𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏 : 𝐂𝐇𝐈𝐂𝐀𝐆𝐎

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"L'automne est un second printemps où chaque feuille est une fleur."
Victor Hugo.

♫  Heavenly - Cigarettes After Sex.

         
                               ➳

                           ELYSIA

L'automne prend tranquillement place dans la ville de Chicago. Mes pieds fourrés dans mes uggs, je marche tranquillement avec mes écouteurs dans les oreilles vers le petit supermarché du coin.

J'avais prévue de faire des cinnamon rolls quand je me suis rendue compte qu'il me manquait quelques ingrédients.

Le vent caresse ma peau, et malgré mon énorme pull en laine et mon blazer, je ne peux m'empêcher de trembler. Je sens mon nez commencer à couler, et je sais qu'il doit être tout rouge ; je remonte donc le col de ma veste pour me protéger. Enfonçant mes mains dans mes poches, je poursuis ma marche, admirant les feuilles orangées éparpillées au sol, créant un joli contraste avec le gris de la rue.

J'aime bien l'automne - peut-être car c'est mon anniversaire, mais, c'est la saison qui me ressemble le plus : elle m'inspire le calme, les délicieuses pâtisseries, les boissons chaudes réconfortantes, l'esprit d'Halloween et les teintes chaleureuses qui enveloppent tout. Et je suis heureuse de retrouver tout ça.

En arrivant vers le petit magasin, j'ouvre la porte, et un léger tintement résonne, annonçant ma présence. L'endroit est désert, en même temps, il est presque neuf heures du soir. Seul le vendeur, probablement à l'autre bout de la boutique semble partager ce silence avec moi.

Les lumières jaunâtres des lampes peinent à éclairer le petit espace, créant une atmosphère sombre et lugubre.

Je m'avance vers le rayon des pâtisseries, laissant de côté le bruit de mes chaussures sur le parquet granuleux, même si cela me rend nerveuse.

Je fais glisser ma main sur les étagères, rassemblant tout le nécessaire pour ma pâtisserie. Le tic-tac de l'horloge accentue mon anxiété, et je ne peux m'empêcher de penser à l'atmosphère glauque qui règne ici.

Ayant enfin rassemblé tout ce qu'il me fallait, un sourire aux lèvres, je me dirige rapidement vers la caisse, impatiente de quitter cet endroit et de retrouver la chaleur de mon petit appartement.

Mais il n'y a personne à la caisse, ce qui me fait légèrement froncer les sourcils. Un pressentiment désagréable m'envahit, et je sens mes mains trembler en tenant mes courses.

Je m'approche un peu plus du comptoir, une voix intérieure me conseille de partir, mais je l'ignore, scrutant la chaise où l'employeur devrait normalement être assis pour faire son travail.

Je touche légèrement le comptoir, mais il n'y a aucun signe de vie. Au fond, j'aperçois une porte noire, probablement celle des vestiaires ou des stocks.

Je reste immobile, une légère appréhension m'envahit. Mon regard est fixé sur cette porte en acier. Devrais-je y aller ?

Sans y réfléchir, mes jambes me portent vers l'arrière de la boutique, mes yeux rivés sur cette porte. En moins de cinq secondes, j'y suis, et je me retourne pour m'assurer qu'il n'y a personne.

Il n'y a que moi.

Je pousse alors la porte, et mon sang se fige.

Sang. Corps.

Un cadavre.

Je pousse un cri d'effroi.

Figée, ma vue se brouille sous l'impact de l'horreur. Une odeur nauséabonde règne dans la pièce. Le corps de l'employé gît sur le sol en béton. Je détourne le regard, incapable de faire face à cette vision, tandis que des larmes de détresse coulent sur mon visage.

C'est un cauchemar...

Je ne sais pas quoi faire. Déjà dehors, je réalise que j'avais raison de me méfier. J'aurais jamais dû ouvrir cette porte. Ni même venir ici. Cette image du corps en décomposition s'imprime dans mon esprit, indélébile. Chaque détail me hante, et je sais que je ne pourrai jamais l'oublier.

Je respire difficilement, tremblante d'horreur, une envie de vomir m'envahit violemment. Les larmes continuent de couler sur mon visage. Qui a commis une telle atrocité ? Je le sais, ici, il se passe des choses pas nettes. C'est précisément pour cela que j'économise, pour fuir cette ville, ce pays, et tout ce qu'ils cachent.

De retour chez moi, je suis toujours bouleversée par ce que je viens de vivre. J'enlève rapidement mes chaussures et file à la cuisine, l'angoisse me donnant horriblement soif.

Ensuite, je me dirige vers la douche, arrachant mes vêtements qui semblent désormais me retenir. Je m'engouffre sous le jet d'eau bouillante, un soupir d'apaisement s'échappe de mes lèvres. Chaque goutte d'eau se transforme en une attaque, frappant mon corps et mon âme, comme un assaut. Je frotte ma peau avec une telle intensité que des plaques rouges commencent à s'y former.

Je sens mes cheveux bruns s'alourdir au fur et à mesure que l'eau les imbibe.

Je sors et me sèche rapidement, puis m'enveloppe dans mon pyjama à imprimés roses. Mes mains tremblent, mes lèvres sont sèches, et un mal de tête s'installe. La fatigue m'accable, et j'ai juste une envie : m'endormir pour toujours.

Mais, il y a toujours un mais.

Est-ce que je réussirai à trouver le sommeil avec l'image d'un corps sans vie gravée dans mon esprit ?

                              
                             ➳

En espérant que ce premier petit chapitre vous a plu ღ

𝐀𝐓𝐌𝐎𝐒𝐏𝐇È𝐑𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant