VII - Confrontations

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— C'est par là ! envoya Victor, suivi par Mark.

Les deux hommes avançèrent, leur marche assurée, mais Mark ne pouvait s'empêcher de remarquer les regards curieux des citoyens autour d'eux. L'uniforme de brigadier attirait une attention qu'il n'avait jamais connue.

Il n'était jamais vraiment sorti de Caldera, et même si rien ne l'en empêchait, il se sentait toujours chez lui dans ce quartier. Après tout, il disposait de tout ce dont il avait besoin là-bas. Pourtant, marcher dans ces rues, avec le poids de son nouveau rôle sur les épaules, lui donnait une sensation de vertige, de décalage.

Arrivés au quartier général, Victor se présenta au garde à l'entrée, qui le laissa passer après une identification rapide. Lorsque Mark s'avança à son tour, une étrange sensation l'envahit. Il sentit un changement d'atmosphère. 

Dès qu'il franchit la porte, il fut frappé par l'intensité de la tension qui régnait dans la pièce. Les brigadiers présents échangèrent des regards furtifs, certains scrutant Mark de manière perçante, presque comme s'il était un intrus. Leurs yeux se posèrent sur lui, curieux, sceptiques, voire défiants. Il n'avait pas encore sa place parmi eux, et cela se voyait.

Mark déglutit, sentant un frisson parcourir sa nuque. L'air semblait plus lourd ici, comme si la réalité de son entrée dans la brigade venait de se poser sur ses épaules.

Victor montra une porte du doigt.

— Là-bas se trouve le bureau du chef Stanley Forester. Tu peux aller frapper à sa porte quand tu te sens prêt, il t'attend.

Mark acquiesça, son cœur battant plus fort à chaque pas. Une anxiété palpable le saisissait. Il avançait doucement, parfois les yeux fermés, un pas après l'autre, comme pour tenter de se préparer mentalement à ce qui l'attendait. À chaque battement de son cœur, il se répétait qu'il devait être à la hauteur. Pourtant, avant d'atteindre la porte, une main sur son épaule l'arrêta.

C'était Ian Prince, l'homme dont il avait sauvé la vie. Le visage de Mark se figea un instant, impressionné.

— Bienvenue, Mark ! Ne t'inquiète pas, je vois que tu stresses, mais Forester est un type génial, tu verras, dit Ian avec un sourire rassurant.

Mark hocha la tête, ses nerfs toujours à vif.

— D'ailleurs, ajouta Ian en baissant légèrement la voix, j'aimerais avoir une petite discussion avec toi en privé avant que tu ailles le voir. Rien de trop sérieux, juste quelques mots...

— Euh... Oui, bien sûr, sans problème... répondit Mark, encore un peu impressionné par l'attention de Ian.

Ian isola Mark dans un coin à l'écart, et son sourire s'effaça instantanément, remplacé par un regard dur et impassible.

— Que ce soit bien clair... commença-t-il d'une voix glaciale. Tu n'as pas ta place ici.

Mark sentit son estomac se nouer. Les mots de Ian étaient comme de violents coups.

— Tu n'as pu me sauver la vie uniquement parce que j'ai sauvé celle de tes parents. Ne te fais pas d'illusions, tu n'as rien de spécial. Tu te frayes un chemin dans la brigade en te servant de moi comme d'un levier, en me ridiculisant pour gravir les échelons, et ça, tu appelles ça la noblesse de la brigade de recherche ?

Ian fit un pas vers lui, ses yeux perçants fixés sur ceux de Mark.

— Si tu veux vraiment devenir un homme avec des valeurs, va dire à Forester que c'était un malentendu. Dis-lui que tu n'as jamais sauvé la vie de qui que ce soit. Ça vaut mieux, pour toi... et pour nous tous.

DissonanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant