Soya & Dante (réédition)

Chapitre 49 : Les Ombres du Passé

Taïga restait figé devant Léa. Ses yeux étaient plongés dans un vide qu'il n'arrivait pas à combler. Il ne comprenait plus. Le nom de Philippe résonnait dans sa tête, ramenant des souvenirs douloureux qu'il avait voulu effacer à jamais. Autour de lui, Soya et Dante échangèrent des regards perplexes, tout comme les autres lieutenants et hommes de taïga , mais personne n'osait poser de question.

Seul Tom, en retrait, observait la scène avec une colère muette. Son visage d'habitude impassible trahissait une émotion rare. Lui seul savait, lui seul comprenait la profondeur de la blessure que Léa venait de raviver.

Léa, bien que blessée et ligotée, profita de ce moment d'égarement. Elle leva la tête, son sourire narquois étirant ses lèvres ensanglantées. "Rappelle-toi, Taïga... Rappelle-toi comment tu as massacré ma famille." Sa voix glaciale fendit le silence comme une lame. Chaque mot s'enfonçait plus profondément dans l'esprit de Taïga.

Le choc était trop grand. Taïga voulut réagir, mais ses pensées étaient embrouillées, ses mains tremblaient légèrement. Tout ce qu'il avait enfoui remontait en surface, un tourbillon d'images et de sensations qu'il ne pouvait contrôler. Il n'était plus l'homme impitoyable qui commandait un empire, mais celui qui avait tout perdu.

Kaito brisa le silence d'une voix calme mais ferme : "Taïga, il est possible que Léa ait d'autres hommes en route. Nous devons bouger maintenant." Taïga tourna lentement la tête vers lui, encore hébété, et acquiesça faiblement. Il n'avait plus la force de protester, ni même de réfléchir.

Sans un mot, Kaito organisa la retraite. Léa, toujours captive, fut emmenée dans une voiture. Taïga s'installa à l'arrière, le regard perdu à travers la vitre. Les minutes défilaient dans un silence pesant. Dans son esprit, les fantômes de son passé dansaient autour de lui, étouffant la moindre de ses pensées rationnelles. Il était un homme brisé, incapable de savoir quelle direction prendre.

Arrivés à la base, Taïga descendit de la voiture, toujours aussi désorienté. Léa fut conduite au centre de l'entrepôt, attachée sur une chaise, comme auparavant. Mais cette fois-ci, il n'y avait plus de grande bataille, plus de tension palpable. Seuls Taïga, Soya, Dante et les lieutenants se tenaient autour d'elle.

Taïga, face à Léa, s'assit lentement. Son arme en main, ses doigts tremblaient encore légèrement. Il aurait pu en finir là, maintenant. Une simple pression sur la détente, et tout serait terminé. Mais ce serait trop facile. Trop doux pour celle qui portait le nom de l'homme qui lui avait tout pris.

La haine grondait en lui, mais elle se mêlait à une douleur profonde, une hésitation qu'il n'avait jamais ressentie auparavant. Léa le regarda avec défi, attendant ce qu'il ferait. Mais Taïga ne savait plus.