Mio Angelo

Chapitre 14

Emma se retrouva à contempler le plafond de sa chambre, l'esprit en proie à un tourbillon d'émotions. La promesse d'Angelo de la protéger semblait sincère, mais à quel prix ? Les mots de Rafaelo résonnaient encore dans son esprit : « Elle doit être à sa place. » Que cela pouvait-il signifier ?

Le temps passa lentement, chaque minute étirée par la tension palpable. Elle se leva finalement, la curiosité l'emportant sur sa peur. Elle savait qu'elle devait en apprendre plus sur l'univers dans lequel elle venait de tomber. Mais alors qu'elle s'apprêtait à sortir de la chambre, un bruit provenant du couloir attira son attention.

Des voix résonnaient, accompagnées de rires et de cris. Intriguée, elle se glissa discrètement dans le couloir, prenant soin de rester en retrait. Les portes étaient à peine entreouvertes, laissant passer des éclats de lumière et des bribes de conversations. Elle avança doucement, suivant le son des rires.

Elle se retrouva bientôt devant une porte entrouverte, de laquelle émanait une lumière vive. À l'intérieur, elle aperçut Damiano, entouré d'autres hommes. L'atmosphère était festive, et ils semblaient se moquer de quelque chose. Emma se figea dans l'ombre, ne sachant pas si elle devait entrer ou rester à l'écart.

« Et ensuite, il lui a dit qu'il n'avait aucune chance, » éclata de rire Damiano, imitant une voix comique qui fit rire ses compagnons. Emma ne pouvait s'empêcher de sourire face à sa légèreté, mais une part d'elle restait méfiante.

Les hommes parlaient de leurs affaires, mais Emma ne comprenait pas tout. Les mots « Boneli » et « Rafaelo » revenaient souvent. Elle se rendit compte qu'ils parlaient probablement de la rivalité entre leurs gangs. Ce monde était bien plus dangereux qu'elle ne l'avait imaginé.

Soudain, la porte s'ouvrit brusquement, et un homme du groupe la remarqua. « Eh, qui voilà ! La petite étrangère ! » s'écria-t-il avec un sourire malicieux. Les autres se retournèrent, leurs regards braqués sur elle.

Emma sentit son cœur s'emballer. Elle devait réagir rapidement, mais la peur l'enserrait comme une étreinte froide. « Je... je cherchais juste... » balbutia-t-elle, se sentant vulnérable sous leurs regards.

Damiano s'avança, son sourire s'effaçant. « Emma, ce n'est pas un endroit pour toi. Tu devrais retourner dans ta chambre. »

Elle n'avait pas envie de reculer, de se laisser intimider. « Je voulais juste comprendre... » murmura-t-elle.

« Comprendre quoi ? Que tu es ici avec des gens dangereux ? » intervint un autre homme, son ton sarcastique, ce qui attisa un rire général.

Emma sentit une vague de frustration monter en elle. « Je ne suis pas une enfant ! Je peux me défendre. »

Damiano, avec un regard inquiet, s'approcha d'elle. « C'est exactement le problème, Emma. Tu ne comprends pas à quel point tu es en danger. »

Un silence pesant s'installa alors que les autres hommes échangèrent des regards. Emma se sentait acculée, comme si elle avait réveillé un serpent endormi. L'un d'eux, plus imposant que les autres, s'approcha d'elle, une lueur provocante dans les yeux.

« Regarde, la petite veut jouer les héroïnes, » dit-il avec un ricanement. « On pourrait lui apprendre une leçon, non ? »

« Laissez-la tranquille, » intervint Damiano, sa voix plus ferme. « Elle n'a rien à voir avec ça. »

L'homme se tourna vers Damiano, un sourire moqueur sur le visage. « Et pourquoi devrions-nous l'écouter, hein ? Elle n'est qu'une Française perdue dans notre monde. »

Emma se redressa, essayant de paraître plus forte qu'elle ne l'était. « Je ne suis pas perdue. Je sais où je suis. »

Mais l'homme ne l'écoutait pas. Il s'approcha d'elle, la dominait de toute sa taille. Emma sentit son cœur s'emballer, l'adrénaline pulsant dans ses veines. Un frisson d'angoisse la parcourut alors qu'elle reculait instinctivement.

