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Drago sentit une douleur fulgurante dans son flanc avant que tout ne devienne noir. Le hurlement de Bellatrix résonnait encore dans sa tête tandis que le sol froid du manoir disparaissait sous lui. Il ne savait pas si c’était la douleur ou le transplanage qui l'avait fait sombrer, mais maintenant tout était silence.

Quand il reprit conscience, ce fut d’abord la lumière qui l’assaillit. Une lumière douce et tamisée, bleutée, remplissant l’espace. Il plissa les yeux, la tête lourde, ses pensées encore floues. Où était-il ? Il essaya de bouger, mais une douleur cuisante irradia immédiatement depuis son flanc. Avec un grognement, il posa une main sur l’endroit douloureux, découvrant un épais bandage recouvrant la plaie.

Il entendit des pas légers se rapprocher, suivis d’une voix apaisante :

— Ne bougez pas trop, vous êtes encore très faible.

Drago tourna lentement la tête pour voir Fleur Delacour à son chevet, ses traits doux mais concentrés. Elle tenait un flacon de potion dans la main, qu’elle lui tendit.

— Buvez ceci, ça aidera avec la douleur.

Sans protester, il avala la potion amère, son esprit encore embrouillé par les récents événements. Il était dans une chambre qu'il ne reconnaissait pas, avec des murs d'un bleu serein et une large fenêtre laissant entrer la lumière du jour. Il distingua le bruissement des vagues au loin. Ce devait être Shell Cottage, la maison des Weasley.

Il baissa les yeux vers son flanc, se demandant à quel point il avait été blessé, mais quelque chose attira son attention avant qu'il ne puisse y penser davantage. Un autre lit, à quelques mètres de là. Quelqu’un y dormait, paisiblement.

Hermione.

Elle était là, allongée sur le côté, son poignet bandé reposant sur le drap. La vue de son visage endormi, malgré la fatigue visible, fit battre le cœur de Drago un peu plus fort. Elle était en vie. Il ne savait même pas pourquoi cela le soulageait autant, mais un poids qu'il n'avait pas réalisé porter s’évapora en un instant.

Fleur, ayant remarqué où son regard s'était posé, ajouta doucement :

— Elle va bien. Son poignet est gravement blessé, mais elle est forte.

Sans dire un mot, Drago se redressa, ignorant la douleur qui déchirait son flanc, et essaya de se lever. Ses jambes fléchirent légèrement sous lui, mais il parvint à s'approcher du lit d’Hermione. Il tira une chaise à côté d’elle, s'y laissa tomber lourdement, le souffle court.

Ses doigts tremblants se posèrent doucement sur la main bandée d’Hermione. Il hésita un instant, puis commença à caresser lentement sa peau avec son pouce. Un mélange de culpabilité, de soulagement, et d’émotions plus profondes qu'il n'osait à peine nommer, l’envahit.

— Hermione... murmura-t-il, sa voix rauque et hésitante. Je suis désolé... tellement désolé.

Il baissa la tête, son front presque posé sur leurs mains jointes.

— Je n’ai jamais voulu te faire de mal. Jamais voulu t’enlever la mémoire. C’était la seule façon... de te protéger de tout ça, murmura-t-il, sa voix brisée par le regret.

Un long silence s'installa, ponctué seulement par le bruit de sa respiration agitée et celle plus régulière d’Hermione. Il continua doucement :

— Chaque jour, depuis que je l’ai fait, je me suis haï pour ça. Je t’aime... tellement. Et je n’ai jamais pu te le dire. Parce que j’étais trop lâche. Parce que j’étais pris au piège. Mais je le pensais. Je le pense toujours.

Il releva doucement la tête, fixant le visage d’Hermione, espérant presque qu’elle ouvrirait les yeux et qu’elle entendrait ses mots. Mais elle resta immobile, plongée dans un sommeil réparateur.

Drago soupira profondément et serra un peu plus sa main dans la sienne, comme s’il pouvait transmettre à travers ce geste toute la vérité qu’il n’avait jamais pu exprimer avant.

— Je sais que je ne le mérite pas, murmura-t-il. Mais si un jour tu te souviens... si tu te rappelles de ce qu’on a partagé, sache que ce n’était pas un mensonge.

Il ferma les yeux un instant, épuisé par l’effort et par l’émotion qui bouillonnait en lui. La douleur dans son flanc semblait lointaine maintenant, remplacée par un autre tourment, plus profond et plus ancien.

Tandis qu’il caressait doucement la main d’Hermione, il se demanda si elle pourrait un jour lui pardonner. S'il pourrait jamais se pardonner lui-même.

𝐄𝐧𝐝𝐨𝐥𝐨𝐫𝐢𝐬Où les histoires vivent. Découvrez maintenant