Parce que c'est tout ce que je veux

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Sept heures du mat', j'ai les mains moites et le coeur en vrac. Il tape. Il cogne. Je tremble des pieds à la tête, j'ai l'air d'une conne. Mes lèvres s'étirent et ça me fait peur. Mon corps brûle de l'intérieur pourtant j'ai les mains gelées. Je crois qu'un éclair s'abat sur mes sentiments. Puissant. Violent. Ravageur. Déchaîné. Il ne faut pas que je me braque ni que je me fasse de films. Mais c'est normal. Enfin, j'imagine. Ouais, mais non. Il ne faut pas que je craque. A la douleur, il faut que j'échappe. Qu'elle soit intense ou infime, il faut que je la chasse. Mais la tentation me rattrape et au final, je crois bien que la situation dérape. Putain d'épine !

Peut-être que je dois fuir. Ne jamais me retourner et me laisser guider par la lumière de mon être. Effacer la noirceur et cet air accusateur qui ne me quittent plus. Les yeux fermés, partir pour ne plus revenir avec un sac à dos comme unique compagnon d'aventure. Ne pas ralentir parce que rien ne dure. Tout est éphémère. Alors je veux plonger dans l'inconnu puis de mes cendres, renaître comme le phénix. Parce que la vie me pique. Ça me nique. Ça me tue à petit feu. Parcourir des milliers de kilomètres, c'est tout ce que je veux. Puis courir à travers les champs et les rues. Innocemment. Comme une enfant. Apprécier la vue et être absorbée par l'horizon. Mon passé et mon présent, je les jette parce que je veux prendre une nouvelle direction. La mienne. Fini la prison. Fini l'oppression. Je veux juste être une autre. Ou plutôt être enfin moi-même. Me mettre à nue. Me mettre nue et sentir les caresses du vent. Juste un instant. Je veux pouvoir en profiter. Mais faut pas que je me vautre ou que j'atterrisse sur des rochers parce que la chute fait mal. Je ne veux pas d'une fin glaciale. Je ne sais pas nager. Je ne veux pas me noyer. Même si je veux disparaître, je veux pouvoir me réinventer. Alors dites-moi où est la trappe. Dites-moi par où il faut passer. Dites-moi ce que je dois faire pour ne pas crever. Est-ce que c'est facile ? Non, il ne suffit pas de bouger des cils. Il ne suffit pas de le vouloir. Je suis comme un oiseau fragile envahi par le désespoir. Et la question c'est plutôt : où est l'arnaque ? Qu'est-ce que je deviens si je n'ai plus rien ? Qu'est-ce qu'il risque de m'arriver ? Et si je perds mes moyens ? Et si je ne trouve rien à l'arrivée ? Pourquoi j'aurais fait tout ce chemin ?

Je crois que je ne veux pas être seule. Je veux être aimée. Je veux qu'on me kidnappe, qu'on m'entraîne pour la suite. Je veux qu'on m'emmène près d'un lac en Argentine, qu'on me fasse voyager. Puis qu'on m'fasse connaître le bonheur, le vrai. Celui pour qui les gens tueraient. Celui pour qui des amants maudits pourraient tout abandonner. Je ne rêve pas d'une vie de princesse, j'ai passé l'âge. Les contes de fées, qui y croit encore ? Je ne veux pas d'un mirage. J'imagine plutôt des gestes qu'on colore. Des souffles indolores. Des caresses qu'on dévore. Que ça ne soit pas tout noir ou tout blanc. Je sais que tout ne peut pas être rose non plus. Mais pour un moment, court ou long, revigorant et rafraîchissant, je veux pouvoir dire que ça m'a plu.

2018

Pétales de pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant