Mio Angelo

Chapitre 13

La scène se déroulait sous ses yeux comme un cauchemar. Le bruit des tirs, les éclats de lumière des armes à feu, les cris étouffés dans la nuit... Emma se recroquevilla à l'intérieur de la voiture, son cœur battant à tout rompre. Angelo, calme et impitoyable, descendait un à un les hommes qui s'approchaient, son visage resté froid et impassible malgré le carnage qui l'entourait. Il bougeait avec une précision chirurgicale, comme un prédateur qui n'avait jamais failli.

Emma essayait de se convaincre qu'il faisait ça pour la protéger, mais un doute profond s'infiltrait en elle. La façon dont il avait abattu ces hommes... c'était bien plus que de la simple protection. Il semblait presque détaché de la violence qui se déroulait autour de lui, comme s'il s'agissait d'un acte banal, une routine.

À l'avant de la voiture, Damiano, bien que blessé, réussit à sortir et s'adossa à la portière, une main sur son flanc ensanglanté. Il leva les yeux vers elle et lui lança un sourire forcé.

« Ça va aller, Emma, on va s'en sortir, je te le promets. Angelo sait ce qu'il fait. »

Mais Emma n'était plus sûre de vouloir croire à cette promesse. Les coups de feu s'estompaient peu à peu, ne laissant derrière eux qu'un silence pesant. Elle osa jeter un coup d'œil dehors, sa respiration toujours saccadée. Le sol était jonché de corps inanimés, et Angelo se tenait debout, seul survivant de cette confrontation. Il abaissa son arme lentement, son visage toujours aussi impassible.

Puis, sans un mot, il se dirigea vers la voiture. Quand leurs regards se croisèrent, Emma sentit un frisson glacé parcourir son échine. Il n'y avait plus rien d'angélique dans ses traits. Le contraste entre son apparence froide et l'effroyable violence qu'il avait déchaînée était suffocant.

Angelo ouvrit la portière et la fixa un long moment, sans dire un mot. Puis, d'une voix basse et rauque, il déclara simplement :

« C'est fini. Ils ne nous suivront plus. »

Ses mots résonnèrent comme un couperet. Emma se força à respirer, mais son esprit restait embrouillé par la scène qu'elle venait de vivre. Elle n'arrivait pas à détacher son regard d'Angelo. Elle comprenait désormais à quel point cet homme était dangereux, imprévisible. Son souffle se fit court, alors qu'elle réalisait qu'elle était sous la protection de quelqu'un capable d'une telle brutalité.

Damiano, à bout de souffle, se traîna jusqu'à eux.

« Angelo, on doit bouger... il n'y a pas de temps à perdre, ils pourraient envoyer des renforts. »

Angelo acquiesça d'un simple signe de tête. Il se pencha légèrement vers Emma, l'air toujours aussi impénétrable.

« Monte. On part. »

Emma hésita une fraction de seconde, mais elle savait qu'elle n'avait pas le choix. Malgré la peur qui la rongeait de l'intérieur, elle obéit. Elle sortit difficilement de la voiture, ses jambes tremblantes, et monta à l'arrière de la nouvelle voiture qu'Angelo avait réquisitionnée. Damiano prit place à l'avant, ses blessures visibles mais ignorées.

Le trajet se fit en silence, seulement rythmé par le bruit du moteur et les respirations tendues. Emma n'osait plus bouger, encore moins parler. La distance entre elle et Angelo, assis à l'avant, lui semblait à la fois trop proche et terriblement éloignée.

Finalement, après de longues minutes de route, ils arrivèrent devant un imposant bâtiment à la façade austère. C'était là que résidait Angelo, visiblement un refuge sécurisé pour le gang Noveli. À peine arrivés, Angelo descendit de la voiture et ouvrit la portière d'Emma. Elle sortit en évitant de croiser son regard, le cœur toujours lourd de peur et de confusion.