Sanction

Chapitre 8

Pdv Luc:

Les bribes de la soirée d'hier me reviennent par à-coups, mais rien de concret. La douleur dans mon dos et ces courbatures me ramènent constamment à cette réalité : quelque chose s'est passé. Mais quoi ? Quelqu'un était là, c'est sûr... mais il n'est plus là maintenant. Un goût amer se forme dans ma bouche en réalisant à quel point j'ai dû merder. Bon sang, je veux finir avec un rein en moins ou quoi ?! Quelle idée j'ai eu d'autant boire...

Je me traîne jusqu'à la salle de bain, chaque mouvement me faisant grimacer, me rappelant ma bêtise de la veille, sans pour autant me fournir de réponses claires sur son auteur. Devant le miroir, je remarque mon reflet: des cernes marquent mon visage et des traces rouges, ça ne fait aucun doute, ce sont des suçons et des morsures qui longent ma nuque. Je passe ma main dessus, me demandant si ces marques sont réelles ou si je les hallucine encore.

Je m'efforce de me rappeler des détails. Le parfum de cet inconnu flotte encore dans l'air. Son ombre semble planer dans chaque coin de la pièce. Mais où est-il? A-t-il juste profité de moi dans mon état? Cette idée me dérange, mais une part de moi, celle que je n'aime pas trop confronter, se demande si j'en avais aussi envie. Tout est tellement embrouillé.

Je m'appuie contre le lavabo, mon cœur battant plus vite que je ne le voudrais. Et maintenant ?

PDV Thomas :

Je quitte l'appartement de Luc avant qu'il ne se réveille. Mes pensées tournent en boucle alors que j'arpente les rues. La fraîcheur du matin n'arrive pas à calmer cette chaleur inconfortable qui brûle en moi. Je sais que je ne devrais pas me sentir aussi agité. Avec Matt (le "gars" de Thomas d'après Luc) c'est simple. Pas de complications, pas de drames. Juste du sexe sans attache, exactement comme je l'aime.

Je ressors mon téléphone machinalement. Matt m'a encore écrit la nuit dernière, me draguant comme toujours, me proposant de passer la nuit chez lui. Il est direct, séduisant, et ça m'a toujours plu. Il sait ce que je veux sans qu'on ait à se poser de questions. Mais hier, j'ai ignoré ses messages. Je ne sais même pas pourquoi je suis allé voir Luc à la place.

Je m'arrête, hésitant, et finis par ouvrir le dernier message de Matt:

Matt: "Toujours partant pour ce soir ? On pourrait se rattraper après hier...

Je fixe l'écran quelques secondes, incapable de répondre. En temps normal, j'aurais accepté sans réfléchir. Avec Matt, il n'y a jamais d'angoisses, jamais de lendemain compliqué. Il sait ce que je veux, et il sait me le donner sans me demander plus. Mais hier... hier, j'ai fait un choix différent. J'ai choisi Luc. Pourquoi ? Ça je ne le sais pas.. sûrement l'alcool qui a aidé.

Un frisson me parcourt en pensant à la soirée précédente. Luc était ivre, mais c'était plus que de l'attirance physique. C'était un besoin, un appel à l'aide. Et moi... moi, je n'ai pas su résister. Maintenant, je me demande si j'ai fait une erreur. Peut-être que j'ai juste profité de sa faiblesse. Et s'il ne voulait pas vraiment ça ?

Je pousse un long soupir en entrant dans un café, incapable de trouver des réponses à ces questions.

Matt continue de me traquer. Je vois ses messages s'accumuler, ses appels manqués. C'est ce que je devrais faire, non ? Revenir à ce que je connais, à cette simplicité sans prise de tête. Pourtant, je ne peux m'empêcher de penser à un autre. Son regard perdu, sa main cherchant la mienne, son corps se pressant contre le mien...

Je sors à nouveau mon téléphone, tapote une réponse à Matt, mais je n'appuie pas sur "envoyer".

Thomas: "Désolé. Pas aujourd'hui."

Je n'arrive pas à me décider. Tout semble tellement plus compliqué que d'habitude. Mais une chose est claire: ce que je ressens pour Luc n'a rien à voir avec ce que je partage avec Matt. Avec Matt, c'est simple, charnel. Avec Luc... c'est autre chose, c'est plus compliqué quelque chose de plus profond qui m'effraie et ceux depuis le premier jour...

Je laisse mon café refroidir, sachant que tôt ou tard, je reverrai Luc à l'université. Que je fasse face à ce qu'il pourrait se souvenir... et à ce que je ressens réellement.