Chapitre 25

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Orion




Neith apparaît parmi les feuillages, mais tantôt sa peau devient nette, tantôt elle devient translucide, presque invisible. J'ai envie de sauter de joie et de pleurer son retour, malgré que ça ne doit faire seulement 4 heures que son corps a sombré dans la mort. Pourtant, je reste là, impossible de bouger.


— Orion, que vois-tu ? Je sens ta respiration de plus en plus lente, me chuchotte-t-elle.


Mais pareil, ma gorge se serre ; impossible d'en sortir un son. Mes membres se contractent ; impossible de bouger, et respirer est si difficile.

Alors que Neith se rapproche toujours de nous à pas lent, le serpent de la femme arrive près d'elle, avec une grosse boule au milieu de son corps. Je n'aimerais pas non plus devenir sa proie à celui-là.

Plus elle se rapproche, plus je la vois de mieux en mieux. Son corps cesse enfin de changer de matière. Surprise en voyant la tête du reptile, Neith fait un bond en arrière, échappant un cris étouffé. Le serpent se met à aborder une position de contre-attaque. La tête haute, il hume l'air en la toisant, attendant le bon moment pour bondir. La Tiefling me jette un dernier regard puis devient invisible pour ne plus jamais réapparaitre. Même si le serpent avait continué sa route. Étais-ce une hallucination ? Non, le loup, le serpent, et Alis. Ils l'avaient tous senti. La main de la fillette se pose sur mon bras, toujours tendu vers les plantes, et sa tête attend ma réponse.


— J'ai cru voir quelque chose, finissais-je par annoncer.


Elle remue la tête de haut en bas et continue de remplir son panier de plusieurs plantes. Je connais seulement les mandrakes. Je devais justement suivre des cours avancés sur les connaissances des plantes, et pourtant, me voilà à n'en connaître que quelques-unes. Qu'ai-je fait jusqu'à maintenant, à part embêter ma grande sœur ?

Alors que le temps passe pendant que les étoiles deviennent de plus en plus brillantes, Alis se lève et monte sur son loup, chargé d'un panier rempli de plantes médicinales et de quelques fruits trouvés. Reprenant le court chemin du retour, la jeune fille m'emmène jusqu'à une tente drapée de tissu noir et de poteau en bois. De toutes les petites cabanes, ça doit être celle-ci la plus grande. Descendant de la bête, elle fait deux pas et trouve la poignée sans mal, ouvrant la petite porte. Je la suis toujours, incapable de savoir si je devrais.

À peine entrais-je que j'entendis des hurlements de douleur. Trouvant des yeux la femme allongée sur un pauvre lit, elle se tortille comme elle peut dans l'espoir d'alléger le poids de sa souffrance. Malheureusement pour elle, l'enfant augmentant inexorablement la taille de son ventre n'aide pas. Il n'a plus envie d'attendre et tente déjà de quitter le cocon de sa mère. Alis reste impassible devant ça, elle avance calmement près d'une table et commence à préparer sa petite potion aidée d'un livre d'instruction. Sa main cherche les outils, elle coupe les datura, les broie avec les mandrake, ajoute de l'eau, quelques feuilles de menthe et finit par en faire une soupe ou une boisson. La femme, toujours en train de gémir à plein poumon, bois aussitôt le verre lorsqu'Alis m'a demandé de le lui apporter. Même pas le temps de reposer le verre en argile que la femme me tient fort le bras, me déversant sa douleur. Lorsqu'elle finit enfin par me lâcher, c'est quand un petit garçon a pris ma place. Aussi fragile que de la porcelaine, il a encaissé les ongles de la mère dans son bras. Moi, j'étais resté là à attendre les ordres pendant qu'une autre femme aux cheveux d'argent était venue aider à l'accouchement. J'avais tout vu, incapable de déguerpir. Mon empathie était encore libre et je commençais à avoir les mêmes peines. Quel soulagement ce fut, au moment où le bébé était enfin sorti. Et quelle joie je ressentais. Je sentais quelques larmes glisser le long de mes pommettes, mais c'était irréalisable pour moi d'aller m'essayer et de me moucher le nez. Je ne voulais pas rater le formidable spectacle entre une mère et sa petite fille.

Alors que je ne quittais pas cette union des yeux, quelqu'un me tenait l'épaule, me balançant comme pour me sortir de ma rêverie. Une fois sorti de ma transe, la Pixie se tenait à côté de moi. Inquiète et heureuse à la fois. Je l'interroge d'un regard accusateur de me priver de la beauté d'un amour dont j'ai toujours été privé. Ignorant mon message, elle me prend le bras et m'emmène loin de la tente à un pas étonnement rapide.

Elle me ramène alors sur notre place de tous à l'heure, face à l'énigmatique femme. Au lieu de sourire comme tous à l'heure, avec cette envie de nous tuer, cette fois, elle arbore un sourire sincère, doux, réconfortant. Traya s'assoit et je fais de même, mais en face d'elle cette fois, et non à côté, car je suppose qu'elle a quelque chose à me dire.

Son regard passe de la femme, à moi, puis elle finit par lâcher ses mots dans le vent qui souffle doucement, faisant voltiger quelques feuilles.


— Orion, on nous a caché beaucoup de choses.


Non surpris, j'hoche la tête, las de comprendre qu'elle va me répéter ce que m'avait dit Alis plus tôt.


— Il existe un monde tout autour de nos îles que nous ne connaissons pas, reprend-t'elle.


Mes méninges travaillent, à la recherche de ce qu'il pourrait bien se trouver autour de notre archipel. Mais ce que je cherche surtout à savoir, c'est pourquoi personne ne nous en a parlé si il y a bel et bien un monde autour des îles, sans que personne ne le connaisse. Et comment il est.

Peut-être attend-elle une réaction de ma part, mais je ne lui tends qu'une mine perdue n'attendant que des réponses.


— Ce que Traya essaie de dire par « un monde », commence la dame, est qu'il y a des êtres et toute une civilisation différente d'ici. Leurs habitants sont comme moi, aucun pouvoir, des yeux moins voyants et des oreilles arrondies. Vous en avez déjà vu, mais pourtant, ils restent rares, car ce n'est pas ici qu'ils devraient se trouver, mais là-bas. Derrière ces hautes vagues, ses récifs, mais surtout, loin de nos terres.


Pas de pouvoirs, des oreilles différentes des nôtres ainsi que la couleur de leur iris. Comme... ceux dans la prophétie !

Est-ce notre destin de découvrir leur monde ? Serait-ce que la prophétie voulait nous montrer ? Voulait elle nous mettre sur cette voix ?


— Alors pourquoi personne n'a jamais parlé d'eux ?


Je chuchote ça presque imperceptiblement, mais leurs regards sont rivés sur moi, eux-mêmes remplis de question. Ou plutôt, seulement pour Traya.


— Je suis certaine qu'Aesira le sait, mais comme j'étais trop excitée par cette nouvelle, je suis venue te chercher, me dit-elle avec une tête désolée. Vas-y, Aesira, continue ce que tu me disais ! Supplie la Pixie.


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⏰ Dernière mise à jour : Oct 13 ⏰

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