Emma se tenait là, le cœur battant, tandis que l'homme aux allures provocantes continuait à la fixer avec un sourire déplaisant. Elle pouvait sentir son regard la parcourir, une sensation de malaise s'insinuant en elle.

« Tu sais, jolie, tu es dans un endroit où les choses peuvent devenir très... amusantes, » murmura-t-il d'un ton suggestif, ses yeux brillants d'une lueur obscène. Il s'avança un peu plus près, et Emma sentit un frisson d'angoisse la traverser.

« Je ne suis pas intéressée, » riposta-t-elle, essayant de faire preuve de courage. Mais son regard s'intensifia, et elle se rendit compte que ses mots n'avaient eu aucun impact sur lui.

« Allons, ne sois pas si ennuyeuse. Je sais que tu pourrais apprécier un peu de divertissement, » insista-t-il, s'approchant d'elle de manière menaçante, comme un prédateur prêt à sauter sur sa proie. Emma recula instinctivement, cherchant à s'éloigner.

Juste au moment où la tension atteignait son paroxysme, la porte s'ouvrit avec fracas. Angelo fit son apparition, sa silhouette imposante se découpant dans l'embrasure de la porte. Ses yeux, d'un bleu perçant, balayèrent la pièce, et une atmosphère de pouvoir émanait de lui.

Tous les hommes, y compris l'agresseur d'Emma, se redressèrent et s'inclinèrent respectueusement devant lui. Emma ne put s'empêcher de ressentir un mélange de soulagement et de crainte en voyant Angelo entrer. Il était celui qui avait promis de la protéger, mais que ferait-il maintenant ?

L'homme qui l'avait harcelée ne put contenir un ricanement. « Regarde qui voilà, le grand chef, » lança-t-il d'un ton désinvolte. « Tu es en retard, Angelo. La petite était sur le point de s'amuser. »

Angelo fixa l'homme, ses yeux sombres se remplissant de colère. « Tu sais que ce n'est pas la façon de traiter une invitée, » dit-il d'une voix basse et menaçante. Un silence lourd s'installa alors que l'homme comprenait qu'il avait franchi une limite.

Avant qu'il n'ait pu réagir, Angelo s'avança d'un pas rapide, le saisissant par le col et le poussant contre le mur. « Tu veux jouer avec elle ? Essaye encore, et je te ferai regretter de t'en être pris à elle. »

L'homme, pris au dépourvu, blêmit sous le regard glacial d'Angelo. Les autres hommes observaient, nerveux, conscients que leur chef ne plaisantait pas. Emma, quant à elle, se sentit étrangement protégée.

Angelo se tourna ensuite vers elle, ses traits se radoucissant légèrement. « Tu peux me faire confiance, Emma. Je ne te laisserai pas tomber, » affirma-t-il, sa voix empreinte d'une promesse sincère.

Les mots d'Angelo, teintés d'une autorité rassurante, firent naître un sentiment de sécurité en elle. Elle réalisa que, malgré le danger omniprésent, elle avait quelqu'un qui se tenait entre elle et la menace, prêt à la défendre.

L'homme que Angelo tenait fermement ne pouvait que se sentir humilié, et il détourna le regard, incapable de soutenir la confrontation. « J'ai compris, » murmura-t-il, sa bravade s'évanouissant sous l'emprise d'Angelo.

« Sors d'ici, et ne t'approche plus d'elle, » ordonna Angelo, sa voix résonnant comme un coup de tonnerre. L'homme acquiesça, sa posture soumise trahissant la peur qu'il ressentait.

Emma regarda l'homme s'éloigner, et lorsqu'Angelo la relâcha enfin, elle ressentit un mélange d'étonnement et de gratitude. Angelo se tenait là, protecteur et imposant, lui montrant qu'elle pouvait compter sur lui, même dans ce monde incertain.