T'aimerais exploser en sanglot, mais tu préfères exploser des murs. C'est brutal mais jouissif. Tes poings se ferment, se serrent, et tes ongles pénètrent douloureusement dans ta chair. Tu peux pas t'en empêcher, même si t'as mal et même si tu saignes. Tu te punis. Tu peux pas freiner cette envie, cette pulsion, parce que c'est tout ce qu'il te reste. T'es seul. Entouré, mais pourtant si éloigné du monde que t'en perds la notion. Tu sais plus comment il fonctionne. Ton esprit vagabonde et sombre parfois. T'es perché. Bien plus haut que sur un nuage. T'es loin. Très loin. Plus rien ne te retient, malgré ça ton corps reste ici. Inerte. Genoux à terre. Tu fermes tes yeux tellement fort que des petits points blancs apparaissent et brouillent un peu plus ta vue déjà terne. Et puis t'as l'impression d'être spectateur de ta vie, d'être une marionnette et que les ficelles sont tirées par quelqu'un d'autre que toi. C'est faux, putain. T'es maître de ton destin. Mais tu fais rien et tu crois que les choses vont miraculeusement changées. T'as tort. Mais qu'est-ce que t'attends ? Que ça soit trop tard ? Qu'on réagisse à ta place ? T'es plus un gamin. T'es adulte, maintenant. Et depuis quelques années déjà. Tu crois pas qu'il est grand temps de prendre les choses en mains ? Parce que rien n'est impossible. On a déjà dû te le dire mais, quand on veut, on peut.
Peut-être que finalement le changement te fait peur. T'es effrayé. Pire qu'un môme qui cauchemarde la nuit. Tes monstres sont différents. Le monstre, c'est toi. Tu fermes pas l'œil. Tu t'angoisses. Tu cogites. Personne ne te rassure. T'es incapable de retrouver ta fantaisie, d'aérer tes pensées et de t'endormir le cœur léger. Tout se chamboule. Tout s'agite. Tu réfléchis trop, mais t'agis pas assez. Alors tu tournes sans arrêt sur toi-même, nu comme un ver sous tes draps. La tête à gauche, face à la fissure que ton coup a causée sur le mur, tes regrets refont surface. Ils ne s'étaient pas vraiment évaporés, mais maintenant c'est pire. Ils t'inondent. Et tu te rends compte que t'as foiré ta vie. T'as gâché ton existence. La tête à droite, face à la fenêtre ouverte, la lumière du réverbère t'éblouit. Tu plisses les yeux puis clos tes paupières. C'est trop éprouvant ? Mais t'as supporté bien pire que ça. Comme te regarder dans un miroir et faire face à tes actes. Ou plutôt, au fait que tu te consumes à force de rien entreprendre de concret. Tes traits sont marqués par la fatigue. Tes nuits blanches incessantes se reflètent sur ton visage.
Et tu te dégoûtes un peu plus chaque jour. Tu camoufles ton mal-être derrière des sourires hypocrites mais ça te rend encore plus malheureux. Tu fais pitié. Pas aux autres, mais à toi-même. Tu mens sans arrêt. Tu dis que tout va bien pour n'inquiéter personne mais au fond, qui ça intéresse, ton état ? Ni toi ni les gens que tu croises tous les jours. Enfin ça, c'est ce que tu penses. En réalité, t'en sais rien. Oui, il est déplorable ton état mais, la faute à qui ? Et puis rien n'est joué. T'as tout à gagner. Quand est-ce que tu comptes enfin déployer tes ailes ? Dévoiler ton âme ? La vraie, pas celle que tu crois avoir. Celle-ci est bien trop noire et abîmée. Quand est-ce que tu réaliseras qu'un délice de sensations et de sentiments t'attend quelque part ? Suffit d'ouvrir les yeux. Et d'ouvrir ton cœur. Le monde s'offre à toi. Il te tend les bras. Pourquoi tu passes à côté sans y prêter attention ? Tu veux pas qu'on te déçoive. Tu veux pas qu'on te détruise plus que tu le fais déjà. Mais qui pourrait être plus cruel que tu l'es envers toi-même ? Tu te détruis sans t'en rendre compte. Ta vie part en fumée et ton corps brûle d'envie d'en finir.
Bordel, mais secoue toi. Respire. Ouvre les portes et serre des mains. Sois sincère. T'es exceptionnel, alors charme les. Montre leur qui tu es au point qu'ils aient plus envie de te quitter, qu'ils ne puissent plus se passer de toi. Moi, je peux pas le faire à ta place...
Deviens qui tu es vraiment.
2018