Chapitre 5

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Alors que la voiture filait à travers les rues de Naples, Emma se sentit lentement emportée par le sommeil. Les émotions qui l'avaient assaillie tout au long de la journée, la peur, l'angoisse et la tristesse face à la mort de Luca, s'accumulaient en elle comme une mer tumultueuse. Ses paupières devenaient de plus en plus lourdes, et malgré l'inquiétude qui persistait, son corps finit par céder à la fatigue.

Dans un soupir, elle s'enfonça dans le siège, son esprit flottant entre les souvenirs récents et des rêves troublés. Elle revit la scène horrible, les coups, les cris, la douleur de Luca, mais au milieu de tout cela, quelque chose de doux émergea. Elle se remémora les rires partagés, les moments de complicité à l'université, et surtout, la chaleur de sa présence. La vérité la frappa comme un coup de poignard : Luca ne serait plus là pour partager ces instants avec elle.

Emma se réveilla en sursaut, la respiration haletante, les larmes aux yeux. Elle réalisa qu'elle était toujours en vie, mais le poids de la perte pesait lourd sur son cœur. Damiano et les autres conduisaient silencieusement, leurs visages concentrés sur la route. Elle sentit une main douce sur son épaule, et elle tourna la tête pour voir Damiano la regarder avec une expression de compréhension.

— « Ça va aller, » murmura-t-il, comme s'il avait lu dans ses pensées. « Prends ton temps. »

Emma hocha la tête, cherchant à maîtriser ses émotions. Elle était en sécurité maintenant, mais la réalité de la mort de Luca la hantait. Elle aurait aimé lui dire adieu, lui dire à quel point il comptait pour elle. L'idée de ne plus jamais l'entendre rire, de ne plus jamais le voir, lui déchirait le cœur.

La voiture continua de rouler, traversant les rues étroites de Naples, tandis qu'Emma luttait pour se replonger dans un sommeil apaisant. Le paysage défilait à toute vitesse, les lumières de la ville scintillant comme des étoiles dans la nuit.

Peu à peu, l'épuisement reprit le dessus, et elle se laissa aller à la douce étreinte du sommeil. Dans ses rêves, elle se revit sur le campus, riant avec Luca, ses mains effleurant les siennes, un monde où rien n'était en danger. Mais les ombres du passé revenaient toujours, menaçantes, jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus distinguer le rêve de la réalité.

Emma ouvrit lentement les yeux, émergeant d'un sommeil agité. Une sensation étrange l'envahit alors qu'elle réalisait qu'elle n'était plus dans la voiture. La pièce autour d'elle était d'un blanc immaculé, à peine décorée, et elle était allongée dans un lit d'une douceur presque oppressante. Un silence étrange régnait, seulement perturbé par les battements irréguliers de son cœur.

Elle tourna la tête, et son regard se figea immédiatement sur une silhouette assise au coin de la chambre, observant chaque mouvement qu'elle faisait. Son souffle se coupa et la panique monta en elle. Sans réfléchir, elle se recula instinctivement contre le mur, ses doigts cherchant un point d'appui sur le drap du lit. L'homme ne bougea pas tout de suite, se contentant de la fixer avec un calme glacial.

La lumière de la lune filtrait doucement à travers les rideaux, illuminant à peine la pièce. C'est dans cette clarté subtile qu'Emma parvint enfin à distinguer le visage de l'inconnu. Ses cheveux étaient d'un blanc éclatant, tombant en mèches soignées autour de son visage. Ses yeux, d'un bleu perçant comme la glace, la scrutaient sans ciller, reflétant un calme implacable. Son apparence angélique contrastait violemment avec l'air sévère et intransigeant qui se lisait sur ses traits.

Il portait une chemise entre-ouverte, révélant la ligne de ses clavicules, probablement à cause de la chaleur étouffante de la pièce. Sa posture détendue, bien que calculée, semblait témoigner d'une confiance absolue en lui-même. Le pantalon de costume noir ajusté ajoutait à son allure de chef. Tout, dans son apparence, criait à la fois puissance et contrôle.

Emma ne put réprimer un frisson. Cet homme n'avait pas l'air de vouloir lui faire du mal... mais quelque chose dans son aura la mettait mal à l'aise. Il n'était pas comme les autres. Ce n'était pas un homme à prendre à la légère.

— « Qui... qui êtes-vous ? » parvint-elle à articuler, la voix brisée par la peur.

