Forester, le corps légèrement redressé et les bras posés sur le bureau à travers ses épaisses manches, fixait Mark d'un regard impassible en lui posant cette ultime question.
Ces derniers mots avaient provoqué un véritable séisme dans l'esprit de Mark, qui se retrouvait face à un dilemme éthique, le cœur battant à tout rompre, anxieux.
Il repensa à Ian : « Tu n'as pas ta place ici. » Cette phrase se répétait en boucle dans sa tête, si bien qu'elle commençait presque à le convaincre... Mais, dans un élan de lucidité, Mark se recentra sur quelque chose de plus important : son objectif. Peut-être était-il présomptueux de penser ainsi, mais il croyait fermement que c'était à lui de découvrir la vérité, que lui seul en était capable. Pour se rassurer, il se dit intérieurement : « Si j'accepte ce poste, ce sera pour le bien de l'humanité tout entière. »
Mark se leva de sa chaise. Forester leva la tête avec une expression interrogative, haussant un sourcil.
— Monsieur Forester, déclara Mark, je mènerai la brigade à la vérité, et rien ni personne ne m'en empêchera.
Un large sourire se dessina sur le visage de Forester, suivi de quelques soufflements de nez avant qu'un éclat de rire ne retentisse.
— Exactement ce que je voulais entendre, Palamon !
En sortant de la pièce, deux regards impatients se tournèrent vers Mark : celui de Ian et celui de Victor. Mark évita discrètement le regard de Ian et hocha la tête en direction de Victor.
— J'en suis, annonça Mark avec un enthousiasme qu'il peinait à dissimuler.
Victor sautilla de joie en entendant la nouvelle.
— Bien sûr ! Et tu sais quoi ? Nous avons une séance d'entraînement dans vingt minutes. Va voir sur le tableau là-bas pour découvrir quel exercice et quel partenaire te sont attribués aujourd'hui, dit Victor en pointant du doigt un tableau d'affichage en bois, accroché à l'un des murs métalliques du quartier général.
Ian soupira et détourna le regard.
Arrivé devant le tableau, Mark chercha son nom. Il mit un certain temps à comprendre comment le tableau était organisé, mais finit par s'y retrouver. "Exercice de tir sur cibles en mouvement, simulateur numéro 2". Son nom était inscrit dans cette section, juste à côté de celui d'un autre : Ian Prince.
Mark déglutit. Il allait devoir s'entraîner avec l'homme qui le détestait le plus au sein de la brigade. Il prit une grande inspiration avant de s'avancer vers Ian.
— Euh... Ian, on doit...
— Je suis au courant, le coupa Ian. Quoi, tu pensais qu'après m'avoir fait passer pour un soldat incapable, tu devais aussi m'apprendre à lire ?
— Ce n'est pas...
— Laisse tomber. Suis-moi, sauf si tu penses connaître le chemin mieux que moi.
Ian avança d'une démarche stricte, suivi par Mark qui semblait s'excuser d'exister. Ils arrivèrent devant le simulateur, et Ian pointa un levier du doigt.
— Une fois ce levier tiré, les cibles commenceront à se mouvoir après cinq secondes. À ce moment-là, tu pourras commencer à tirer. Ton objectif est d'en abattre le plus possible en soixante secondes.
— Waouh, et combien devrais-je atteindre ?
— C'est un entraînement. On passera chacun notre tour, il n'y a pas d'objectif prédéfini, libre à toi d'en choisir un. Allez, je vais te montrer.
Ian tira le levier avec une aisance impressionnante, avant de s'avancer au centre du plateau, fusil en main. Les cibles commencèrent leur danse, et Ian montra alors toute sa dextérité. Un tir après l'autre, tous atteignant leur cible avec précision, Ian allait si vite que Mark peinait à suivre du regard. Les soixante secondes s'écoulèrent, et Ian jeta un coup d'œil à son score.
— Pfff... Quarante-cinq.
— C'est... vraiment un score qui te déçoit ? risqua Mark timidement.
— Bien sûr ! Mon record est de quarante-neuf ! Et je suis ici pour le battre, non ? C'est le but d'un entraînement ! En plus, Victor a atteint cinquante ! Et il n'a aucun talent ! Il passe juste sa vie sur ces machines ! Pas étonnant qu'il finisse par me surpasser ! Moi, je suis né avec ça, tu vois ?
— Je vois, dit Mark pour ne pas froisser Ian.
En réalité, Mark pensait qu'il était bien plus impressionnant de réussir par l'entraînement que par le talent inné. Il admirait bien plus Victor qu'il ne respectait Ian.
— Bon, j'imagine que c'est à mon tour...
Mark se dirigea vers le levier et tenta de le tirer. Celui-ci était plus lourd qu'il ne l'imaginait, surtout après avoir vu Ian le manipuler avec aisance. Il dut fournir plus d'effort et, après quelques secondes, parvint enfin à l'enclencher. Il se précipita maladroitement au centre du plateau, un peu en retard car les cibles avaient déjà commencé à bouger. Il tira à l'instinct, mais manqua la plupart de ses coups. À la fin des soixante secondes, son score s'élevait à douze.
— Hé, c'est pas si mal ! lança Mark.
— Si tu étais aveugle et paraplégique, oui, ça n'aurait pas été trop mal.
Mark soupira. À ce moment-là, Victor arriva.
— Salut, Ian. Je peux t'emprunter Mark une seconde ?
— Hmm, acquiesça Ian.
Victor fit signe à Mark de le suivre et se dirigea vers l'intérieur du quartier général. Mark se demandait où ils allaient. Ils finirent par arriver devant une cellule, celle d'Echo.
— Voilà. Cela fait un certain temps que nous essayons de faire parler cet androïde. Nous avons de bonnes raisons de croire qu'il est doué de conscience, et puisqu'il est nouveau, ce serait une bonne occasion pour toi de faire tes preuves en le faisant parler. Son nom est Echo.
— Waouh ! Doué de conscience, vraiment ? Alors ça ! Merci, Victor, je vais faire de mon mieux, tu peux compter sur moi !
Victor lui sourit et s'éloigna.
Mark commença alors à adresser diverses suggestions à Echo.
— Hmm... Echo, c'est ton nom ? Alors, comme ça, tu es un androïde conscient, ça signifie que tu dois connaître plein de secrets que nous ignorons, pas vrai ?
Echo ne bougea pas.
— Peut-être es-tu... un humain transformé en androïde ? C'est ça ?
Aucune réponse.
— Ou alors... un fantôme ! Un androïde contrôlé par l'esprit d'un défunt ?
Echo demeura impassible.
— Hmm... Peut-être qu'il y a tout simplement une erreur dans ton programme ?
Echo leva alors la tête.
— Pas un programme, dit l'androïde.
— Waouh ! Tu parles vraiment, alors ? Pas un programme ? Ça veut dire que tu es... humain ?
— Pas un humain.
— Alors pourquoi tuez-vous tout ce qui bouge ? Enfin, tout ce qui n'est pas fait de métal ?
— Blake.
— Blake ?
— Servir la prophétie.
Et voici la fin de ce chapitre qui en dit à la fois beaucoup et à la fois pas grand chose, aha. N'oubliez pas de voter si ça vous a plu !
Alors ..? je suis toujours à l'écoute de vos théories !
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Dissonance
Science-FictionMark Palamon a toujours été fasciné par les androïdes. Là où les autres les considèrent comme des monstres, il y voit une énigme à résoudre. En quête de vérité, il rêve de rejoindre la brigade de recherche, un groupe d'élite qui partage sa passion p...