Chapitre quatre

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FaridFont Vert, Marseille | 1995

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Farid
Font Vert, Marseille | 1995

La journée s'était finalement écoulée comme du sable entre nos doigts. Les bras chaleureux du soleil couchant berçaient la ville, projetant des ombres longues sur les ruelles dénudées. J'étais toujours chez Demba, attendant que Bilal vienne nous chercher, Amir et moi. Nous n'étions pas sortis de la journée ; les garçons préféraient se plonger dans la console jusqu'à en avoir les yeux fatigués.

Ils semblaient avoir oublié l'épisode de la glace, et pour moi, c'était déjà un répit. Le reste de la journée s'était écoulé tranquillement, presque trop paisiblement. Cette tranquillité me paraissait presque suspecte, et je ne pouvais m'empêcher de ressentir une légère culpabilité à l'idée que tout allait bien aujourd'hui alors que tout allait mal les autres jours.

Alors que le soleil commençait à plonger à l'horizon, annonçant la prière du Maghrib, je réalisai que Bilal tardait à arriver. Il nous avait bien menacés de rester ici chez Demba jusqu'à son arrivée, comme s'il voulait s'assurer que nous ne traînions pas dehors sans raison. Je savais qu'il n'aimait pas vraiment que nous galérions dans la cité. Peut-être qu'il espérait nous protéger des chemins qu'il avait lui-même empruntés, comme un miroir qui, au lieu de refléter une image, renvoyait des avertissements sur les problèmes que la rue pouvait engendrer.

À côté, j'entendais la mère de Demba faire ses ablutions dans la salle de bain. L'eau qui coulait créait un léger murmure, bientôt suivi par le chant apaisant de sa prière.

— Il tarde, là, Bilal !

Amir — Moi, ça m'arrange ! J'veux pas rentrer !

Demba — Chut ! Ma mère prie !

Vincent en chuchotant — C'est pas grave s'il tarde ! On pourra encore faire une partie de Street Fighter !

— Non, sale geek de merde ! T'as déjà joué toute la journée !

Demba — Mais j'vous ai dit que ma mère était en train de prier !

— Ta vieille sœur, là !

Vincent — Parle pas d'ma sœur ou j't'en fous vraiment une par contre !

Demba — Les gars !

On avait tous éclaté de rire, et Demba, entre l'amusement et l'agacement, m'avait balancé un coussin en pleine face.

On riait encore quand, quelques minutes plus tard, la sonnerie de la porte a retenti. La mère de Demba s'est levée pour aller ouvrir, tenant son tapis de prière plié dans une main, juste après avoir terminé sa prière.

Intrigués, on s'est tous levés pour voir qui était arrivé, Amir et moi suivis de près par Demba et Vincent. En s'approchant discrètement, on a aperçu Bilal dans l'entrée, avec un assez gros sac de sport entre les mains, en train de parler doucement avec la mère de Demba. Ils étaient dans un coin de la pièce, plongés dans leur discussion, et ne semblaient pas nous avoir remarqués.

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