Dissonance

VI - Message

L'assaut de Caldera était enfin terminé, mais la victoire laissait un goût amer. Le quartier, autrefois vivant, n'était plus qu'un champ de désolation, jonché de cadavres. Il y avait désormais plus de corps sans vie sur les pavés que de fleurs dans les parcs.

Ian et Emily avaient été chargés de l'horrible boulot de nettoyer les corps. Ceux-là n'allaient même pas avoir le droit à un enterrement, morts en trop grand nombre, ils se retrouvaient simplement empilés avant d'être jetés.

Pendant ce temps, Victor était de retour au quartier général. Dans le bureau du chef, il discutait avec Stanley, le visage grave.

— Monsieur Forester, c'est au sujet du candidat Mark Palamon.

— Palamon ? répondit Stanley, fronçant les sourcils. Nous parlons bien de celui qui a prédit avec précision la date de l'assaut ?

— Tout à fait, chef. Et il n'a pas seulement fait preuve de clairvoyance... Mark a réussi un exploit pendant l'attaque. Il a sauvé la vie de Ian.

Stanley écarquilla les yeux, visiblement surpris.

— Comment ?! Un civil, non entraîné, un homme sans expérience militaire... Comment est-ce possible ?

Victor acquiesça, l'air tout aussi impressionné.

— C'est justement pour cela que je viens vous voir. J'aimerais vous soumettre une requête spéciale : l'adhésion exceptionnelle de Mark Palamon dans la brigade de recherche.

Stanley se redressa, croisant les bras tout en baissant la tête, pensif. Il ferma les yeux un instant, laissant un silence pesant s'installer dans la pièce. Puis, lentement, un sourire étira ses lèvres, suivi d'un rire grandissant.

— Aha ! Victor, mon vieux, tu as le don pour me surprendre. Une telle requête... Me prendrais tu pour un idiot ? Bien sûr que nous allons le recruter !

Le sourire de Stanley s'élargit.

— Cet homme a prouvé qu'il valait bien plus que n'importe quel entraînement. S'il est capable de sauver un brigadier en plein combat... il est exactement ce dont nous avons besoin.

— Merci bien, chef, répondit Victor, soulagé.

Il avait promis à Mark de l'intégrer à la brigade, et il était satisfait d'avoir tenu parole. Son devoir accompli, il quitta le quartier général et retourna à Caldera pour annoncer la bonne nouvelle.

Arrivé sur place, il repéra rapidement la maison de Mark. Il frappa à la porte, qui s'ouvrit sur le père de Mark.

— Je peux vous aider ? demanda-t-il, curieux.

— Bonjour, monsieur Palamon, votre fils est-il à la maison ?

— Oh, vous êtes un ami de Mark ! Il ne devrait pas tarder. Entrez donc, venez prendre le thé, proposa-t-il avec un sourire chaleureux.

— Oh ! Vous êtes d'une hospitalité remarquable. Je ne refuserais pour rien au monde un thé avec le père d'un héros.

Le père de Mark sourit, visiblement fier.

— Je suis également très fier de lui, dit-il en refermant la porte derrière eux. Il m'a raconté plusieurs fois comment il a sauvé le brigadier Ian Prince. Il connaît tous les membres de la brigade sur le bout des doigts. Si vous saviez comme ça me réchauffe le cœur de voir mon fils si passionné...

Charles fit un geste invitant Victor à s'installer.

Victor s'assit.

— Puis-je vous demander votre prénom ? demanda-t-il en s'installant confortablement.