La fleur de la Citadelle

Chapitre 4

Corélia traversait les dédales de ruelles de la Citadelle depuis ce qui lui semblait une éternité. Autour d'elle, les rues étaient toutes désertes en ce début d'après-midi et seuls les claquements de ses bottines résonnaient sur le sol pavé.

Plus d'une heure auparavant, un garde royal était venu la chercher à la gare pour la conduire au palais mais la jeune femme commençait à douter de ses capacités de guide. Elle continuait néanmoins à le suivre, en observant intriguée tous les détails de son environnement. Vue de l'extérieur, la ville semblait parfaitement harmonieuse mais elle était en réalité constituée de centaines d'impasses et d'escaliers interminables, formant un véritable labyrinthe. Les trottoirs étaient si étroits qu'ils permettaient à peine de marcher sans tomber dans la chaussée boueuse.

Corélia releva sa jupe pour monter une énième volée de marches. Depuis qu'elle était descendue du dirigeable, elle n'avait fait que grimper toujours plus haut dans les dédales de la Citadelle. Autour d'elle, les luxueuses bâtisses étaient trop hautes pour que la jeune femme puisse voir le dôme du palais royal mais elle savait qu'elle s'en approchait de plus en plus.

Soudainement, au sommet d'un ultime escalier, elle déboucha sur une élégante terrasse de marbre avec, au fond de celle-ci, l'immense palais royal. Corélia s'arrêta net, les yeux écarquillés d'émerveillement.

Vu de près, le somptueux bâtiment était encore plus imposant. Entièrement construit en marbre et en or finement ouvragé, il dominait l'ensemble de la Citadelle par sa hauteur et sa majesté. En levant les yeux, Corélia aperçut des plantes vertes s'élever vers les hauteurs du palais et elle devina la présence des célèbres jardins suspendus. La jeune femme sentit son cœur s'accélérer à l'idée qu'un jour, elle pourrait peut-être les voir pour de vrai.

Sans hésiter, le garde traversa la terrasse en direction de l'extraordinaire porte d'entrée du palais. Couverte de feuilles d'or, celle-ci reflétait la lumière du soleil rouge et semblait elle-même un troisième soleil. En s'en rapprochant, Corélia se rendit cependant compte qu'elle était en réalité couverte d'enluminures et de fines gravures représentant l'histoire de la dynastie royale depuis des siècles. Les mythes et la réalité se mêlaient sur le bois, à la manière des plus beaux contes.

La jeune femme sourit en reconnaissant des morceaux d'histoires qu'elle avait apprises étant enfant. Sur la droite, elle devina la reine Saïna, la seule femme ayant jamais régné sur le royaume grâce à son intelligence et son charisme. Un peu plus haut, se trouvait le roi aux 50 maîtresses ainsi que le roi Septan et ses deux fils, des conquérants ayant unifié une grande partie du royaume en annexant des îlots comme Anjo, Line ou encore Cerles.

Le regard de Corélia se posa ensuite sur la gravure centrale de la porte, représentant les premiers rois de la Citadelle, auréolés de lumière. Selon la légende, la reine Ellana était une grande magicienne. Accompagnée de son mari, elle avait soulevé les îlots au-dessus de la mer de nuages pour mettre son peuple à l'abri des monstres apparus sur la première terre. Son mari, le roi Clo, s'était ensuite chargé de recréer les soleils, le vent et l'eau pour permettre à son royaume de survivre dans ce nouvel environnement. Même si la reine Ellana était souvent un personnage secondaire dans la fondation du royaume, tous les conteurs s'accordaient à dire qu'elle avait été profondément aimée de son mari, faisant de ce couple royal un modèle d'amour et de fidélité.

— Mademoiselle ?

Corélia sursauta, brusquement tirée de ses observations. Son guide se tenait devant elle, les sourcils froncés. Derrière lui, deux autres gardes se tenaient de chaque côté de l'immense porte, une hallebarde à la main. La jeune femme ne put s'empêcher de frissonner.

Pour faire abstraction des deux gardes, elle reporta son attention sur son guide.

— Nous n'entrons pas ?