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La lumière de l'aube perçait à travers les fenêtres de la Salle Commune des Serpentard alors que je me réveillais, le corps encore engourdi par la fraîcheur de la nuit. Mes pensées tourbillonnaient, piégées entre la réalité et le souvenir de ce qui s'était passé quelques heures plus tôt. Hermione Granger, celle que j'étais censé détester, avait maintenant une place dans mon esprit que je ne pouvais plus ignorer.

Je m'étais levé avant que l'école ne se réveille, retrouvant la froideur habituelle de la maison Serpentard, loin de la douceur des étoiles et de son étreinte. Tout en remontant le col de ma robe de sorcier, je me demandais comment j'allais affronter cette journée. Comment allais-je la regarder dans les yeux en public sans laisser transparaître ce que je ressentais ? Un sentiment, un secret, qui n'aurait jamais dû exister.

Lorsque je la vis entrer en cours de potions ce matin-là, tout devint soudain beaucoup plus réel. Ses cheveux étaient légèrement emmêlés par la fatigue, et pourtant, elle rayonnait. Personne ne pouvait savoir. Ni Potter, ni Weasley, et certainement pas Rogue.

Je me tenais à ma place habituelle, le regard fixé sur le chaudron face à moi, essayant de paraître aussi détaché que d'habitude. Pourtant, chaque fibre de mon être attendait qu'elle entre dans la salle. La tension était palpable dès qu'elle franchit le seuil. Je ne pouvais pas détourner les yeux, et malgré mes efforts pour paraître indifférent, mon cœur battait plus vite.

– Il ne reste qu'une place libre, Miss Granger, fit remarquer Rogue d'une voix traînante, sans même lever les yeux de son bureau.

C'était là, juste à côté de moi. Mon esprit était en ébullition. Je savais qu'elle n'avait pas d'autre choix que de s'asseoir à mes côtés, mais comment allions-nous feindre ? Jouer ce jeu devant tout le monde ?

Hermione croisa rapidement mon regard avant de détourner les yeux. Elle s'installa à côté de moi, affichant un masque de contrariété à la perfection. Devant Potter et Weasley, elle devait faire semblant que tout cela était insupportable, comme d'habitude. Moi aussi, je devais rester fidèle à mon rôle.

Le cours commença, et je fis semblant d'écouter Rogue tandis que mes pensées dérivaient ailleurs. À chaque instant, je pouvais sentir la présence d'Hermione à côté de moi, sa proximité me troublant plus que je ne l'aurais admis.

Je glissai lentement ma main entre nous, comme si de rien n'était. Mon petit doigt toucha le sien, hésitant. C'était un geste minuscule, presque invisible, mais pour moi, c'était tout. C'était notre lien, silencieux, caché dans l'ombre de ce qui nous séparait en apparence.

Contre toute attente, Hermione répondit. Elle tendit son petit doigt et l'enroula autour du mien, discrètement. Mon cœur bondit dans ma poitrine. Je gardai mon visage impassible, ne laissant rien paraître, mais à l'intérieur, c'était un tourbillon.

Le cours continua, et personne ne sembla remarquer ce qui se passait entre nous. Potter et Weasley  étaient plongés dans leurs propres discussions, et Rogue, comme toujours, se concentrait uniquement sur ses potions. Tout était à çà place. J'étais enfin à ma place 

Pourtant, ce simple geste, ce contact infime, rendait tout plus réel, plus dangereux. Nous jouions avec le feu, et je ne savais pas combien de temps nous pourrions continuer sans que cela ne brûle tout autour de nous.

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Le soir venu, alors que tout le château s'endormait, je me faufilai hors de la salle commune des Serpentard, mes pensées tournées uniquement vers elle. Nous avions pris l'habitude de nous retrouver en secret, loin des regards indiscrets. Ce soir, c'était dans un coin isolé du parc, sous les étoiles qui avaient vu naître notre premier baiser.

Hermione était déjà là, une silhouette discrète, éclairée par la lueur de la lune. Elle portait un manteau épais pour se protéger du froid, et ses cheveux volaient doucement dans la brise nocturne. Elle sourit en me voyant approcher, un sourire réservé, mais sincère.

– Tu as pris la carte ? lui demandai-je à voix basse.

Elle hocha la tête, me montrant le morceau de parchemin plié dans sa main. C'était notre sécurité. Avec cette carte, personne ne pouvait nous surprendre. Pas Potter, ni Weasley, ni aucun des professeurs.

Je m'approchai d'elle et, sans un mot, elle glissa sa main dans la mienne. Nous nous assîmes ensemble, l'un contre l'autre, regardant les étoiles en silence. C'était devenu notre rituel, une bulle hors du temps où nous pouvions être nous-mêmes, sans jugement ni attentes.

Hermione posa sa tête contre mon épaule, et je sentis une vague de paix m'envahir. Avec elle, tout semblait plus simple, comme si les tensions de nos mondes respectifs s'effaçaient. Elle murmura quelques mots sur sa journée, ses études, ses amis... mais tout cela me paraissait si lointain. Il n'y avait plus que nous, et la lueur des étoiles au-dessus.

Nous échangeâmes quelques baisers doux, puis, sans un mot de plus, nous nous laissâmes aller à la tranquillité de la nuit, nos respirations se mêlant dans l'air froid. À cet instant, rien d'autre n'avait d'importance. Ni les rivalités de nos maisons, ni les attentes de nos familles. Il n'y avait que nous, Drago et Hermione, dans un monde qui ne nous comprenait pas.

Le silence paisible de la nuit finit par nous emporter. Blottis l'un contre l'autre, nous nous endormîmes sous le ciel étoilé, sachant pertinemment que ce bonheur fragile ne durerait peut-être pas. Mais pour l'instant, c'était tout ce dont nous avions besoin.

À l'aube, lorsque les premiers rayons du soleil apparurent, nous nous levâmes en silence, échangèrent un dernier baiser avant de retourner chacun dans nos dortoirs. Nous avions pris l'habitude de disparaître avant que le château ne se réveille, conscients que tout ceci devait rester un secret. Mais avec chaque jour qui passait, je sentais que notre secret devenait de plus en plus difficile à garder.

Je rentrai dans la salle commune des Serpentard, le cœur lourd mais étrangement satisfait. À Poudlard, tout paraissait immuable, mais en nous, quelque chose avait déjà changé.

Et je savais que rien ne serait plus jamais pareil.

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𝐄𝐧𝐝𝐨𝐥𝐨𝐫𝐢𝐬Où les histoires vivent. Découvrez maintenant