L'homme se pencha légèrement, le visage toujours dans l'ombre, et répondit d'un ton calme mais chargé d'autorité.

— « Angelo. »

Il marqua une pause, comme pour laisser le poids de ce nom s'imprimer dans l'esprit d'Emma avant d'ajouter froidement :

— « Le chef des Noveli. »

Les mots résonnèrent dans la pièce comme une sentence. Emma avait entendu ce nom, ce gang, à travers des rumeurs et des murmures dans les ruelles sombres de Naples. Les Noveli, ennemis jurés des Boneli, étaient réputés pour leur froideur et leur détermination impitoyable. Et maintenant, elle se retrouvait dans la pièce avec leur chef.

— « Pourquoi... pourquoi suis-je ici ? » demanda-t-elle, la panique montant dans sa voix.

Angelo se redressa lentement, croisant ses bras sur sa poitrine avec un regard perçant.

— « Parce que je veux savoir ce que tu faisais dans la voiture des Boneli, » dit-il d'une voix coupante, sans laisser place à l'émotion. « Et si tu es une alliée... ou une ennemie. »

Emma sentit son souffle se couper sous l'intensité du regard d'Angelo. Chaque seconde qui passait lui semblait une éternité, le silence pesant entre eux renforçant l'aura intimidante de cet homme. Elle chercha désespérément ses mots, consciente que la moindre erreur pourrait être fatale.

— « Je... je ne suis pas avec eux, » balbutia-t-elle, sa voix tremblante. « Je n'ai rien à voir avec les Boneli, je vous le jure. Je me suis retrouvée dans cette voiture par accident. »

Angelo ne bougea pas d'un millimètre. Son visage restait impassible, mais ses yeux continuaient de l'observer avec une attention glaciale, comme s'il analysait chaque mot, chaque mouvement.

— « Perché? » demanda-t-il simplement, un mot, mais suffisamment chargé pour la déstabiliser.

Pourquoi ? Pourquoi elle se retrouvait là ? Pourquoi les Boneli l'avaient prise ? Elle se recroquevilla un peu plus, essayant de ne pas craquer sous la pression.

— « J'étais... chez mon voisin Luca, » répondit-elle, sa voix presque un murmure. « Je ne savais pas qu'il était mêlé à eux. Je l'ai entendu se faire attaquer, j'ai essayé de fuir, mais... »

Elle marqua une pause, ses mains tremblantes serrées contre elle. Les images du meurtre de Luca envahissaient son esprit, et elle ferma les yeux, espérant chasser ce souvenir.

Angelo ne dit rien, mais son silence lourd de sens la poussait à continuer.

— « Ils m'ont attrapée et mise dans le coffre... je ne savais pas quoi faire, je pensais que j'allais mourir... » Ses yeux cherchèrent un quelconque signe d'humanité sur le visage d'Angelo, mais il restait stoïque, difficile à lire.

Finalement, il se leva, sa silhouette imposante se dessinant dans la lumière faible de la lune. Il s'approcha lentement du lit, chaque pas résonnant dans le silence. Emma se crispa, incertaine de ses intentions, mais il s'arrêta juste devant elle, la dominant de toute sa hauteur.

— « Rafaelo, » dit-il d'une voix grave, le nom du chef des Boneli glissant entre ses lèvres comme un venin. « C'est lui qui te voulait. »

Emma frissonna à l'entente de ce nom. Elle hocha la tête, incapable de parler, trop terrifiée à l'idée de ce qu'elle avait échappé.

Angelo se tourna légèrement, son regard perdu dans l'ombre de la pièce. Puis, d'une voix basse, il ajouta :

— « Dormi, ragazza. Tu es en sécurité... pour l'instant. »

Ces derniers mots n'avaient rien de rassurant. Mais dans son état de fatigue extrême, Emma n'avait plus la force de réfléchir. Laissant échapper un soupir, elle s'enfonça à nouveau dans le lit, essayant de calmer les battements affolés de son cœur. Le silence retomba dans la pièce, uniquement ponctué par la respiration tranquille d'Angelo.

Avant de fermer les yeux, elle jeta un dernier regard vers cet homme énigmatique. Angelo, avec ses cheveux d'un blanc immaculé et ses yeux bleus de glace, semblait aussi distant qu'inaccessible. Pourtant, dans ses paroles brèves et son comportement froid, Emma devina une chose : cet homme, aussi effrayant qu'il soit, ne semblait pas vouloir lui faire de mal. Pas pour l'instant.

Mio AngeloWhere stories live. Discover now