Chapitre 6 - Zélie

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4 ans plus tard

Un jour, j'ai pris une paire de ciseaux, enroulé l'une de mes longues mèches de cheveux autour de mon index, puis je l'ai coupée. Et c'était fait : je tournais la page. Les pages devrais-je dire... Quitte à être honnête, je crois que ce jour-là, j'ai carrément changé de livre. Encore.

Evidemment, cela ne s'est pas fait aussi facilement et j'ai dû effectuer des thérapies en tout genre et faire plusieurs séjours dans des hôpitaux psychiatriques pour évacuer et soigner ce qui devait l'être cependant, c'est bel et bien ce jour-là que j'ai su que j'étais guérie. Celui où, d'un coup vif et déterminé, j'ai coupé au carré cette chevelure qui me tombait à la taille et me donnait l'impression de peser mille tonnes. Le poids de mes souvenirs.

Deux ans, c'est le temps qu'il m'a fallu en tout pour relever ces genoux que j'avais posé à terre. Deux ans, c'est également le temps qu'il m'a ensuite fallu pour reprendre ma vie en main et décrocher un diplôme dans un domaine qui me plaisait, de quoi donner du sens à mon quotidien. Désormais je me sens prête. Prête à affronter la vie d'adulte sans faire peser mon existence sur les épaules de ma tendre maman, la seule qui ne m'a jamais lâchée même après que je l'ai tant éprouvée.

—Tu es vraiment certaine de ton choix, ma Zézé ? me demande cette dernière, interrompant le court de mes pensées. Tu sais, il n'y a aucune honte à change d'a...

—Maman, on en a déjà parlé, l'interrompé-je en soupirant exagérément tandis que je dépose le dernier carton sur la kitchenette dans mon studio. C'est une belle opportunité pour moi de bosser dans cette MECS¹ et j'ai besoin de me prouver que je peux y arriver toute seule !

—Je sais bien, ma chérie, mais je suis si inquiète ! Je crois en toi, je te l'assure, néanmoins tu ne peux pas m'en vouloir de me faire du mauvais sang... La dernière fois que tu es partie vivre sur Paris, tu m'es revenue complètement brisée, se lamente-t-elle, mettant enfin des mots sur ce qu'elle se retient de me dire depuis que je lui ai annoncé mon départ.

Comment lui en vouloir de se faire du souci quand ma précédente expérience de vie parisienne s'est conclue de manière aussi chaotique ? Cela m'est impossible. Toutefois, j'ai fait du chemin depuis et je ne suis plus la même. Plus forte et mieux armée, je ne m'inquiète plus de mon sort à venir. J'ai grandi, j'ai mûri et, contrairement à la dernière fois, je sais pourquoi je suis ici et où je vais. Au moindre besoin ou signe de détresse, je n'hésiterais pas à faire appel à elle, j'aimerais tellement qu'elle le comprenne.

— Le contexte était totalement différent et tu le sais, Mam's, lui répété-je une énième fois pour la rassurer sans réussir à contenir un second soupire. La première fois, je me suis rabattue sur Paris, puis Vieux-Boucau, parce que je n'arrivais plus à gérer mes propres émotions. Aujourd'hui, c'est un choix. Un vrai choix, maman, insisté-je lorsque je remarque ses grands yeux angoissés qui cherchent à fuir les miens, les posant partout dans le studio que je suis parvenue à dégoter dans le quartier de Montmartre.

Parce que cela ne suffit pas à apaiser la tension qui émane de celle qui m'a élevée et que je peux ressentir jusque sous ma peau, je franchis le maigre espace qui nous sépare. Saisissant ses mains pour attirer son attention et lui signifier ma sollicitude, je poursuis :

—Ai confiance en moi comme je t'ai fait confiance, maman, je t'en conjure, la supplié-je presque. Quand je voulais tout laisser tomber, y compris cette histoire de tribunal, tu m'as poussé à continuer mon combat jusqu'à ce que justice soit faite et je l'ai obtenue. Pourtant, vue la vindicte populaire et le parti pris du juge, ce n'était pas gagné... Mais tu ne m'as permis de laisser tomber !

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⏰ Dernière mise à jour : 6 days ago ⏰

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