Chapitre cinq

30 2 2
                                    

#5

Omniscient Quelque part dans le 3ème arrondissement de Marseille

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.


Omniscient
Quelque part dans le 3ème arrondissement de Marseille... | 1995


Dans l'obscurité d'une nuit étoilée, un fourgon se tenait à l'écart des lumières de la ville, comme une bête affamée guettant sa proie. À l'intérieur, des silhouettes cagoulées et armées attendaient dans l'ombre, chacune prisonnière de ses propres pensées. Le véhicule était figé, comme si le temps lui-même hésitait à avancer.

Bilal, au fond de ce fourgon, ressentait le poids de l'attente qui pesait sur lui. Les battements de son cœur résonnaient dans le silence. Ce soir-là, la ville lui semblait vivante, pulsant de bruits et de lumières, mais lui, il était prisonnier d'un monde où les ombres prenaient le pas sur la lumière.

Les visages de ses compagnons étaient dissimulés derrière des cagoules, leurs armes brillantes et menaçantes à la lumière fugace des réverbères. Ils s'apprêtaient à commettre une action qui changerait le cours de leurs vies, mais à quel prix ? Les pensées du jeune homme s'emmêlaient dans un maelström d'émotions. Était-il vraiment prêt à s'engager sur ce chemin, à risquer le peu qu'il avait pour un avenir incertain ?

Daouda, celui qui semblait s'imposer comme le leader, s'éclaircit la voix d'un raclement sec, attirant instantanément l'attention du groupe. Droit comme un roc, les épaules légèrement en avant, il incarnait une assurance froide, une autorité naturelle qui ne nécessitait aucun mot superflu. Son regard balayait les visages, s'attardant une seconde de trop sur chacun, comme pour peser le courage de ceux qui l'entouraient. Enfin, d'un ton autoritaire, presque détaché, il déclara :

Daouda - On fait comme on a dit, paniquez surtout pas.

Bilal se redressa doucement. Son regard se posa sur le plus jeune du groupe, un gamin à peine âgé de dix-huit ans, qui se tordait d'angoisse. Le petit avait remonté sa cagoule, dévoilant un visage blême, où l'on lisait une peur brute, presque animale. Ses mains tremblaient, trahissant la panique qui montait en lui malgré ses efforts pour la contenir.

Bilal - Toi, t'as le permis ?

Le jeune acquiesça timidement, ses yeux trahissant son inquiétude.

Bilal - Reste au volant.

Daouda, cependant, n'avait pas l'intention de le laisser faire.

Daouda - Qui t'a dit que c'était lui qui devait prendre le volant ? Tu te prends pour le chef, toi, maintenant ?

Bilal - Eh, fais pas l'Zampa ici, là. Il va tout faire foirer, zebi ! Regarde comment il tremble ! On dirait il a Parkinson !

Son ton était acide, mais derrière cette irritation, une pensée le hantait, plus lourde et plus amère que la violence de ses mots. S'il s'était montré exécrable avec le gamin, c'était intentionnel. En réalité, il voulait seulement le protéger. Ce jeune, qu'il connaissait à peine, ne méritait pas de risquer sa vie pour une folie qui les dépassait tous. Que savait-il vraiment de lui ? Rien, sinon ce qu'il pouvait lire dans ses mains tremblantes et ses yeux fuyants. Bilal ignorait ce qui avait pu le pousser à les rejoindre, mais il imaginait que sa vie n'avait pas dû être simple. Et d'une manière ou d'une autre, il lui rappelait son petit frère Samy qui avait à peu près le même âge. L'idée lui serra le cœur, et l'espace d'un instant, il fut tenté de lui dire de faire demi-tour, de fuir avant qu'il ne soit trop tard. Mais il resta silencieux, alourdi par une inquiétude qu'il ne pouvait se permettre de montrer.

KilodrameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant