Chapitre III

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Quand Geto ouvrit les portes, ses yeux s'écarquillèrent devant ce qu'il y trouva.

Des gens applaudissaient, heureux, et au centre de l'allée se tenait Gojo, tenant Riko Amanai dans ses bras.
Ils applaudissaient le corps sans vie de la petite. Ils se réjouissaient de ce malheur, tout ça parce qu'ils vénéraient Tengen. Le culte astral considérait Riko comme une "impureté". Ça le dégoûtait.

- T'es en retard Suguru. Ou peut-être en avance.

Quand il leva les yeux vers lui, il ne rencontra pas ses magnifiques orbes bleues qui brillaient quand il le regardait. Ses pupilles semblaient éveillées, à pleine puissance. Bien qu'elles semblaient encore plus belles qu'auparavant, elles avaient l'air vides. Et l'expression que portait Gojo à ce moment-là était tellement invraisemblable qu'il se demanda si c'était le réel Gojo Satoru qui lui faisait face.

- Tu as vu Shoko ? 

- Oui, elle m'a soigné. Je vais bien. Physiquement. Pour le reste...

- C'est ma faute, ne te reproche rien.

C'était vrai. Gojo Satoru était le plus fort, mais il n'avait pas réussi à empêcher ce drame de se produire.
Riko Amanai avait des rêves, elle voulait vivre. Elle avait voulu rester plus longtemps avec ses amis, voyager, profiter de sa jeunesse. Dès sa plus tendre enfance, on lui avait imposé son destin. Personne ne devrait être privé de sa jeunesse.

- Rentrons.

- Suguru.

Il se tourna vers lui.

- Et si... on les tuait tous ? 

Geto n'en croyait pas ses oreilles. Il savait que la soudaine effusion de pouvoir en Gojo le rendait plus dingue qu'avant, et qu'à tout moment il pouvait exterminer l'entièreté de la salle. Mais pourtant, il demandait toujours l'avis de Suguru avant d'agir. Et ça, ça le touchait. Même dans cette situation.

- Là maintenant, continua Gojo, ça ne me ferait ni chaud, ni froid.

- Non, ce serait inutile. Ce ne sont que des humains sans pouvoir. Ceux qui sont au courant de tout se sont déjà enfuis. Ce n'est pas comme avec la prime, ils n'ont plus d'échappatoire. Cette secte a toujours causé problème. Elle sera démantelée sous peu.

Il savait qu'il l'écouterait. Après tout, Geto était son "pilier" de la raison. Sa référence. Son point de repère.
Gojo s'avançait vers la sortie, lorsqu'il s'arrêta net.

- "Ce serait inutile". Il y a vraiment besoin que ce soit utile...?

Le bruit des applaudissements le submergait. Il avait envie de le faire. Il voulait tous les éliminer. Il savait que Satoru avait tort. Mais il ne pouvait pas s'y résoudre.

- Oui, ça l'est. Surtout pour un exorciste.

Gojo s'en allait sans le regarder, le laissant avec toutes ses pensées parasites.
Plus tard, il regagna sa chambre et envisagea de prendre une douche. Il se sentait répugnant, sali par le contact des différents humains.
Il se souvint des paroles de Toji Zenin. Il avait affirmé être « un primate sans énergie occulte ». Pourtant, Toji l'avait battu à plates coutures et avait quasiment tué Gojo, tout ça sans une goutte d'énergie occulte. C'était à la fois humiliant et rageant.
Dans sa cabine de douche, il s'assit au sol et s'adossa sur l'un des murs avant d'enfouir sa tête dans ses bras.  Il laissa passivement couler l'eau sur son dos et ses cheveux, n'ayant pas la force d'attraper son shampoing à la mangue. Il pensait à Satoru.
Il savait que cela avait été dur pour lui, qu'il remettait toute la faute sur lui-même. D'habitude, il serait parti toquer à sa porte pour aller le réconforter, puis ils auraient allumé la console pour jouer aux jeux vidéos. C'était ce qu'ils faisaient lorsque l'un des deux allait mal.

Downfall | Satosugu Où les histoires vivent. Découvrez maintenant