup d'œil à Maia, cherchant une forme de réconfort dans sa présence. Son visage est concentré, mais il y a une lueur d'inquiétude dans ses yeux. Nous avons choisi de suivre cet inconnu, et même si le doute m'assaille par moments, la détermination de Maia m'empêche de céder à la panique.

Finalement, après ce qui semble être une éternité, il ouvre une porte en métal qui se fond presque parfaitement dans le mur de pierre. Derrière elle se trouve une pièce à la fois étrange et accueillante. Il y fait chaud, une chaleur en opposition marquée avec la froideur des couloirs que nous avons traversés. Plusieurs personnes sont assises autour de petites tables, certaines discutant à voix basse, d'autres perdues dans leurs pensées, regardant dans le vide. L'atmosphère est lourde, mais pleine de vie – un paradoxe dans ce lieu clandestin.

L'homme se tourne vers nous et dit : « Vous pouvez vous reposer ici. Prenez le temps qu'il vous faut. Quelqu'un viendra vous voir. »

Puis, sans un mot de plus, il s'éclipse, nous laissant Maia et moi dans cet espace à la fois étrange et curieusement familier. Pendant un moment, je reste immobile, observant ces personnes qui semblent mener une vie presque normale, malgré le monde qui cherche à les maintenir sous contrôle. Il y a quelque chose de beau dans leur calme, une sorte de résilience silencieuse qui me rappelle combien nous sommes fragiles.

Maia pose une main légère sur mon épaule, me tirant de mes pensées. « Viens, assieds-toi », murmure-t-elle en tirant doucement ma main. Elle a repéré une table libre dans un coin de la pièce, loin de l'agitation des autres. Nos regards se croisent, et j'y vois la même fatigue qui me submerge. Une fatigue qui va au-delà du physique, un épuisement dû à l'incertitude et à la peur constante.

Nous nous asseyons en silence. Maia appuie sa tête contre le mur, fermant les yeux un instant, cherchant sans doute à s'évader mentalement de cet endroit. Je l'observe, fascinée par sa force intérieure. Elle, qui semblait toujours si obéissante, est celle qui m'a ouvert les yeux sur l'injustice de l'Ordre.

Après quelques minutes, un murmure discret envahit la pièce. Un homme s'approche de notre table, une expression à la fois sérieuse et bienveillante sur le visage. Il porte un manteau usé, mais ses yeux brillent d'une intelligence vive. « Vous devez être les nouvelles arrivantes », dit-il calmement. « Je m'appelle Adrien. Nous sommes ici pour vous aider. »

Maia ouvre les yeux, et je peux voir l'hésitation passer dans son regard. Elle cherche mes yeux, et je lui donne un petit signe de tête. Adrien prend une chaise et s'assoit face à nous, croisant ses bras sur la table. « Je sais que tout ceci doit être déroutant, mais vous n'êtes pas seules. Ici, chacun a vécu quelque chose de similaire. L'Ordre nous a pris nos libertés, mais nous avons trouvé la force de résister. »

Il marque une pause, laissant ses mots flotter entre nous. Je ressens une étrange connexion dans la pièce, un sentiment que nous appartenons à quelque chose de plus grand. Pour la première fois depuis longtemps, l'idée de résistance semble possible.