Concours : récit d'horreur s'inspirant d'une phobie - 600 mots max
Jenna traîne les pieds. Ses pas se font de moins en moins précis à mesure qu'elle parvient aux abords de la maison abandonnée où ses amis lui ont donné rendez-vous pour fêter son anniversaire. Elle le sait déjà, la surprise de dernière minute n'est qu'un prétexte pour lui faire peur. Encore. Il semble que ce soit sa punition pour être née un 31 octobre.
Dans un long souffle destiné à lui donner du courage, Jenna ouvre la porte de la bâtisse. L'écho sinistre de son grincement la fait frissonner. Avec hésitation, elle se faufile à l'intérieur avec la dextérité d'un chat errant et se retrouve face à la noirceur de l'entrée. Quelques rayons de lune éclairent faiblement l'habitation. Malgré cela, Jenna n'arrive pas à distinguer les silhouettes et les ombres qui lui apparaissent indistinctement. Son torse vibre sous l'impulsion rapide de son pouls. Bordel, mais qu'est-ce qu'elle fout là ?
Tendue, Jenna tente malgré tout de jeter quelques regards de part et d'autre et croit reconnaître Matthew dans le coin d'une pièce avoisinante. Mais alors qu'elle avance lentement vers lui, la brune réalise qu'il s'agit d'un squelette portant une perruque effrayante. Jenna pose machinalement sa main gauche contre sa poitrine, comme pour calmer les battements de son cœur qui ont considérablement augmentés.
Ce n'est qu'après l'avoir mieux observé que Jenna discerne une forme en relief autour du bras du squelette qui a tout l'air d'être mobile. Envahie par sa curiosité, et ce malgré l'atmosphère pesante de la situation, Jenna réduit la distance entre son visage et l'objet qui l'intrigue.
Un cri strident s'échappe de ses lèvres, sortant du plus profond de sa gorge, et lui brûle soudain la poitrine lorsqu'elle se retrouve face à sa plus grande peur : un serpent. Ses veines semblent prêtes à éclater sous la violence du flux qui l'agite. Mais elle n'a pas le temps de reprendre son souffle qu'un couinement familier résonne déjà dans la pièce, la faisant vaciller. Jenna heurte quelque chose d'indistinct avant de s'effondrer lourdement au sol. C'est alors que la terreur l'immobilise : des rongeurs grouillent partout sur le vieux parquet, leurs corps petits et rapides la pétrifiant de dégoût. Incapable de bouger, elle réalise que les rats occupent définitivement la deuxième place sur sa liste des créatures qu'elle redoute le plus.
Jenna aimerait hurler à l'aide, mais n'y parvient pas. Elle est tétanisée. Chacune de ses pulsations semble vrombir jusque dans ses oreilles dans un grondement sourd qui ne cesse d'augmenter. Et, tandis qu'elle pensait avoir vécu le pire ce soir, la brune sent quelque chose de froid lui frôler la main. Elle n'ose pas tourner la tête. Rapidement, Jenna comprend. Elle sait. C'est un serpent qui rampe sur son corps avec une aisance naturelle. Une cascade de larmes s'écoule le long de ses joues.
Au loin, Jenna pense entendre les voix de ses amis et espère qu'ils viennent la sortir de ce merdier dans lequel ils l'ont mise. Mais l'attente se fait très longue. Ils n'apparaissent pas. A la place, ce sont des rats qui approchent jusqu'à son visage et la reniflent. Jenna s'empresse de fermer la bouche, mais rapidement, une douleur s'installe sur celle-ci et un liquide chaud glisse le long de son menton. La morsure lui laisse une sensation de déchirement intense qui se multiplie sur chaque parcelle exposée de son corps affaibli. Les rats dévorent sa peau par petites bouchées, leurs dents acérées tranchant sans relâche sa chair dégoulinante. Le serpent, lui, se resserre autour d'elle, broyant lentement ses os tandis que Jenna suffoque, sentant la vie s'échapper sous l'assaut de ses pires cauchemars.
