chapitre 11

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Miguel

16 ans

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Quand Lorenzo m'avait retrouvé, cette fois-là, il s'était contenté de me raccompagner chez nous sans décrocher un mot, un exploit le concernant. Il avait dû sentir que s'il me cherchait encore, je risquais sérieusement de le tuer.

Las, je balayai rapidement les nombreux sms qui avaient ponctués ses appels. Le dernier me retourna le ventre.

« puisque tu m'as lâchement abandonné, je vais entreprendre de cuisiner Fifi pour le dîner ! À tout à l'heure :) »

Je le jurai, s'il avait vraiment fait un truc pareil, j'allais l'éventer moi-même, et avec grand plaisir ! Inquiet, je me dépêchai de rentrer. Pourquoi avait-il fallut que notre maison se trouve si loin en périphérie ? Normalement, j'aimais être coupé du brouhaha de la ville, mais...

Lorenzo ! L'appelai-je. Qu'est-ce que tu as fait à Fifi ?

J'entrai en trombe chez nous et me précipitai vers le salon. Je poussai un soupir de soulagement en constatant que la dinde était toujours bien sagement dans sa cage. Je cherchai Lorenzo du regard et le trouvais étendu sur le canapé, profondément endormi. Je m'approchai de lui sur la pointe des pieds pour ne pas le réveiller et observai silencieusement. Il n'y avait pas à dire, j'avais beau détester ce type, il était sacrément bien foutu. Ses cheveux bruns, ébouriffé, lui tombaient légèrement dans les yeux. D'une mais prudente, j'écartai quelques mèches de son visage. Il frémit dans son sommeil mais ne se réveilla pas, à mon grand soulagement.

Sans y réfléchir, j'attrapai le plaid qui trainait sur le fauteuil à motifs canards, ramener pas Lorenzo quelques jours plus tôt, et recouvrit délicatement le noiraud. Le temps commençait à se rafraîchir, en ce début de mois de novembre. Un Lorenzo en pleine forme c'était déjà une torture, alors un Lorenzo malade, c'était un aller simple vers la tombe ! Ce fut du moins la justification que je trouvais à mon geste. Je n'avais agi ainsi que pour me protéger moi.

Je secouai la tête pour me débarrasser des pensées encombrantes et donnai ses graines à Fifi. Je devais bien avouer qu'à moi aussi, ce volatile fichait la trouille. Je ne l'aurais cependant avoué pour rien au monde à Lorenzo, déjà qu'il était monstrueusement imbu de sa personne... Il ne fallait pas que je lui donne de nouvelles raisons de l'être.

Lessivé, je me dirigeai à pas lourd vers ma chambre et m'endormis avant même de toucher mon oreiller.

Deux heures plus tard à peine, je me réveillai en sursaut sans parvenir à retenir le hurlement de terreur qui m'arracha les tripes. Tremblant de tous mes membres, je me recroquevillais au fond de mon lit en essayant vainement de me calmer. Je visualisai encore Arès, rongeant aussi lentement qu'inexorablement chaque parcelle de mon être. Il me l'avait montré. Il m'avait montré la façon dont il corrompait mon corps de sa noirceur pour achever de me faire sien. Combien de temps me restait-il ? Combien avant d'appartenir définitivement à cette créature ? Je me levai d'un bond, le cœur au bord des lèvres. Il en était hors de question ! Je m'étais battu pour vivre, pour rester moi-même, pour...

Qu'est-ce que-

Tu as encore crié.

Je..

Sans m'écouter, Lorenzo attrapa mon poignet et me ramena fermement vers le lit. Il me força à m'allonger sans prêter attention à mes invectives et s'étendit à côté de moi. Mais qu'est-ce qu'il fabriquait, bon sang ? Je lui jetai un regard interrogateur, perdu, auquel Lorenzo ne répondis pas. Il se contenta de me pousser pour avoir plus de place et de nous recouvrir tous les deux de la couverture.

Retire tes gants, souffla Lorenzo à mon oreille.

Quoi ?

Tu n'en auras pas besoin.

Mais-

Lorenzo glissa un bras autour de ma taille et me rapprocha brusquement de lui. Nos deux corps s'emboîtèrent à la perfection, comme si... Comme si c'était quelque chose de naturel, d'attendu. Je retiens malgré moi mon souffle alors que mes joues s'empourpraient dangereusement. Heureusement que j'étais dos à Lorenzo, je n'aurais jamais pu lui faire face alors que mon cœur battait si fort. Pourquoi se déchaînait-il d'un coup, d'ailleurs ? Je pouvais me mentir à moi-même et affirmer que c'était dû à mon cauchemar. Où je pouvais être honnête et avouer que le noiraud me troublait bien plus qu'il ne devrait.

The Mafioso Love Où les histoires vivent. Découvrez maintenant